vendredi 31 mars 2017

Stephen Pearcy : "Smash"

Pour avoir un bon shoot de glam rock, on peut vraiment envisager d'écouter cet album solo millésime 2017 de Stephen Pearcy, en bravant la critique qui n'a pas vraiment été clémente avec.
"On t'aura prévenu ! Ne viens pas te plaindre pour les 15 euros que tu vas jeter par les fenêtres en achetant ce méfait..."
Ok, mais moi je veux renouer avec Stephen Pearcy, le chanteur emblématique de Ratt, non écouté par votre serviteur depuis "Reach for the sky" (1988) ! Une irrésistible envie, qui fait que les 15 euros de "Smash" sont, excusez-moi, rentabilisés depuis longtemps. Sans rien révolutionner du tout, ce disque est un chouette petit en-cas musical, rempli de hard rock mélodique et chromé : une chance de pouvoir encore goûter à cette recette de nos jours.
La voix éraillée et gouailleuse de Pearcy est bien reconnaissable : elle tient la route, nonobstant un très léger déficit de puissance et de panache par rapport à la grande époque (mais peut-être y a-t-il aussi quelques couches de production en moins, c'est à dire un traitement bien plus naturel que dans les eighties). Sur "Ten miles wide", on peut néanmoins fermer les yeux et se retrouver transporté sur un vieil album de Ratt : tout y est, du riff ciselé au refrain rutilant sur lequel Stephen Pearcy est juste mordant et impérial. Un bon titre, bien "dans l'esprit".
Des chansons "à la Ratt" comme celle-ci, il y en a évidemment quelques autres sur lesquels il ne sera pas trop utile de s'étendre : la recette est éprouvée depuis longtemps et elle fonctionne, mais l'originalité n'est pas au rendez-vous, sans toutefois dégringoler jusqu'au niveau de "Lollipop", la rengaine trop conne de "Smash"...
Mais nous sommes en 2017 et il s'agit bien d'un disque issu d'une carrière solo, alors observons un peu les chansons sortant du carcan. 
"I know I'm crazy" qui ouvre les hostilités étonnera par sa touche moderne, heavy et dark : un bon titre qui rate juste légèrement le coche en n'étant pas vraiment à sa place, car trop mid tempo pour une première chanson...  "Rain" est un tube en puissance, avec un refrain direct très bien mis en avant et un petit quelque chose de nostalgique que vient renforcer la partie finale au piano. "What do ya think" renvoie aux ballades des Guns n' Roses sur les deux volets de "Use your illusion" (on pense un peu à "Dead horse" ou encore à "Dust n' bones" et le clin d’œil adressé à la musique country est tout sauf désagréable). "Jamie" paye son petit tribut à Van Halen et brille notamment via des chœurs particulièrement bien calibrés et construits. Après bien des écoutes, j'ai fini par adopter "Passion infinity", un titre qui trace la route et propose un glam rock visionnaire qui oublie de se prendre les pieds dans le tapis.  



samedi 4 mars 2017

Anthracite : "Plus précieux que l'or"

L'album le plus rare du métal français, sorti en autoproduction à une trentaine d'exemplaire en 1987, est aussi l'un des meilleurs... D'où la folie des collectionneurs.
Grâce à un passionné du genre, Christophe Bailet, et au label No Remorse, tout le monde peut maintenant découvrir facilement ce trésor musical à un prix normal, et avec des bonus. Voilà pour l'exhumation.
L'écoute, vous serez prévenus, peut se révéler addictive et troublante, un peu comme de découvrir un album de la trempe de "Metal heart" entièrement conçu et enregistré par quatre de vos copains sur une simple K7 dans le garage des parents de l'un d'entre eux... Le pire, c'est que le son de ce "Plus précieux que l'or" est loin de démériter : un peu daté et pas d'une définition exceptionnelle, mais tenant la route et permettant sans souci l'immersion complète dans ce heavy metal mélodique, classe et abouti. 
Notons tout de suite la forte personnalité musicale de ce groupe. On cherche les influences et elles ne sont pas si simples que ça à trouver, tant elles sont bien assimilées. On pense de temps à temps à Accept sur certains riffs assassins (le démarrage de "Veines d'acier" après l'intro au flanger), mais aussi à Trust (c'est particulièrement vrai en écoutant les démos datant de 1985 qui constituent 75% des bonus tracks, et par exemple sur le titre "Tu pars" qui ressemble quand même beaucoup à "Préfabriqués"). Quant à Metallica, mise à part la forte ressemblance du logo, c'est surtout au niveau des power ballades, à l'occasion de parties de guitares harmonisées et lors de solis experts que l'on peut repérer certaines similitudes. Un peu de "Fade to black" ou de "Welcome home" dans les arpèges et les chorus de "A un cri" et de "Fureur" ; tandis que les twin guitars du pont de "Plus précieux que l'or" renvoient, dans l'esprit, à la partie centrale d'un "Master of puppets"...
On remarque également la présence de quelques passages néo-classiques : un élément supplémentaire à ajouter à ce creuset de tendances.
Mais la patte ultime d'Anthracite, ce sont les chœurs et leur utilisation. Ils renforcent l'orchestration et jouent un rôle primordial sur la plupart des refrains, donnant un côté "exotique" inédit et punchy à ce métal. Il suffit de lire les paroles de "Plus précieux que l'or" pour s'en rendre compte, les parties de chant en chœur étant entre parenthèses : 
(An- !) Délivrez moi (-thracite !) de ce linceul
(An- !) Je cherche un toit (-thracite !) pas un cercueil
(An- !) Délivrez moi (-thracite !) de ce linceul
(An- !) Je suis tout seul  (-thracite !) sur cet écueil.
L'organisation de ce refrain est assez étonnante, et ce n'est qu'un exemple : écoutez aussi "Prêtresse" et "Dieu de la guerre", deux titres dont l'efficacité et la "barbarie" sont transcendées par cette chorale hors du commun. Des interventions d'autant plus primordiales que l'on sent parfois le chant lead au maximum de ses possibilités...
L'album enfin édité et distribué comme il se doit est dédié aux fans passés, présents et futurs. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.