dimanche 7 mars 2021

Phil Campbell and the Bastard Sons : "We're the bastards"

"We're the bastards" / "We are Motörhead" : le clin d'oeil fera peut-être sourire, ou semblera assez "risky", voire carrément gonflé... Et pourtant, il est honnête, pas usurpé. Il suffit juste de se souvenir que Phil Campbell a passé une bonne partie de sa vie à jouer et à composer des riffs chez Motörhead. L'héritage musical du bombardier, c'est lui qui l'a entre les mains ; tout simplement.
Sans transition, vous imaginez bien que, tout comme son prédécesseur ("The age of absurdity"), "We're the bastards" est parsemé de chansons qui auraient fait bonne figure sous une pochette ornée du Snaggletooth : "We're the bastards", "Son of a gun", "Animals" (avec son riff refrain à la "Owner of a lonely heart"), "Hate machine", "Destroyed" (le plus méchant, façon "R.A.M.O.N.E.S")... Et quelques autres encore : "Riding straight to hell", "Keep your jacket on" (fort réussie).
Une marée de riffs énergiques qui laissent parfois entrevoir ce qu'aurait pu être la suite de Motörhead si le destin avait été différent, plus clément... Je dis bien "parfois" parce que, avant tout, l'entité "Phil Campbell and the Bastards Sons" a sa personnalité propre. Déjà, Neil Starr (le seul "bastard" a ne pas être un "son") ne chante pas du tout comme feu-Lemmy : c'est plus mélodique, plus feutré (on pense parfois au timbre de John Corabi). De la même manière, la basse de Tyla Campbell se fait bien entendre mais n'est pas pour autant branchée dans un Murder One en fusion... Voilà pour le son. 
Pour le reste, le groupe sait aussi s'affirmer en proposant des variantes, des ambiances différentes, des trucs moins Red Bull... Par exemple, "Born to roam" : riff bluesy qui coule tout seul, refrain imparable. "Lie to me" : un peu de Soundgarden au niveau de la dynamique et l'envoûtante ligne vocale mi-parlée mi chantée du refrain (inventivité au top, touche moderne). "Desert son" porte bien son nom : harmonica, final acoustique pour une virée stoner-blues qui laisse rêveur et un peu poisseux. Enfin, "Waves" : basse en avant, guitares planantes et lignes vocales dont les fines mélodies transportent inexorablement, sans renier une certaine puissance propre à l'ADN de la formation.
Il y avait de bien bons moments sur "The age of absurdity" : ce nouvel album lui succède fort dignement.