lundi 31 juillet 2017

Black Trip : "Goin' under"

Revival ou démarche de musiciens classiques qui étudient à en devenir formatés les sonates des génies qui les ont précédé dans le temps ?
Toujours est-il qu'avec leurs incessantes attaques de guitares jumelles et un son venu d'un autre temps, les Black Trip payent leur tribut aux grands anciens du métal. 
On trouvera bien sûr Thin Lizzy en ligne de mire : "Goin' under", le morceau-titre, pour lequel la progression d'accords sur les couplets ne laisse aucun doute (en sus des twin guitars, of course).
Mais c'est surtout Iron Maiden qui constitue l'influence majeure de ce disque. Et pas n'importe quel Maiden : celui, ultra culte, des deux premiers albums avec Paul Di'Anno (ces gens ont vraiment du goût, il n'y a pas à dire). 
L'attaque introductive frontale de pièces telles que "Radar" ou encore "The bells" ne trompe pas longtemps : il y a un peu de "Wrathchild" là-dessous... "Thirst" a des airs de "Remember tomorrow", de même que la partie néo classique qui ouvre "No tomorrow" peut renvoyer à celle qui orne le célèbre instrumental "Gengis Kahn".
Chacun pourra trouver ses propres exemples et références tout au long de ce "Goin' under" court (35 minutes) mais sympathique (on pourra même éventuellement faire un clin d’œil au "Mirror mirror" de Candlemass grâce au riffing de "Tvar Dabla").
Le son de la guitare lead est si bien calibré que l'on croirait entendre Dave Murray ou Adrian Smith poser un solo par ci par là... Il manquera juste la force de composition de Maiden, la basse vrombissante de Harris et surtout l'énergie vocale de Di'Anno, tout cela faisant que ce hard rock-là prenait vraiment aux tripes, ce qui est un peu moins le cas ici. 
Un chouette moment vintage, pochette incluse.

vendredi 28 juillet 2017

Witchfinder General : "Death penalty"


Witchfinder General, groupe culte, et "Death penalty" trésor de la New Wave of British Heavy Metal (N.W.O.B.H.M). Trésor, peut-être, mais bien enfoui car, avouez-le, on n'en parle quand même pas beaucoup, ni de cet album ni de ce groupe. On n'en parle peu, mais on les aperçoit parfois sur les T shirts de certains héros du métal : James Hetfield (Metallica), Samy Hinninen (chanteur / bassiste de feu Reverend Bizarre, d'ailleurs plus connu sous le pseudonyme hommage de "Sir Albert Witchfinder").
J'aurais beaucoup apprécié que Bruno Bages, le grand spécialiste ès doom du mensuel Rock Hard dans les années 2000, ait chroniqué ce "Death penalty" mais ça n'a pas vraiment été le cas. Dans la "Metalthèque idéale" consacrée au genre, l'album apparaît seulement sur la liste des outsiders mais ne fait pas partie des 25 "happy few". Heureusement, il y a le "Dossier doom volume 1" et, coincé entre Internal Void et Solstice, on peut lire ce tout petit filet : "Le classic doom n'est pas la chasse gardée des Américains. En Angleterre, certains nostalgiques se souviennent de Witchfinder General et de ses deux albums, "Death Penalty" et "Friends of hell". Toute une époque ! Riffs de cimetière mais clichés par trop prévisibles." C'est vraiment histoire d'en parler...
Il est vrai que ce groupe a vraiment très bien étudié son petit Black Sabbath illustré. Les riffs ne sont pas vraiment plagiaires (quoique les quelques mesures en arpèges de "Death penalty" sont si proches de "Snowblind" que c'en est troublant) mais se situent totalement "dans l'esprit" et avec le son de guitare approprié ; de même que la voix du chanteur Zeeb Parkes possède la même gouaille haut perchée qu'un certain Ozzy Osbourne... Même les formats des chansons ne sont pas le fruit du hasard : par exemple, "No stayer" ou "Invisible hate" utilisent le tempo heavy d'un "Sweet leaf" ou d'un "N.I.B", "Death penalty" ferait plutôt dans le down beat genre "Snowblind" alors que "Free country" accélère le rythme à la manière de  "Paranoid"... 
Plus curieux sur ce court album (7 chansons, 30 minutes) sont les thèmes abordés : le triptyque "sexe, rock n' roll et alcool" sur "Invisible hate", la drogue sur "Free country" (Black Sabbath l'a déjà fait avec "Sweet leaf"), le débat réfléchi sur la peine de mort avec "Death penalty", les aventures sexuelles et sans lendemain du samedi soir ("No stayer")... Passé toute cette partie à dominante sociologique, on change complètement de sujet avec "Witchfinder general", "Burning a sinner" et "R.I.P" (chasse aux sorcières pour les deux premières et déterreurs de cadavres pour la dernière). A croire que le groupe a un peu de mal à se situer sur un créneau précis...
Il ne faut pas s'attendre à un miracle avec ce disque mais à un bon moment de heavy doom à l'ancienne. La pièce de choix est définitivement "Witchfinder General" : riffing et construction parfaits, le tout saupoudré d'une ambiance sombre à couper au couteau. Un titre exceptionnel qui peut justifier à lui seul l'achat de ce disque, d'autant qu'il contient l'un des rares passages de cet opus sur lequel le groupe se laisse aller dans les délices de la vraie lenteur malsaine (il y a aussi les couplets de "Death penalty" qui peuvent faire l'affaire).
D'autres passages resteront définitivement dans la tête, comme le refrain évident de "Burning a sinner", le "Let's trip on LSD" de "Free country" ou le fameux "Give me beer" (d'ailleurs balancé sur un excellent riff de transition, très pesant) dans "Invisible hate" !
On pourra toujours réécouter le tout en scrutant les exceptionnelles photographies qui ornent la pochette : à n'en point douter, le trait de génie du groupe (de même que son patronyme et l'utilisation du lettrage gothique). L'iconographie de Witchfinder General a sans aucun doute marqué à jamais toute une génération.



mercredi 19 juillet 2017

The Almighty : "Crank"

Une petite révolution que cet album paru en octobre 1994... Le dessin anarchiste anticapitaliste avec son pointillisme et sa définition moyenne façon vieux comic book. Le lettrage du logo et du titre avec ses lettres irrégulières comme découpées sur la une d'un quotidien (on a déjà vu ça sur une pochette d'un certain groupe anglais qui a embrasé l'année 1977, n'est-ce pas ?)... 
Virage punk donc, mais petite révolution seulement, attendu que The Almighty (dont "Crank" est quand même le quatrième album) a toujours flirté avec ce genre.
"Crank" : un disque volontairement concis (40 minutes seulement) et "tout à fond". Des tempi souvent soutenus voire carrément rapides (les brûlots "Crank & deceit" et "Cheat"), ou alors franchement écrasants ("Wrench", "Way beyond belief"). Les détracteurs du groupe diront que les refrains sont bâclés : c'est indéniable que sur  "Crank & deceit", "Cheat" et surtout "Move right in" on a affaire à du primitif "dans ta face" (c'est aussi ça le punk rock). Mais "The unreal thing", "Jonestown mind" ou encore "United States of apathy" feront taire les mauvaises langues : du grand art alliant bel effort de composition et efficacité décapante.
Sur "Crackdown", on retrouve même une part du côté héroïque cher au groupe, tandis que "Way beyond belief" sonne un peu "post punk" par moments. Bref, tout cela pour conclure que "Crank" est un disque certes brut, mais aussi réfléchi.
On pourra donc le ranger aux côtés de toutes ces productions qui ont vu certains combos aller jusqu'au bout de leur art (quelques exemples : Slayer avec "Reign in blood", Marduk avec "Panzer division Marduk" et même Motörhead avec "Sacrifice", sorti d'ailleurs quelques mois après Crank.

jeudi 13 juillet 2017

The Lamp Of Thoth: "Portents, Omens & Doom"


Album difficile à dégoter, un peu comme toutes les publications sorties dans les années 2000 sur le très bon label anglais "The Miskatonic Foundation", spécialisé dans le heavy / doom et qui semble bien inactif depuis pas mal d'années.
Alors profitons de cette mise en ligne "full album" sur YouTube : sacrée aubaine pour se repaître de ce métal artisanal et grassouillet nourri à Black Sabbath ou encore Pagan Altar.
Une certaine naïveté peut-être, mais refaites-moi des "I love the lamp" (le titre d'ouverture) par paquets de dix : c'est simplement géant !
Quant à moi, je m'en vais ressortir de ce pas mes CD's Miskatonic...

mercredi 12 juillet 2017

The Almighty : "Soul destruction"

En 1991, tandis que les Guns n' Roses vivent un rêve éveillé au pays du succès, on s'aperçoit que le public a vraiment besoin d'albums de hard rock virile et urgent. Et ça tombe bien : il y a notamment The Almighty pour étancher sa soif...
A cette époque, pas une seule émission consacrée au heavy sans que l'on aperçoive Ricky Warwick et sa bande écumer les festivals, guitares Gibson Les Paul Custom en avant et forte envie d'en découdre. Un groupe qui plaque des riffs à la croisée des chemins d'Aerosmith, AC / DC, Rose Tattoo, les Sex Pistols ou encore Motörhead (pour cette dernière influence, écoutez l'introductif "Crucify" et sa double grosse caisse trépidante à la "Overkill", puis savourez tous ces refrains jetés en pâture sur l'ensemble du disque : imparables recettes, il est vrai). 
Le pire c'est que même lorsque les boys sortent les guitares acoustiques, les arpèges en son clair ou même l'harmonica, ils arrivent à être vindicatifs ! C'est le cas sur les power ballades ("Bandaged knees" et "Little lost sometimes") ou encore le temps d'une intro bluesy à souhait ("Devil's toy", "What more do you want", "Hell to pay").
Et puis, il y a aussi l'Ecosse natale des membres de ce combo, une provenance qui confère à certains riffs une puissance bien héroïque (les géniales premières mesures de "Free n' easy", répétées à l'envie, l'intro de 'Praying to the red light", le refrain martelant de "Love religion"...).
Sur l'impitoyable "Loaded", qui ferme le bal, ce sont les racines punk qui sont transcendées, préfigurant ainsi la radicalisation opérée deux albums plus tard sur "Crank".
Avec sa belle pochette digne d'un salon de tatouages, ce "Soul destruction" n'a juste pas pris une ride, et rien n'interdit aussi d'aller re-regarder sur YouTube, pour le plaisir, la démarche de guerrier de Ricky Warwick sur les concerts de l'époque (ça en dit long).
Pour preuve de son côté "référentiel", l'album a été réédité en version Deluxe avec un CD bonus composé de versions edit (dispensables), la reprise de "Bodies" des Pistols, une version acoustique ("Hell to pay") et d'autres titres live ou inédits provenant sans doute de faces B de singles. 

dimanche 9 juillet 2017

Rory Gallagher : "Irish Tour ' 74"

"Irish Tour '74"...
Ceux qui sont tombés amoureux de cet initialement double vinyle live ont souvent une anecdote à raconter pour relater leur rencontre. Comme cet internaute qui, sur le site Amazon.fr, se rappelle de son service militaire difficile dans l'est de la France, uniquement égayé par les albums de blues et de rock que quelques compagnons d'infortune insoumis parviennent à faire rentrer dans la caserne. Dont celui-ci...
J'aurais aimé découvrir ce disque plus tôt et le disséquer avec des potes, mais les circonstances et les méandres de mon parcours musical en ont décidé autrement... Peu importe finalement, puisque la rencontre a bien eu lieu, en février 2014 pour être précis. 
En vacances à la montagne, en Auvergne, j'avais emporté une guitare électrique, un ordinateur portable et quelques exemplaires récents du journal Guitar Part, histoire de travailler avec les DVD inclus et les tablatures de l'espace Pedago. C'était sans compter avec le numéro 240, fraîchement sorti et acheté dans une Maison de la presse de La Bourboule. Au sommaire, entre autres, une inoubliable étude de style consacrée à Rory Gallagher et concoctée par l'excellent Max-Pol Delvaux, l'un de mes profs préférés de Guitar Part. Je m'y mets de ce pas et je sens déjà la magie opérer à travers ces riffs gavés de blues et d'énergie : slides, bends, harmoniques, tourneries et utilisation non académique du pouce sont au programme ; sans compter le son unique du Vox AC30 que Max-Pol utilise bien évidemment. Je ne suis qu'au début de ma semaine de vacances et je n'aime pas skier, aussi je prends la voiture dès le lendemain, direction la grande ville du coin : Clermont Ferrand. Objectif atteint en une heure et, à une extrémité de la longue Place de Jaude, la FNAC me tend les bras. Je décide d'acheter deux albums live, histoire de balayer le plus de carrière possible du maître irlandais : "Stage struck" et "Irish Tour '74". De retour au centre de vacances, je commence par écouter "Stage struck" qui relate la période 1979-1980 de Rory, plus hard, et je me prends déjà une belle baffe. Mais c'est "Irish Tour '74", écouté dans un deuxième temps donc, qui déclenchera l'addiction définitive.
Fiévreux, urgent, nourri de la saturation rauque du Vox, c'est un peu l'album live idéal : un montage / collage de prises en concert capturées à Cork les 3 et 5 janvier 1974, complétées par la session du 4 janvier (répétition sans public qui a généré "Back on my stompin' ground", "Just a little bit" et les quelques secondes finales de "Maritime", un instrumental style surf music non crédité ici). Les titres interprétés ces jours-là mais qui auraient fait double emploi avec le "Live! In Europe" de 1972 ("Messin' with the kid", "Laudromat", "Pistol slapper blues", "In your town", "Going to my hometown") ont été malheureusement écartés. De même, "As the crow flies" reste le seul survivant de la partie acoustique. Il faudra attendre 2014 et le coffret "Irish Tour '74" pour pouvoir écouter le set complet de Cork (y compris les titres "In session" et les shows de Dublin et Belfast) et s'apercevoir notamment que les curieuses premières mesures de "Too much alcohol" étaient en fait la fin de "Hands off" ! 
La première partie du disque, de "Cradle rock" à "As the crow flies" est vraiment sublime : on navigue entre rock n' roll inspiré ("Cradle rock", "Tattoo'd lady") et blues incendiaire ("I wonder who" et "Too much alcohol"). Mention spéciale pour les deux dernières chansons citées : je pense que je ne m'en lasserai jamais... "As the crow flies" est une belle respiration : guitare acoustique, harmonica, cordes qui grincent... Quel feeling !
La deuxième partie, de "A million miles away" à "Just a little bit" est légèrement différente : des titres souvent plus longs, parfois folky ("A million miles away"), parfois assez heavy, préfigurant ainsi ce que Rory proposera plus tard dans sa discographie("Walk on hot coals", "Who's that coming ?").