dimanche 28 août 2016

Joy Division "Still", du métro Nationale au métro Bercy (Paris 13ème)

Un disque grave et froid ("Ice age"), véritable épure musicale posthume, parue peu après le suicide par pendaison du chanteur Ian Curtis. Constitué de morceaux inédits, laissés pour compte, chutes de studio et autres titres live, "Still" est l'un des sommets du post punk. Le malaise démarre avec les larsens de "Exercise one" et son rythme immuable. Il ne nous lâchera plus, même sur les titres les plus énergiques ("Ice age", "Walked in line", "The kill"). L'instrumentation est simple : une batterie, une basse très présente, une guitare qui grince ou qui scintille. Claviers minimalistes et rares ("Something must break", "Glass"). Il y a de tout dans ce catalogue : la marche chaotique de "The sound of music" (avec barrissements de guitares en intro), Ian Curtis au bord de la rupture vocale dans les graves sur "The only mistake", les dissonances de "Glass", la longue descente aux enfers de "Sister Ray" (enregistré live)...
On continue la procession avec le concert de Birmingham, constitué de titres bien balisés de "Unknown pleasures" et "Closer". Excellent son et interprétation sans faille (à part la musique elle-même). Sur la réédition CD, on a droit au concert de High Wycombe et son soundcheck  : qualité sonore moindre mais correcte, titres un peu différents, moins convenus parfois ("Sound of music", "Atrocity exhibition", "The eternal", "Ice age"...). Intéressant.
Dans l'un des quartiers les moins touristiques de la capitale, entre le béton des grands immeubles et le métal du métro aérien, j'ai donc révisé mon "Still"... Musique et visuel à la fois (dommage qu'il n'ait pas fait gris ce jour-là)...

Métro Nationale

Boulevard Vincent Auriol
Métro Chevaleret
Boulevard Vincent Auriol - Quai de la gare

 Pont de Bercy - vers Quai de la gare

Bercy - ministère des finances

vendredi 26 août 2016

Grave Digger "Let your heads roll - The very best of the Noise years 1984-1986"

En 2013, BMG a racheté le catalogue du célèbre label germanique des années 80 / 90. Nous sommes en 2016, et il est donc bien temps d'exhumer les pépites qui s'y trouvent, en commençant par une première série de best of (qui sera, semble-t-il, suivie par une deuxième vague, puis la réédition de quelques albums emblématiques).
Et voici donc "Let your heads roll - The very best of the Noise years 1984-1986", couvrant les quatre premiers méfaits du groupe allemand Grave Digger. Une légende du métal, et une vraie bonne affaire : 2 cd, 28 titres et un prix modique pour découvrir des disques de plus en plus difficilement trouvables.
Le premier album mythique, "Heavy metal breakdown", est plutôt bien représenté : 8 chansons, dont une relativement rare ("Shoot her down"), parue sur des EP's ou des éditions étrangères. L'occasion de s'immerger dans du vrai speed metal (la plupart des morceaux, dont le méchant "Headbanging man"), de découvrir un hymne ultime ("Heavy metal breakdown") ainsi qu'une ballade trop mielleuse ("Yesterday").
Six titres seulement pour le deuxième opus "Witch hunter". Dommage car c'est mon préféré, la faute au vinyle acheté d'occasion à l'époque chez Boulinier (Paris, quartier latin). Là encore, du speed metal à pleurer ("Witch hunter", "Get away", "Here I stand"), un titre rare ("Don't kill the children"), mais une ballade sublime cette fois-ci ("Love is a game"). Une géniale redécouverte, dominée par la voix en silex de Chris Boltendahl.  
Sur l'album suivant, "War games", le groupe reste fidèle à sa recette très heavy, mais varie le groove de ses morceaux et soigne les refrains. En somme, ce disque préfigure ce que sera le Grave Digger des années 90, puis du nouveau millénaire. Sept chansons permettent de se faire une bonne idée de cette époque (dont la célèbre "Enola Gay"). 
La compilation se termine avec 7 extraits de "Stronger than ever", l'unique album de Digger (une incarnation soft de Grave Digger). Répondant aux sirènes du marché américain ainsi qu'aux conseils de son label, le groupe avait donc gommé une partie de son nom et édulcoré son propos. Le disque s'est très mal vendu, ce qui a conduit à un split et à la fin du mariage avec Noise (reformation quatre ans plus tard, mais avec le soutien d'une autre maison de disque). Anecdotique, ce "Stronger than ever" n'en est pas moins un bon album, audacieux et sur lequel l'ADN des allemands jaillit à plusieurs reprises (le speed "Lay it on", la fin endiablée de "Don't leave me lonely"). Chris Boltendahl a bien du mal à ne pas sortir les tripes, mais il se retient sur le moderne et planant morceau-titre "Stronger than ever", digne des meilleurs titres de Saga, ou encore "Moon riders" avec sa guitare slide originale sur les couplets et son break new wave. Un peu plus de punch sur des titres hard rock mélodiques et puissants ("Wanna get close", "Stand up and rock") mais dans un contexte inhabituel et à l'originalité mesurée.
  



dimanche 21 août 2016

Les rééditions ADX

C'est sur le label grec No Remorse Records que ressortent le deuxième et le troisième album d'ADX. Rappelons que "La Terreur" avait été réédité en 2010 par Bernett Records sous le titre "Terreurs" (avec les 7 titres de 1986, 3 inédits de l'époque, l'album entièrement réenregistré, ainsi qu'un CD de démos des albums "Weird visions" et "Exécution"). "Suprématie", quant à lui, revient du marécage des albums indisponibles depuis belle lurette...
On appréciera grandement le respect des artworks d'origine (aux oubliettes la pochette immonde de "Terreurs"). Autre bon point : chaque album est agrémenté de morceaux en concert inédits tirés des archives du groupe. Sur "La Terreur", on découvre par exemple "La vierge de fer", une pépite live qui n'est autre que la première version de "Tourmente et passion". Par contre, la qualité sonore n'est pas trop au rendez-vous : tous ces titres bonus sont des bootlegs de qualité moyenne, il faut bien le savoir. L'écoute est parfois un peu difficile mais le charme opère : toute une époque, et l'impression fugitive d'être un privilégié ayant déterré un trésor qui devait dormir sur de vieilles cassettes audio poussiéreuses !
Par contre, quel dommage de n'avoir pas plus de renseignements sur ces morceaux live... 
Où ? Quand ? Sur les live de 1986, on peut entendre Phil remercier le public de Chambéry (petite recherche sur France Metal Museum : ce serait des extraits du concert du 27/12). De même, "La vierge de fer" (live 1985) viendrait peut-être bien du France Festival de Choisy le Roi (juillet 1985). 
De fait, les livrets sont trop succincts : les textes des chansons, quelques photos (groupe, tickets de concert, articles d'époque illisibles...) mais pas de biographie ou d'anecdotes.
Autre petite discorde : une remasterisation des enregistrements en studio aurait été la bienvenue. Pour "La Terreur", ça passe, mais le son de "Suprématie" n'est pas toujours très bon : rendu parfois métallique des guitares (pas dans le bon sens du terme), trop de reverb... Impossible de revenir sur la production d'origine, certes, mais il est certainement possible de faire mieux avec la technologie d'aujourd'hui.
Enfin, pointons du doigt une vraie faute de goût sur l'album "Suprématie" : l'instrumental "Nostromo" qui ouvre les hostilités n'est plus lié à la chanson-titre "Suprématie". Gros blanc d'une seconde qui gâche tout l'effet atmosphérique de l'intro. Quelle boulette !
Ces quelques réserves mises à part, c'est avec bonheur que l'on se replonge dans le speed metal d'ADX et que l'on retrouve à prix normal ces disques qui font partie de notre patrimoine. Belle initiative du label No Remorse, donc, malgré des petites maladresses.

vendredi 12 août 2016

Deströyer 666 : "Cold steel for an iron age"

Juin 2002, au Virgin Megastore, à Paris. Le rayon métal, qui a rétréci au lavage, a été relégué au fin fond du premier étage, dans une sorte de corridor bas de plafond. Ne soyons pas parano : ainsi en était-il de la plupart des CD, tous genres confondus ou presque... Bref, dans le peu de place restante, trônaient deux nouveautés alléchantes : "Hell's unleashed", marquant le retour des death métalleux suédois d'Unleashed après bien des années d'absence, et "Cold steel for an iron age" des barbares australiens de Deströyer 666. 
Mais pris d'un accès de méfiance aiguë, je n'achètai ni l'un ni l'autre, me réfugiant vite fait auprès de valeurs bien mieux maîtrisées par votre serviteur, telles que le "Crucible" d'Halford ou le "Revelations" de Vader. 
Eh bien, 14 ans plus tard, l'affront est presque lavé. Presque ? Oui, car je tiens bien entre mes mains ce fameux "Cold steel for an iron age", mais le sniper armé de la pochette a disparu, cédant la place à une gravure monochrome post apocalyptique à base de loups, de faucheuse et de monolithe mystérieux. L'accroche guerrière et sulfureuse, façon tract de groupuscule occulte, a donc disparu. Dommage...
Mais la musique est toujours bien là, et il y a même un bonus track d'époque ("The dragon"). Les amateurs d'Impaled Nazarene et de Marduk, dans leurs réalisations les plus nuancées, pourront trouver leur bonheur avec Deströyer 666 et son thrash / black metal de bonne facture. Le riff du morceau d'ouverture "Black city / black fire" est à enseigner à l'école tant il est bien trouvé. L'ensemble du disque n'est d'ailleurs pas d'une agression folle : ce n'est pas un "tout à fond", il est même assez varié. Il y a bien sûr du bon speed ("Sons of perdition", "Raped", "Savage pitch" et son superbe riff virevoltant), mais aussi de l'héroïque puissant à apprécier cheveux au vent ("Cold steel...", le majestueux "Witch hunter"), du quasi symphonique - sans clavier - que n'aurait pas renié Emperor ("The fall of shadows"), des références à Bathory dans sa période viking ("The calling", "The dragon")... Mon dieu, quel catalogue d'émotions, mais toujours sous la bannière du métal le plus pur.
Excellent album.