samedi 4 mars 2017

Anthracite : "Plus précieux que l'or"

L'album le plus rare du métal français, sorti en autoproduction à une trentaine d'exemplaire en 1987, est aussi l'un des meilleurs... D'où la folie des collectionneurs.
Grâce à un passionné du genre, Christophe Bailet, et au label No Remorse, tout le monde peut maintenant découvrir facilement ce trésor musical à un prix normal, et avec des bonus. Voilà pour l'exhumation.
L'écoute, vous serez prévenus, peut se révéler addictive et troublante, un peu comme de découvrir un album de la trempe de "Metal heart" entièrement conçu et enregistré par quatre de vos copains sur une simple K7 dans le garage des parents de l'un d'entre eux... Le pire, c'est que le son de ce "Plus précieux que l'or" est loin de démériter : un peu daté et pas d'une définition exceptionnelle, mais tenant la route et permettant sans souci l'immersion complète dans ce heavy metal mélodique, classe et abouti. 
Notons tout de suite la forte personnalité musicale de ce groupe. On cherche les influences et elles ne sont pas si simples que ça à trouver, tant elles sont bien assimilées. On pense de temps à temps à Accept sur certains riffs assassins (le démarrage de "Veines d'acier" après l'intro au flanger), mais aussi à Trust (c'est particulièrement vrai en écoutant les démos datant de 1985 qui constituent 75% des bonus tracks, et par exemple sur le titre "Tu pars" qui ressemble quand même beaucoup à "Préfabriqués"). Quant à Metallica, mise à part la forte ressemblance du logo, c'est surtout au niveau des power ballades, à l'occasion de parties de guitares harmonisées et lors de solis experts que l'on peut repérer certaines similitudes. Un peu de "Fade to black" ou de "Welcome home" dans les arpèges et les chorus de "A un cri" et de "Fureur" ; tandis que les twin guitars du pont de "Plus précieux que l'or" renvoient, dans l'esprit, à la partie centrale d'un "Master of puppets"...
On remarque également la présence de quelques passages néo-classiques : un élément supplémentaire à ajouter à ce creuset de tendances.
Mais la patte ultime d'Anthracite, ce sont les chœurs et leur utilisation. Ils renforcent l'orchestration et jouent un rôle primordial sur la plupart des refrains, donnant un côté "exotique" inédit et punchy à ce métal. Il suffit de lire les paroles de "Plus précieux que l'or" pour s'en rendre compte, les parties de chant en chœur étant entre parenthèses : 
(An- !) Délivrez moi (-thracite !) de ce linceul
(An- !) Je cherche un toit (-thracite !) pas un cercueil
(An- !) Délivrez moi (-thracite !) de ce linceul
(An- !) Je suis tout seul  (-thracite !) sur cet écueil.
L'organisation de ce refrain est assez étonnante, et ce n'est qu'un exemple : écoutez aussi "Prêtresse" et "Dieu de la guerre", deux titres dont l'efficacité et la "barbarie" sont transcendées par cette chorale hors du commun. Des interventions d'autant plus primordiales que l'on sent parfois le chant lead au maximum de ses possibilités...
L'album enfin édité et distribué comme il se doit est dédié aux fans passés, présents et futurs. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire