dimanche 30 octobre 2016

Oz : "Vinyl tracks"

Oz. Ce nom dira sans doute quelque chose à ceux qui ont vécu le métal des années 80. Ce groupe scandinave était alors un sérieux outsider dans le paysage musical assez restreint de l'époque, et la presse spécialisée les avait même surnommé "le Motörhead suédois".
Après une très longue pause, Oz s'est reformé vers 2011 et a publié un nouvel album ("Burning leather") composé à moitié de nouveau matériel et d'anciens titres réenregistrés. 
En 2016, "Burning leather" et "Vinyl tracks" sont les 2 seules possibilités d'écouter Oz sur sa platine si l'on ne possède pas les disques originaux, et que l'on ne souhaite pas débourser des sommes honteuses...
"Vinyl tracks" est donc une compilation de titres issus du premier album ("Heavy metal heroes / Hey you"), du troisième album ("Third warning"), du quatrième album ("Decibel storm") et de l'EP "Turn the cross upside down". Toutes ces chansons n'avaient auparavant jamais été éditées sur CD, d'où le titre de cette réalisation ("Vinyl tracks") et le fait que le deuxième album ("Fire in the brain") ainsi que le cinquième ("Roll the dice") aient été écartés, puisque déjà honorés par la fée numérique (mais pas disponibles pour autant).
Ce qui est curieux, c'est que la liste des titres n'est pas du tout chronologique puisque l'on démarre avec cinq extraits de "Decibel storm" (1986), suivis par cinq autres de "Heavy metal heroes / Hey you" (1982), puis encore cinq venant de "Third warning" (1984) et, enfin, "Turn the cross upside down" tiré de l'EP éponyme (1984). Il est vrai que "Heavy metal heroes / Hey you" présente une facette assez différente du reste et il aurait peut-être été trompeur de commencer l'écoute par ces titres-là... Composés par un guitariste unique remplacé par la suite, ils déploient un heavy rock sans grande originalité qui en appelle parfois à Rainbow (le riff de "Rather knight" calqué sur celui de "Stargazer") et peut même ponctuellement évoquer Téléphone ("Call from your eyes").
Deux ans plus tard, "Third warning" est une vraie révolution : ce manifeste dédié au speed metal ne laisse aucune répit. Les cinq extraits sont tous joués à un rythme frénétique, drivés par une paire de gratteux fous. La chanson-titre est une tuerie, un véritable avertissement musical et une pièce de choix du patrimoine métallique. "Samuraï" étonne avec son refrain inhabituel, "Runner" donne l'impression de courir un marathon, tandis que "Total metal", pelote de nerfs presque anti-mélodique, écrase tout sur son passage. Le chanteur Ape De Martini se veut une sorte de Bruce Dickinson violent et primitif : lyrique autant qu'agressif.
En comparaison de certains refrains spartiates de l'album "Third warning", la chanson "Turn the cross upside down" est un hymne, immédiatement mémorisable mais redoutable de puissance. L'ombre de Maiden et de certains groupes de la NWOBHM rôde autour de ce titre auquel la production d'époque, noyée de reverb, ne rend pas assez honneur.
L'album "Decibel storm" est rapide mais plus policé que son prédécesseur, avec des refrains soignés, de belles parties de twin guitars ("Firestarter", "Sound of speed"), des riffs puissants qui rappellent certains passages de "Piece of mind" (Iron Maiden encore) : écoutez "Where eagles dare" puis "Eyes of the stranger"... Ape De Martini ne se ménage pas et sa voix monte dans les aigus bien souvent. Tout fleure bon le métal efficace, alors pourquoi ce "Teenage rampage" un peu trop groovy et rock n' roll qui casse l'ambiance ? Mystère... Production à la hauteur pour ce disque enregistré en 1986. 

mardi 25 octobre 2016

Darkthrone : "The underground resistance"

L'album de 2013, la fusion de toutes les influences du groupe : un sommet.
Ce disque est en soit assez facile à décrire : six titres et, comme Darkthrone est un duo, égalité parfaite entre les deux membres maléfiques qui en signent et en chantent exactement trois chacun ! 
Les chansons de Nocturno Culto représentent la part fondatrice du groupe. Ce sont les plus proches de ses racines black metal, même si ce style n'est plus pur du tout puisque fortement mâtiné de heavy vicieux, et beaucoup moins linéaire qu'avant. Les structures sont très réfléchies : que dire d'un titre tel que "Come warfare, the entire doom" (plus de huit minutes) qui démarre sur un riff écrasant pour parvenir, après un savant parcours, à un motif speedé complexe mais atmosphérique (à la manière de certains passage d'Immortal sur les albums "Blizzard Beast" ou encore "At the heart of winter"). Et ces solis spectraux qui parsèment "Lesser man", à la dynamique assurée par des breaks façon early Metallica : le grand frisson... Finalement, le très efficace "Dead early" ouvrant les hostilités représenterait bien la partie la plus classique et sans surprise de cette entreprise. Et pourtant...
Passons maintenant à Fenriz qui concrétise ici tous ses rêves de speed / proto thrash / power metal du début des années 80. C'est un hommage, autant qu'une passion dévorante : on peut donc s'amuser à retrouver du Helloween des débuts sur "Valkyrie", du power metal et de la NWOBHM sur "The ones you left behind", du Celtic Frost et un superbe démarrage hystérique à la Judas Priest sur le pavé "Leave no cross unturned" (plus de 13 minutes). Fenriz propose un chant lyrique assez convaincant, tel que le pratiquaient les chanteurs de speed metal de l'époque : en voyant sa photographie sur la pochette, en compagnie d'un album d'Agent Steel, on comprend où il a puisé son inspiration. Bon, n'est pas John Cyriis qui veut, mais les petites maladresses et approximations dans les parties vocales participent au charme roots de Darkthrone, chez qui tout n'est jamais lisse.
Un superbe disque de métal, qui perpétue la tradition.