samedi 31 octobre 2020

Psychose : "Ta destruction"

Psychose fait partie de ces quelques groupes qui ont réussi à propulser le métal Français vers les années 90. Ils faut notamment se souvenir qu'ils ont fait partie de la "fameuse" compilation Metal Rock (volet "Thrash & speed"), aux côtés de pointures internationales (Annihilator, Coroner, Sepultura, Dark Angel...) et de compatriotes souvent en mutation (ADX et son album en anglais "Weird visions", Loudblast venant tout juste d'enregistrer "Disincarnate" à Tampa), n'hésitant pas à taper dans le power heavy classe (Anoxie), le death (No Return, Loudblast), voire le hardcore (Hoax)... Et donc Psychose, avec son titre "Apartheid", fièrement extrait de son premier album "Ta destruction" (1991).

Alors, qu'en est-il de cette bande de copains originaires d'un village de l'Ardèche ? Etaient-ils vraiment si "thrash & speed" que ça ? Ok, un poil de vitesse sur "Enfants martyrs"... Et en ce qui concerne l'aspect thrash, c'est clair qu'ils transcendaient souvent les limites strictes du heavy. Le "drive" d'un Metallica ou d'un Megadeth ("Au nom de dieu le père"), le groove d'un Anthrax et ses chœurs de hooligans ("Seul", "Ta destruction), les riffs tournoyants d'un Coroner ("Le voisin", "Ta destruction"). Egalement, de Metallica, les plages instrumentales lentes avec basse et arpèges (l'intro de "Le voisin", la transition centrale de "Au nom de dieu le père") ; de Megadeth, cette manière, à la "Hangar 18", de placer des micro solos de guitare entre les passages chantés (la fin de "Le voisin"). Mais avec le raisonnable "Horizons limités", on lorgnerait plus vers Maiden (de même que le long passage central instrumental de "Jérémy Clod" emprunte à Steve Harris au moins la structure de ses titres épiques). Au final, inutile de retenir toutes ces références, puisque la meilleure chose que l'on pourrait dire sur Psychose est qu'ils avaient vraiment leur personnalité propre : des riffs intelligents voire étonnants, des refrains modernes et inoubliables ("Seul", "Ta destruction", "Jérémy Clod", "Apartheid", "Enfants martyrs", "Horizons limités"), portés par un chant clair franc et sans fioritures. Ce qui n'empêchera pas le groupe de splitter peu après... Quel gâchis...

Grâce à cette réédition, on peut donc retrouver Psychose dont les membres, comme nous l'explique la bio fournie dans le livret, étaient passés en l'espace de quelques années du statut de grands débutants à un niveau carrément bluffant. L'album "Ta destruction" aurait bien pu se suffire à lui-même vu sa qualité, mais nous avons droit, pour prolonger l'expérience, à quelques bonus tracks : le single "Ni foi ni loi" et la démo "Le combat des chefs" avec le batteur Rémi Allibert au chant (ce qui donne un Psychose un plus roots, voire légèrement punk dans l'esprit) ; la démo "Liberté" marquant l'arrivée du vocaliste Nicolas Fréchet, sur laquelle on entend le groupe évoluer, se positionner (au passage, une version brute de "Jérémy Clod" mais dans laquelle tous les éléments sont bien en place).



 

lundi 19 octobre 2020

Throne of Iron : "Adventure one"

Le label No Remorse Records ne se cantonne pas à rééditer des chefs d'oeuvre rares et / ou oubliés du métal. Ils ont aussi leur propre écurie : par exemple, Throne of Iron, groupe originaire de l'Indiana, qui a sorti son "Adventure one" (premier album, forcément) en 2020.
Cet album de heavy métal épique, très inspiré par l'univers des jeux de rôles, plairait beaucoup à Fenriz (Darkthrone), tellement le son est naturel, pas compressé du tout (ou du moins très peu).
Après une courte narration, "A call to adventure" (le premier titre) débute pour de vrai par un beau riff solennel à la "Electric eye" (Judas Priest). Par la suite, au fur et à mesure des chansons, c'est davantage vers l'influence de groupes plus "confidentiels" (Manilla Road, Cirith Ungol...) que Throne of Iron semble s'être dirigé. A certains moments, lorsque les riffs se font plus linéaires ("Fourth battle of the ash plains"), on peut aussi penser à la musique très envoûtante d'un While Heaven Wept.
Si l'on s'éloigne rapidement de la sphère Judas Priest, c'est aussi parce que le chanteur / guitariste Tucker Thomasson est loin d'être un ténor du genre. Sa voix assez "limitée" (désolé...) est nimbée d'une reverb hall, souvent doublée, et mixée un peu en retrait, ce qui donne un côté incantatoire et très "dark" à la musique (on pense parfois à un vocaliste de black métal qui chanterait des passages en son clair). Curieusement, ce léger handicap confère à Throne of Iron un charme indéfinissable, mais certain. D'ailleurs, c'est lorsque le chant est proche de la sortie de route que la magie opère particulièrement bien : le refrain de "A call to adventure", le long et contrasté "Past the doors of death" (intro en arpèges classiques à la Bathory, belles harmonies tout du long), les couplets de "Allure of silver" (refrain très réussi)... 
On traverse les sept chansons comme une lettre à la poste, pour parvenir à "Wish", délicate et dépouillée outro instrumentale, qui évoque comme un travelling sur un champ de bataille déserté après les combats. Bon, les morceaux se ressemblent tous plus ou moins : il va falloir plusieurs écoutes pour bien les appréhender... Mais ce que l'on ressent tout de suite, c'est cette vibe old school qui fait vraiment du bien aux oreilles.





dimanche 11 octobre 2020

Hölöcäust : "Heavy metal mania - The singles"

Idée géniale : une compilation regroupant 4 maxi singles d'Holocaust (ou encore "Hölöcäust", pour reprendre ce clin d'oeil triomphant à Motörhead).
Holocaust est une légende, un groupe culte... Pour avoir publié du métal dès 1980, ils font partie de la très enviée NWOBHM (ils sont d'Edimbourg, capitale de l'Ecosse). Rappelez-vous de "The nightcomers" le premier album de 1981... Eh bien, deux EPs l'ont précédé ("Heavy metal mania" et "Smokin' valves"), un autre est sorti dans la foulée ("Live from the raw loud 'n' live tour"), et un quatrième l'année suivante ("Coming through"). Avec, à chaque fois, trois voire quatre titres, c'est tout ce matériel devenu rare que l'on retrouve ici.
Heureux possesseurs de "The nightcomers", rassurez-vous : cette compilation fait très rarement double emploi avec cet album fétiche. En fait, il n'y a guère que 3 titres en commun ; et encore, l'hymne "Heavy metal mania" est ici fourni dans sa version courte (sans le dialogue de guitares qui l'introduit longuement sur l'album), et "Death or glory" est en prise live de malade.
Pour le reste, on retrouve tout le charme très particulier de ce groupe, qui a su créer un pont entre le côté très carré du heavy et une approche primitive, simple et rock n' roll de la musique. Le chanteur, Gary Lettice, avec sa voix gouailleuse légèrement approximative, y est pour beaucoup dans l'empreinte un peu punk que laisse dans les oreilles l'écoute d'Holocaust (serait-ce le Johnny Rotten du heavy métal ?). En même temps, il y a deux guitaristes (sauf sur l'EP "Coming through") qui ne se privent pas de jouer, de temps à autres, au jeu des twin guitars (toutes proportions gardées : on n'est pas non plus chez Thin Lizzy).
Les chansons défilent, et c'est vrai que si l'on excepte "Heavy metal mania", il faudra plusieurs écoutes pour les apprivoiser : le groupe fournit du matériel assez urgent et n'est pas non plus le spécialiste du riff super original ou du refrain ciselé... On retient quand même très vite le simplissime "Love's power", les refrains de "Only as young as you feel", "Friend of foe" (belle intro), "Coming through" (un vrai bolide), "Don't wanna be a loser", "Good thing going". Quant aux titres en concert du EP "Live from the raw loud 'n' live tour", ils sont néandertaliens et sans pitié (des vrais "Raw power" du heavy) !
Pour finir, le livret est bien alimenté en informations, dates, textes des chansons, documents d'époque... Une fois de plus, les gars de No Remorse Records sont les princes des archivistes du métal, pour notre plus grand bonheur.