dimanche 31 juillet 2016

Last in Line : "Heavy crown"

Faire revivre les bonnes recettes du passé... Il n'y a pas que dans les produits culinaires du terroir qu'un tel credo existe. Demandez à Thin Lizzy ce qu'ils en pensent : entre Black Star Riders, Dead Lords, Black Trip (voire '77 et Audrey Horne, dans une moindre mesure, le temps d'une chanson) le choix des héritiers est vaste. Questionnez aussi AC/DC : Airbourne, '77 (encore) ou Black Aces n'attendent que ça pour expliquer leurs influences ! On pense également à Mercyful Fate, à travers ces formations copie carbone nommées Attic, Portrait, In Solitude ou bien sûr Denner/Shermann. Petit clin d’œil à Iron Maiden : Black Trip (premier album "Goin' under") et Audrey Horne (certains titres de "Pure Heavy") s'occupent de vous. Enfin, Exciter dont l'ombre plane bas sur les débuts du groupe suédois Enforcer, et les regrettés Motörhead sans qui Nitrogods n'existerait vraiment pas. La liste n'est pas exhaustive.
Alors, il ne manquait plus que Dio : invité tardif mais bel et bien représenté depuis 2016 à ce banquet de riffs new old stock. Ici, le véhicule s'appelle Last in Line ; mais attention : ce groupe a toute légitimité pour tenter de capturer l'essence d'albums mythiques tels que "Holy diver" ou "Last in line" (justement) puisqu'il est composé des trois quarts du line up qui leur a donné vie ! Étonnant, n'est-ce pas ? Mais alors, le chanteur ? Eh bien, c'est un jeune inconnu du nom d'Andrew Freeman qui a accepté l'un des postes les plus glissants et embarrassants du heavy metal. Mais les membres de Last in Line ont bien joué car Andrew, s'il sait se faire lyrique, puissant et agressif, n'est pas une doublure vocale de Ronnie James, et il ne chante pas non plus des histoires de dragons. Qu'à cela ne tienne : quelques secondes de musique et la production mate qui caractérisait les disques de Dio est bel et bien présente, de même que quelques tics qui ne trompent pas au niveau des riffs. On continue l'écoute et c'est alors que l'expérience prend une tournure troublante : nous sommes en 2016, Ronnie est mort il y a 6 ans et ce "Heavy crown" pourrait bien être son nouvel album... Non, décidément non, ce n'est pas sa voix... Mais "Devil in me" qui ouvre l'album en appelle tellement à "Last in line" (la chanson). Et puis, il y a aussi "Martyr" et "I am revolution", deux brûlots façon fils cachés de "Stand up and shout" et "We rock". Et que dire de ces structures rampantes, incroyablement heavy ("Starmaker", "Burn the house down", "Blame it on me"), envoûtantes ("Orange glow"), audacieuses (la construction de "Heavy crown", le morceau-titre). Certains refrains se fixent tout de suite ("Starmaker", "Burn the house down", "Heavy crown"), comme à la grande époque.
Pourtant, ne rêvons pas : "Heavy crown" (l'album) ne se hisse pas aux niveaux exceptionnels de "Holy diver" et "Last in line" évoqués plus haut. Mais il se mesure à l'aune d'œuvres moins référentielles telles que "Sacred heart" ou "Dream evil" (sans les claviers parfois un peu encombrants d'antan) ce qui est déjà prometteur. Hélas, le décès du bassiste historique Jimmy Bain, survenu peu avant la sortie de ce disque, compromet sérieusement l'avenir de Last in Line...


mardi 26 juillet 2016

Vardis "Red eye", en vacances dans les Cévennes

Vardis, groupe vétéran et peu connu de la N.W.O.B.H.M (New Wave Of British Heavy Metal), est ressuscité il y a peu après un long, long hiatus... Lorsque l'on parle de cette étiquette N.W.O.B.H.M à son sujet, c'est surtout à une période (les années 80) et une origine (l'Angleterre) que l'on rattache Vardis, parce que - il faut être honnête - de heavy métal il n'est pas vraiment question ici. Le propos de ce groupe, certes très électrique, lorgne plutôt du côté d'un boogie rock énergique qui rappelle Status Quo, ou même ZZ Top grâce à cette manie assassine qu'a le chanteur - guitariste Steve Zodiac de faire jaillir de sa Télécaster (tiens, tiens...) des harmoniques sifflantes pendant les solis (hum, presque tous) ou les riffs ("I need you now", par exemple).
Pour revenir à la N.W.O.B.H.M, il est d'ailleurs très instructif de rechercher d'anciens morceaux de Vardis sur YouTube, car tous les plus obscurs outsiders de cette fameuse "nouvelle vague" sont alors suggérés par paquets de dix ! Étonnant voyage dans les arcanes de la musique...
Mais revenons à ce "Red eye" millésime 2016. Pas très bien accueilli dans la presse spécialisée, voilà un album simple voire simpliste. Certains riffs puisent tellement dans les bases du rock n' roll qu'il n'y a même plus de riff du tout ("Back to school"). D'un autre côté, un titre comme "Paranoia strikes" imprime tout de suite : répétitif, énergique, entêtant. Il y en a plein d'autres comme ça. On peut aussi apprécier tout simplement le son gras et roots de l'ensemble du disque, ou encore le délicieux bottleneck de "Hold me", ou aussi la dimension légèrement héroïque de "Jolly Roger". Mais il ne faut pas trop chercher les gimmicks ou l'aventure en dehors des sentiers battus, parce que de tout ça il n'y a point. On est jamais bien loin de la jam session...
Ma note ? Huit sur dix, car ce disque est attachant. On y revient, on y revient...
Une musique pour les longs voyages, les vieilles pierres et les paysages sauvages. J'ai testé.



mardi 19 juillet 2016

The Outlaws : "Bring it back alive"

The Outlaws est un groupe de country rock (on dira aussi rock sudiste) dont les guitaristes se sont fait surnommer la "guitar army" parce qu'ils ont la particularité, comme Lynyrd Skynyrd, d'être trois (mais on aurait tout aussi bien pu parler de "drum connection" puisqu'il y a aussi deux batteurs).
Placer un post sur "Bring it back alive" juste après celui consacré aux deux premiers albums live ébouriffants de Ted Nugent n'est pas forcément chose facile. Si "Double live Gonzo !"  et "Intensities in ten cities" restituent sur rondelle la folie des concerts d'oncle Ted, avec ce son gras et épais, le disque live de The Outlaws marque le pas du fait d'une production faiblarde, pas plus épaisse qu'une feuille de papier. Trois guitaristes et deux batteurs dites-vous ? Eh bien, c'est parfois un peu difficile à entendre... Certes, tout le travail harmonique est là et c'est franchement du beau boulot. Par contre, la puissance n'est pas trop mise en valeur. Trois guitares cela devait pourtant générer un sacré punch...
Mais attention : malgré ces réserves, ce double album live datant de 1978 vaut la peine que l'on s'y attarde. Il est attachant, sans aucun doute, et il faut bien comprendre que ni les racines ni les intentions de The Outlaws ne sont les mêmes que celles d'un Ted Nugent très énervé. Il demandera par contre un peu d'investissement de la part de l'auditeur, certains titres ne se livrant pas si facilement que ça.
On passe sur une intro électronique instrumentale plutôt surprenante et décalée, pour parvenir à une belle triplette ("Stick around for rock & roll", "Lover boy", "There goes another love song") avec laquelle la carte de l'intensité rock est abattue avec succès mais aussi subtilité, chacun de ces titres ne fonctionnant surtout pas comme un "tout à fond tout le temps" ; au contraire, les structures qui les portent sont variées et progressives. Un bon démarrage de concert, donc.
Avec "Freeborn man", les racines country du groupe explosent davantage que sur les trois titres précédents, mais toujours dans un contexte rock.
Ensuite, avec la ballade contemplative "Prisoner", puis "I hope you don't mind", "Song for you" et "Cold and lonesome", on rentre dans une phase plus calme. Grosse baisse de pression sur ces chansons lorgnant entre la country, la folk et quelque chose qui évoque un peu le rock californien très cool ("Song for you", "Cold and lonesome") ou même quelques plans funky assaisonnés de lignes de basse disco ("I hope you don't mind"). Ce sont bien sûr des touches subtiles, comme ces breaks aux belles harmonies vocales sur "Cold and lonesome" qui rappellent une chorale gospel, et servent de tremplin pour des soli de guitare correctement envoyés. 
On avance dans le show avec "Holiday" et ses belles guitares à la tierce en introduction. Là encore, rock cool dans une veine Beach Boys, avec un refrain particulièrement mémorisable qui incite à la douceur de vivre. 
Encore des guitares jumelles (ou triplées) qui saluent le magnifique "Hurry sundown", l'une des perles du disque toute en fluidité, nostalgie et évidence, tandis que l'on sent que l'intensité du concert remonte petit à petit.
Et maintenant, place au grand final, le "Stairway to heaven" du groupe : "Green grass and high tides". Dix minutes en version studio ; près de vingt et une minutes sur ce disque live ! Et pourtant, on ne s'ennuie pas, tellement cette musique est épique, porteuse et coulant de source. Après une interprétation fidèle mais rallongée de ce grand classique du rock sudiste qui n'a pas à rougir face à "Sweet home Alabama", les onze dernières minutes sont bien sûr prétexte à des soli variés (guitares, batteries) et autres jams sur un rythme endiablé. The Outlaws nous met la fièvre, tout simplement, et parvient donc, un peu tardivement sur cette heure et quart de concert, à retranscrire vraiment la sueur et les émotions fortes sur bande. Comme quoi...

dimanche 3 juillet 2016

Ted Nugent : 2 albums live pour les maniaques

"Double Live Gonzo !" et "Intensities in ten cities", parus respectivement en 1978 et en 1981, sont deux albums live totalement éruptifs, pour les maniaques de la guitare électrique en fusion. Il est vrai que Ted Nugent était considéré à l'époque comme l’archétype du guitar hero, doublé d'un véritable sauvage, et cela s'entend.
Le fond est le même, mais l'esprit de ces disques est un peu différent : "Double Live Gonzo !" se laisse aller dans les jams, la fièvre, le larsen et les discours enflammés ; "Intensities in ten cities" est tout aussi heavy mais beaucoup plus compact (ne serait-ce que la durée très raisonnable de chaque morceau). Tous deux sont le fruit d'enregistrements différents, dans des sites différents, mais sur une même tournée : on ramène des kilomètres de bandes et on en extrait le meilleur. Cela ne se fait plus trop de nos jours...
Dans l'histoire des albums live excessifs, ils font figure de pierres angulaires et rejoignent au panthéon les déflagrations soniques que sont "Kick out the jams", "No sleep 'til Hammersmith", "Band of gypsys" et d'autres encore.
Pour plus de précisions, je laisse la parole à "D'head Banger Magazine" qui avait sélectionné ces deux pépites en 1990 dans les 100 meilleurs albums du hard !