mardi 15 juin 2021

Cain

Ce n'est pas étonnant que le culte et unique album de Cain se retrouve réédité sur Rise Above, le label de Lee Dorrian... En effet, Cain a bel et bien fait partie de ce bouillonnement musical qui a agité l'Angleterre fin 80's / début 90's : tout ces groupes qui ont poussé les notes dans leurs derniers retranchements, que ce soit en termes de vitesse (Napalm Death, Carcass...), de lenteur (Cathedral) ou de sonorités post apocalyptiques (Godflesh). 
Finalement, le seul défaut de Cain, celui qui l'a rapidement et malheureusement précipité dans l'abîme, c'est d'être arrivé légèrement après la bataille (parution de cet album éponyme en septembre 93). 
Il faut dire aussi que le groupe présente un extrémisme qui brouille pas mal les pistes : les quatre premiers titres proposent un doom mortifère, bien dans la mouvance des premiers pas de Cathedral, avec des riffs un peu moins élaborés, il faut quand même le signaler, et un côté un peu death à certains moments ("Screams of the reaper"). Ensuite, sur la face B, l'album bascule quasiment dans l'expérimental : "Masters of death" et son mantra bizarre, ainsi que le final "Lone wolf" sont des pièces bruitistes et inquiétantes, pour lesquelles il serait vain de faire un relevé de tablatures... Approche différente pour "Ultimate elevation", mais surprise de taille pour l'auditeur qui se retrouve soudain dans une sorte de danse tribale hypnotique, dont le rythme étrange rappelle un peu certains travaux de The Cure ("Splintered in her head", par exemple). Seules les 11 minutes de descente au tombeau de "Bleeding" créent un lien avec le doom très très lourd de la première face. Ajoutons à tout cela que, sur l'ensemble de l'oeuvre, Cain injecte ponctuellement une bonne dose d'effets, aussi bien sur les guitares (flanger et autres modulations étranges) que sur la voix (vocoder), ce qui contribue à placer également le groupe dans une veine indus.
Bref, un ADN assez tourmenté, qui aurait bien sûr mérité de croître, mais un album indispensable pour ceux qui ne veulent rien rater de cette scène anglaise qui a fait trembler le monde.