samedi 7 novembre 2015

W.A.S.P : "Golgotha" review (au square de la Butte-du-Chapeau-Rouge - Paris 19ème)

Le square (ou parc, selon les entrées) de la Butte-du-Chapeau-Rouge est, comme son nom l'indique, un lieu qui monte... Association logique avec la colline du Golgotha dont le dernier W.A.S.P porte le nom !
Attention : ce square est un endroit plutôt méconnu ! Situé au nord-est de Paris, aux confins du 19ème arrondissement, il marque quasiment la limite entre la capitale et la commune du Pré-Saint-Gervais. Entre les 2 : un boulevard avec une ligne de tramway, ainsi que l'horrible périphérique. 
Étrange coïncidence : W.A.S.P était un groupe plutôt ignoré par votre serviteur avant la découverte de ce très bon album millésime 2015 ! Précédemment à cette belle rencontre, un malheureux exemplaire de "The headless chidren" dormait sur son étagère (nouvelle rassurante : il a été récemment dépoussiéré, écouté avec soin et... réhabilité).
Une chose est sûre : la production de ce disque est un modèle du genre. Chromée, rutilante, elle met les compositions en valeur puissance 10. Le son respire (pas de vilaine compression exagérée) : on peut écouter "Golgotha" en voiture, c'est dire !
Avec ses nombreux détails néo-classiques, le square de la Butte-du-Chapeau-Rouge est lui aussi délicieusement customisé. Je dis "néo-classique" en pensant aux statues, mais cet escalier monumental couvert, au cœur même du jardin (non, ce n'est pas une entrée donnant sur la rue), me ramène plutôt à une architecture communiste totalitaire !
La vue est belle et solennelle, en amont de la statue emblématique de ce square ! Quant aux 3 chansons qui introduisent l'album ("Sream", "Last runaway" et "Shotgun"), elles sortent du même moule : punchy et éclatant. D'ailleurs, elles sont quasiment enchaînées les unes aux autres, pour une efficacité maximale ! Les riffs d'intro de "Scream" (héroïque) et de "Shotgun" (il y a du "For those about to rock" dans celui-ci), l'urgence, les refrains à ancrage immédiat : tout cela est remarquable.
La statue évoquée plus haut (qui représente "Ève") est en fait le point culminant d'une fontaine monumentale. Devant celle-ci, j'écoute "Slaves of the new world order". Démarrant par de timides arpèges (une relative habitude sur cet opus), le heavy est rapidement de sortie, via une entrée en matière saccadée. Le refrain est géant, et la structure de la chanson particulièrement élaborée : nul doute que le final up-tempo et ses "Hé! Hé!" fédérera la foule lors des concert ! Tout aussi efficace, mais plus compact : "Hero of the world". De toutes les manières, chaque titre, même le plus faible ("Fallen under", sans surprise) est porté par l'empreinte vocale unique de Blackie Lawless, au timbre chevrotant, profond et éraillé, qui s'accorde à merveille avec les guitares saturées.
De retour devant l'escalier et son porche façon Allemagne de l'Est / Corée du Nord, tandis que défile "Golgotha" (la chanson). Cette pièce musicale, cousine pas si éloignée que ça du "Show must go on" de Queen, distille la grandiloquence qu'il faut devant cette curieuse architecture aux teintes brun / rouge, un peu trop monumentale... Au passage, saluons la performance du guitariste Douglas Blair, qui aura habillé tous les titres de solis remarquables, qui passent parfois le cap des 2 minutes et sans ennui !
Dans un petit recoin du square, se trouve une aire de jeux et cette statue nommée "Deux femmes et un enfant". C'est là que j'écoute la ballade "Miss you" (Doug Blair, remarquable en solo sur cette pièce grave et triste).
Sortie côté tramway et fontaine, non loin de l'hôpital Robert Debré... Je m'éloigne au son du "Eyes of my maker", morceau mid-tempo, mais aussi mi-ballade / mi-heavy (à une extrémité du square qui est mi-nature / mi-urbaine).

dimanche 1 novembre 2015

Kadavar "Berlin" review : ballade dans le quartier de la place Rhin et Danube (Paris - 19ème arrondissement)

Pour arriver place Rhin et Danube, je remonte la rue David d'Angers et je passe devant le curieux mat de la piscine Georges Hermant (un dispositif qui sert à découvrir le bassin aux beaux jours).
Par curiosité, j'observe à travers la baie vitrée la fosse de plongée. Pendant ce temps, le dernier album des allemands de Kadavar défile dans mes oreilles (groupe allemand = quartier de la place Rhin et Danube = logique n'est-ce pas ?).
Première constatation au débouché de la rue David d'Angers : cette place Rhin et Danube est toujours aussi mignonne et à l'écart de la cohue de la capitale. C'est ce qui fait son charme ! En ce qui concerne Kadavar, leur rock toujours seventies a légèrement évolué vers un format plus concis. Douze chansons sur un seul album : c'est une grande première pour les franco-allemands (le français Simon Bouteloup est désormais le bassiste officiel).
Je traverse peu à peu la place, et l'évident "Lord of the sky" ainsi que le plus lancinant "Last living dinosaur" me cueillent comme aux tout débuts du groupe. Par contre, en 4 minutes les deux propos sont ficelés et expédiés : on ne jamme plus vraiment sur ce disque.
Au métro Danube, à l'autre bout de la place, je remarque l'énergie simplissime et hard rock binaire de "Filthy illusion" de même que "Pale blue eyes", très psyché traditionnel, au cours duquel le chant suit scrupuleusement les riffs de guitare. On remarque quand même, depuis que la touche "play" a été activée, que les refrains sont mélodiquement très soignés et mis en avant (on y reviendra).
Métro Danube toujours, tandis que le dernier tiers du disque commence à s’égrainer. Mis à part l'assez tradi "Circles in my mind" (excellent refrain d'ailleurs), on rentre dans la partie la plus novatrice de l'album : "The old man" et ses couplets rappelant le "Eye of the tiger" de Survivor, le mélodique "Spanish wild rose" aux riffs et aux arpèges légers, le refrain très travaillé de "See the world...", celui connoté speed metal de "Into the night" ainsi que son final atmosphérique. Encore une fois le travail consenti sur les mélodies de ces morceaux est remarquable !
J'ai fini de traverser la place Rhin et Danube et je continue de remonter la rue David d'Angers vers le boulevard Serrurier. On appelle cet endroit le quartier d'Amérique. Il se distingue par ses villas : des voies pavées perpendiculaires aux axes de circulation, uniquement piétonnes et bordées de charmantes maisons. Nous sommes pourtant à Paris ! A l'entrée de la Villa du Danube, je savoure "Reich der Träume", une délicate reprise du Velvet qui tranche avec tout le reste. Guitares saturées absentes, arrangements stratosphériques : une fin inattendue qui permet à Kadavar de sortir de ses carcans, tout en restant délicieusement vintage.