dimanche 23 juin 2019

Marduk : "Nightwing"

Cinquième album pour Marduk, et deuxième avec la formation qui a permis au groupe d'accéder au succès planétaire (Legion au chant, Morgan Steinmeyer Hakansson à la guitare, B. War à la basse et Fredrik Andersson à la batterie).
Tout de suite une précision s'impose concernant le tracklisting qui comporte quelques particularités. Divisé en deux chapitres, "Dictionnaire infernal" et "The warlord of Wallachia", il comporte un titre non référencé ("Nightwing") qui s'intercale entre les deux parties. Quant à "The warlord of Wallachia", il s'agit d'un mini concept consacré à la vie de Vlad III Basarab, surnommé Vlad Tepes (l'empaleur), fils de Vlad II Dracul, prince de Vallachie, et surtout dépositaire d'une renommée sulfureuse, sanguinaire et mythique (mini concept faisant suite à la chanson "Dracul va domni din nou in Transilvania" présente sur l'album précédent, "Heaven shall burn... when we are gathered"). Enfin, précisons que ce disque est le premier volet de la "trilogie du sang, de la guerre et de la mort", le thème central de celui-ci étant le sang.
Musicalement, nous avons affaire à un black metal pur et sévère, mais varié.
Hormis l'introductif "Preludium" (une sorte de mise en ambiance bruitiste), ça blaste sur tous les morceaux du chapitre "Dictionnaire infernal", et l'on pourra se dire d'emblée que tout cela doit être fort linéaire... En fait, les objectifs différent quelque peu d'un titre à l'autre : "Bloodtide (XXX)" se présenterait comme une sorte de pièce symphonique assez longue dans laquelle la guitare de Morgan fait tout le boulot (rajoutons des claviers - on imagine - et bienvenue chez Emperor) ; "Of hells fire" ne débande à aucun moment, mais l'organisation des riffs est tellement bien agencée que l'on atteint sans décrocher les roulements de batterie mythiques de la fin ; "Slay the nazarene" est une petit brûlot court et extrêmement rapide dont le refrain est quand même clairement identifiable parmi tout ce chaos. 
Arrive "Nightwing" : introduction lente et solennelle, bon démarrage sur un excellent riff que ne renierait pas Dark Funeral, transition pertinente dans laquelle on perçoit des traits empruntés à la musique classique... C'est vraiment bon, mais malheureusement un peu trop long (7 : 34) et redondant. On finit par s'y perdre...
Le chapitre 2 ("The warlord of Wallachia") démarre avec "Dreams of blood and iron" (6 : 19), une chanson lente et menaçante. Marduk sait composer (bons riffs, petite touche orientale) et varier les plaisirs, mais à l'instar de "Nightwing", un peu plus de concision aurait été souhaitable : là encore, léger décrochage de l'auditeur vers la fin, qui ne se rend pas forcément compte que l'on débouche, sans transition, dans le titre suivant ("Dracole wayda"), mid tempo plutôt court aux harmonies vraiment maléfiques... Une bien bonne préparation pour "Kaziklu bey (the lord impaler)", la perle du disque, basée sur un riff génial et speed, à la frontière d'influences slaves ou encore arabes, et qui subit d'incroyables variations de tonalité tout au long du morceau.  C'est franchement du grand art (là encore, l'influence de la musique classique est bel et bien présente) et à marquer d'une pierre noire dans l'histoire du black metal. 
Arpèges saturés et inquiétants en introduction puis en conclusion de "Deme quadem thyrane", mais les blasts sont vite de sortie sur le corps de la composition (on retrouve alors l'ambiance de souffre du premier chapitre). 
Fin de l'opus et du concept avec "Anno domini 1476" (l'année du décès de Vlad Tepes), sorte de mix entre marche militaire (la présence de tambours) et procession funèbre, dans une incroyable ambiance barbare. 
Très bon album.