vendredi 4 janvier 2019

Deicide : "Overtures of blasphemy"

Vingt-huit ans après son premier méfait, que reste-t-il de Deicide ?
Un groupe toujours actif et un statut relativement préservé : Deicide demeure, en 2018, un des fleurons du death metal, et ce "Overtures of blasphemy" en est une preuve tangible. 
Le propos musical est resté concis : une moyenne de 3 minutes par morceau, avec une rythmique qui tient le choc tout du long, et finalement assez peu de variations internes. Comme avant, le groupe est capable de "speeder" à mort ("Crawled from the shadows", "Excommunicated", "Flesh, power, dominion"), mais aussi d'avoir un propos plus mid tempo ("Seal the tomb below", "Compliments of christ"...), voire heavy (l'introduction de "One with Satan"), voire carrément groovy ("All that is evil"). 
Les frères Hoffman appartiennent au passé depuis longtemps ; sur "Overtures of blasphemy", c'est la paire Kevin Quirion / Mark English qui officie aux guitares et apporte une vraie valeur ajoutée à cet ensemble. Beaucoup d'intensité, mais aussi une manière experte d'aborder les solis qui confère une touche presque néo-classique à la musique (les géniales premières mesures du titre "Anointed in blood", par exemple), ou tout simplement l'habille de manière fort attractive (les harmonies glaciales de "Seal the tomb below"). On remarque également que les riffs sont plus intelligibles et, souvent, plus linéaires que par le passé... Mais pour retrouver le maelstrom qui caractérisait la musique du groupe sur les tout premiers albums, on peut quand même faire confiance à quelques compositions : "Flesh, power, dominion" (sur certaines parties duquel il faut vraiment tendre l'oreille pour comprendre ce que jouent les guitares) ou encore les grosses cassures rythmiques de "Destined to blasphemy". 
Le sieur Glen Benton, lui, blasphème toujours autant dans ses textes, mais semble avoir tourné la page des provocations un peu caricaturales du temps de sa jeunesse folle. Sa voix est devenue magnifiquement caverneuse et ne nécessite, du coup,  plus aucun effet additionnel, ce qui est une bonne chose.
Ecouter un album de Deicide enregistré en 2018, c'est aussi faire table rase des productions du studio d'enregistrement Morrisound : un certain charme, certes, et toute une époque, mais une dynamique assez contestable. Ce qui n'est pas le cas de cette nouvelle cuvée, qui fait bénéficier l'auditeur d'une expérience death metal en technicolor.

mercredi 2 janvier 2019

Skull Pit

Skull Pit est né de la rencontre entre Mem V. Stein (chanteur du groupe allemand de thrash metal : Exumer) et Tatsu Mikami (bassiste du groupe japonais de doom metal : Church of Misery). D'abord liés sur les réseaux sociaux par la collection de disques de Mem (et l’intérêt que porte celui-ci à Church of Misery), les deux compères progressent dans leur amitié naissante et leurs passions communes, jusqu'à ce que Tatsu propose à Mem de collaborer sur des riffs qu'il a en stock et qui ne rentrent vraiment pas dans le cadre de Chuch of Misery...
Après quelques ajustements, Mem commence à poser des textes sur cette musique et à imaginer le concept. Épaules par le guitariste Taichi Futo (du groupe Cemment) et par un batteur de session, l'enregistrement se déroule sur deux sites : les Etats Unis (lieu de résidence de Mem) et le Japon. 
Nous tenons aujourd'hui le résultat entre nos mains : un petit album de métal à l'ancienne, qui louche fortement sur Motörhead et sur Venom. On pourrait d'ailleurs parler de speed metal, puisque la plupart des titres évoluent franchement dans la vitesse pure ("Roller", "Soul raiders", "Marauders", "Wolf spirit" et "All the lessons", la reprise de Rose Tattoo), ou alors on sent bien qu'une simple pichenette suffirait à les y faire tomber ("Double cross", "Fire breather", "Blood titan"). Pour la plupart de ces morceaux, on réalise rapidement que "Ace of spades", "Bomber", "Iron fist", "The hammer" ont bercé la jeunesse de Mem et de Tatsu. Mais comme la voix de Mem, claire et agressive, reste celle d'un vocaliste de thrash, on pense aussi à Venom ou même au Slayer des deux premiers albums (notamment sur ce "Fire breather" de malade). 
Comme il faut varier un peu le propos, "Year of the dog" se propose d'incarner le titre "calme" de la sélection, c'est à dire moins rapide que les autres et plus lourd.
Que reste-t-il de cet album après plusieurs écoutes ? D'abord, l'impression de passer un très bon moment musical, avec l'excitation d'avoir dégoté une sorte d'ovni oublié de la NWOBHM (la production plutôt "vintage" et assez crue de ce disque aidera d'ailleurs à ressentir cela). Ensuite, le travail sur les riffs, même s'ils ne sont pas franchement originaux, est quand même très conséquent : "Double cross" (bon démarrage), "Fire breather" et "Soul raiders" (fils spirituels d'un as de pique et d'un poing d'acier), "Wolf spirit" (simple mais superbe progression harmonique), "Roller" et "Marauders" que l'on reçoit en pleine figure. 
Un album comme je les aime, à ranger à côté des méfaits de Nitrogods (très inspirés eux aussi par Motörhead), mais avec un petit supplément d'âme du fait de ce jusqu'au boutisme et de cette synthèse d'influences que l'on ressent.