vendredi 26 juillet 2013

Supuration : la trilogie du Cube

Le deuxième volet de la trilogie.
Le premier volet de la trilogie.
Le troisième - et dernier - volet de la trilogie.
C'est officiel : dix ans après le deuxième - et vingt ans après le premier - les nordistes de Supuration viennent de publier l'ultime chapitre de "The cube". Après cela, Supuration n'existera plus et c'est sous le patronyme SUP que ses membres continueront leur parcours (une appellation connue, qui a déjà signé 6 albums studio, tous conceptuels). Exit donc la facette la plus death metal de ces chers garçons.
"The cube" - la trilogie - est un concept énorme et d'une implacable logique, autant textuelle que musicale. On y raconte le voyage, dans des formes géométriques, de l'âme d'une personne qui vient juste de mourir ("The cube" - volet 1). Dans "Incubation" (volet 2), on explique qui était cette personne et les raisons de son décès (flashback géant donc, et c'est pour ça que, par respect pour la chronologie de l'histoire, j'ai placé la pochette d'Incubation en premier). Dans "Cu3e", on assiste enfin à la réincarnation de cette âme. La saga est donc achevée. Chaque album est fourni avec les textes des chansons (en anglais), mais ils ne sont pas toujours très simples à comprendre. Aussi, je conseillerais à tout le monde d'aller faire un tour sur le site du groupe : il y a les traductions ainsi que des commentaires.
Musicalement, c'est le top. Supuration pratique un death metal technique et futuriste, mais unique en son genre. Pas de clavier : la batterie, la basse, les guitares saturées assurent tout et c'est surtout le jeu unique des frères Loez qui crée cette ambiance froide de science fiction (dissonances, harmonies à la tierce et harmoniques, riffs d'un autre millénaire qui semblent parfois être séquencés). Les voix aussi jouent un rôle important : la diction death prédomine mais les voix claires, très "monocordes" et dénuées d'émotion, ont aussi toute leur place dans cette musique (par exemple l'énigmatique "1308.JP.08", entièrement chantée en voix claire).
Chaque album est connecté musicalement aux autres : le dernier riff d'Incubation est identique au tout premier de "The cube" ; le premier riff de "Cu3e" reprend le tout dernier de "The cube". Sur "Cu3e" la chanson "Consummate" démarre avec le même riff que "The cube" tandis que la phrase finale de "The climax" ("Cu3e") rappelle le refrain de "The elevation" ("The cube"). Et on pourrait multiplier les exemples... D'ailleurs, "The cube" et "Cu3e" sont les albums les plus proches, ne serait-ce qu'en terme de production. "Incubation" est un peu différent, légèrement plus atmosphérique (davantage de reverb).
Je dirais pour finir que ces œuvres, sans être hermétiques, se méritent : elles ne donneront leur pleine puissance qu'après plusieurs écoutes, chacune d'entre elles révélant de nouveaux détails.
N'hésitez pas, encore une fois, à visiter le site de Supuration : la plupart des morceaux sont écoutables en streaming.

jeudi 25 juillet 2013

Cathedral : The last spire (review)

Pour mémoire, "The last spire" a d'abord existé sous la forme d'un tee shirt vendu à l'occasion de l'ultime tournée du groupe.
Tee shirt : face
Tee shirt : dos
Mais "The last spire" est dorénavant un album... Le tout dernier : point final à l'aventure des doomsters de Coventry. Autant avouer que j'ai attendu quelques semaines avant de me le procurer. Trop difficile de se dire que l'on n'achètera plus jamais rien estampillé "Cathedral" (ça m'avait fait le même coup pour "Death is glory now" de Reverend Bizarre).


Passons rapidement sur les sujets qui (me) fâchent :
       1- Cathedral cesse son activité, mais ça, nous pauvres mortels, nous n'y pouvons rien. Même le fait de comprendre les motivations du groupe est difficile (tout nous a pourtant été expliqué et démontré en long et en large). Une fois de plus dans le monde du doom, on a rendez-vous avec l'argument "On arrête avant que l'inspiration ne se tarisse". Sauf que Cathedral devait en avoir encore beaucoup sous le coude... Merci pour l'honnêteté de votre démarche, les gars, et tant pis pour nous.
       2- Les pochettes sont très classes, et renvoient au EP originel "Soul sacrifice". La grille semble même refermer et garder le tombeau où git désormais Cathedral (ou encore le grimoire renfermant le testament musical du combo). Mais où diable est le dessin de Dave Patchett ? Cathedral sacrifie-t-il aussi son visuel en plus de sa carrière ? Eh bien non, ne nous énervons pas. Le fameux dessin est tout simplement offert en poster à l'intérieur du livret dépliable. C'est d'ailleurs une illustration de circonstance, représentant une étrange veillée funèbre. Superbe, comme d'habitude.
       3- C'est quand même dommage que sur 8 titres, 2 soient des "ambiances". Attention : l'intro "Entrance to hell" avec sa rumeur, son carillon morbide et son leitmotiv "Bring out your dead", scandé par une sorte de veilleur de nuit ou d’annonceur public, est une vraie tuerie. Sûr qu'en période de peste noire, dans une ville du Moyen Age, on devait entendre exactement cela. Par contre, "The last laugh", un rire démultiplié par un écho infini, est une arnaque.

Le vrai trésor de ce disque est la musique. On assiste à un retour au doom des débuts de Cathedral, mais pas comme l'était l'album "Endtyme", très monolithique, et enregistré en réaction à tous ceux qui accusaient les membres du groupe d'être devenu des gros hippies mous. Sur "The last spire", les anglais transportent avec eux tout leur héritage progressif, expérimental, psychédélique, heavy et... doom bien entendu. D'après Lee Dorrian, cet album aurait pu succéder harmonieusement à "Forest of equilibrium", reprenant ainsi les bases de celui-ci mais allant sensiblement plus loin. Lee pense qu'entre "Forest of equilibrium" et "The ethereal mirror" (le vrai deuxième album) il y a eu une trop grande cassure, ce qui n'est pas faux. 
Sur "The last spire", toutes les chansons ont une solide base doom, sur laquelle vient se greffer l'inventivité du groupe. "Cathedral of the damned" est peut-être le titre le moins "doomy" : le tempo renvoie plutôt à la période "Hopkins". Par contre, le "solo" de glockenspiel qui coupe littéralement le morceau en deux laisse sans voix : quelle audace ! "Pallbearer" pourrait figurer sur "Forest..." : c'est une masse de plomb, mais il y a ces chœurs féminins épileptiques et ce long passage acoustique inattendu qui font la différence. "Infestation of grey death" est superbe : lent, misérable et très mélancolique. "Tower of silence" est sans doute le titre le plus "brut" : pas d'expérimentation à l'horizon. Au contraire, "An observation" offre l'une des plus belles structures à tiroirs de l'opus. Un véritable labyrinthe musical et, par conséquent, le titre qui fait le plus le lien avec "The guessing game", l'album précédent. Enfin, "This body, thy tomb" : un titre à évolution lente, mais qui se conclut par une séquence instrumentale entêtante, lourde et majestueuse, comme un hymne venant saluer la fin complète de l’œuvre de Cathedral. 
Replay.

dimanche 21 juillet 2013

Mammoth Mammoth : "Go !" - mon vidéo clip de l'année

Les Australiens fous de Mammoth Mammoth aiment le rock gras, les pédales fuzz au germanium, l'alcool, le cuir, les filles, les micros avec un fil, les amplis Marshall (ou Orange) qui ont morflé en répétition...
Leur vidéo officielle pour la chanson "Go !" est vraiment excellente.
Le groupe joue en pleine forêt, dans une clairière boueuse, embrumée et mal entretenue.
Parallèlement, une jeune égérie hippie en profite, au même endroit, pour picoler, se dénuder, s'exercer au tir : bref, pour enterrer sa vie de fillette. Bonne idée !



samedi 20 juillet 2013

Passion Kadavar

Envie de voyager dans le temps ? Besoin d'un son chaud et naturel ? Le remède, c'est Kadavar : un power trio Berlinois qui œuvre dans le hard rock seventies (avec touches psychédéliques de rigueur). Ce groupe propose un trip carrément rétrograde, remontant le fleuve musical à contre-courant pour s'abreuver aux sources qui ont pour nom Deep Purple, Black Sabbath, Uriah Heep, Hendrix, Cream, Hawkwind, Blue Cheer, Led Zeppelin... Comme influences, il y a pire... Bref, Kadavar n'est pas violent pour un sou, mais Kadavar groove, jamme, joue live dans le studio, compte les overdubs sur les doigts d'une main et semble décidé, comme les grands anciens à la grande époque, à sortir un disque par an.
Et voici le premier opus éponyme, paru en 2012 chez Tee Pee Records. Sept titres, bénéficiant d'une excellente mise en son vintage, avec une stéréo partageant les instruments entre gauche et droite (comme à l'époque). 
Tous les morceaux ont des riffs très classiques, ce qui n'empêche pas de belles réussites. "All our thoughts", "Black sun" et "Living in your head" justifient à eux seuls l'achat de ce disque : excellents titres ! "Purple sage" est la caution psyché de l'album : chanson aérienne et barrée. "Forgotten past" se laisse apprivoiser plus difficilement, tandis que "Goddess of dawn" et "Creature of the demon" en appellent à Black Sabbath, avec en ligne de mire "Fairies wear boots" pour l'une et "Paranoid" pour l'autre.
 En 2013, deuxième album, "Abra Kadavar", distribué cette fois par Nuclear Blast (dans le cadre de la nouvelle orientation "revival" du label). Toujours le même son vintage, mais on notera que celui-ci prend de l'ampleur, et c'est tant mieux. Au passage, quelle guitare de rêve : à mi chemin entre overdrive à lampes et fuzz savamment dosée...  
Les quatre premiers titres distillent un proto-hard rock de rêve : "Come back life", dont la ligne vocale suit la guitare, est tout de suite mémorisable ; "Doomsday machine" et "Eye of the storm" pourraient être des inédits cachés de Black Sabbath ; "Black snake" étonne avec son intro talk-box / wah wah puis décolle. "Dust" est efficace mais déçoit un peu (refrain quelconque). Un peu plus loin, "Fire", qui n'est pas une reprise d'Hendrix, balance des lignes de chant agréables (et des riffs assez.... Hendrixiens, finalement). Pour "Liquid dream", on sort les claviers d'un autre temps (Mellotron, Hammond), juste avant le virage psychédélique / space rock de "Rhythm for endless minds" dont la mélodie chantée rappelle certains passages de la comédie musicale "Hair". L'instrumental "Abra Kadavar" est sympathique mais ne fera pas date... Ce qui étonne le plus, c'est le bonus track final : "The man I shot". Enregistré en 2012, semble-t-il pour une compile, la production diffère du reste du disque. Le son de guitare est plutôt aigrelet (ça, c'est dommage). Par contre, le rythme "boogie rock" est  une bonne surprise et on a l'impression que le groupe se laisse aller à jammer et à improviser assez longuement.
Ces deux disques sont très addictifs ! Je n'ai qu'une seule envie, lorsque l'un ou l'autre se termine : c'est d'appuyer à nouveau sur play.

dimanche 14 juillet 2013

LES nouveaux Queensrÿche

C'est courant que les musiciens d'un groupe se disputent et se séparent en deux entités distinctes. C'est plus rare quand les deux camps gardent exactement le même nom, puis sortent un nouvel album presque simultanément. Merci donc "aux groupes" Queensrÿche pour cet exploit technique !
En cette fin de premier semestre 2013, ce sont donc deux nouveaux albums estampillés "Queensrÿche" qui viennent garnir nos étals... Bon fan du groupe, j'ai logiquement acheté les deux et en même temps (pour ajouter une petite touche "comparative" à cette affaire) !
J'ai d'abord écouté celui-ci (d'ailleurs, il est sorti en premier). Il s'appelle "Frequency unknown" et il s'agit du Queensrÿche version Geoff Tate, épaulé par Kelly Gray (guitariste/producteur qui a fait partie du groupe et joue les satellites depuis) et toute une bande de mercenaires.
Queensrÿche version Geoff Tate


Cet album n'a pas bonne presse. Sa pochette est d'ailleurs d'assez mauvais goût, quand on sait que le Geoff a pour de vrai cassé la figure à deux de ses ex-comparses lors d'un concert catastrophe à Sao Paulo. Par contre, musicalement, ce disque n'est pas aussi daubesque qu'on le laisse entendre. A vrai dire, il s'écoute même assez bien, hormis quelques mièvreries ("Everything" par exemple) et surtout les quatre inutiles reprises mal produites de la fin ("I don't believe in love", "Empire", "Jet city woman" et "Silent lucidity"). Pour le reste, cet album poursuit dans la lignée du Queensrÿche éclectique que l'on connaît (subit ?) depuis "Hear in the now frontier". Bref, c'est rock, pop, hard rock, progressif, bidouille... Et encore, comparé à "Dedicated to chaos", dernier album du groupe en date, je trouve que ce "Frequency unknown" possède une assez forte dominante hard rock (mélodique), pas désagréable du tout. Certaines chansons sont réussies, qu'on se le dise, et puis on y retrouve la voix de Geoff Tate (pour les amateurs). Pourtant, je ne sais pas si ce Queensrÿche-là pourra survivre bien longtemps, ne serait-ce que juridiquement... 
Ce disque sera peut-être collector un jour, qui sait ?
Et voici l'autre album, avec trois membres fondateurs du groupe, un nouveau chanteur très efficace, Todd La Torre, dont le timbre ressemble beaucoup à celui de Geoff Tate, et un nouveau guitariste (Parker Lundgren). 
Le disque est court (35 minutes). Mais c'est suffisant pour s'apercevoir qu'il n'y a pas photo : cette musique, remarquablement produite, renvoie immédiatement aux premières années glorieuses du groupe. Ici, point de rock ou de pop : c'est bien de heavy metal mélodique qu'il s'agit. Je dirais même de heavy metal flamboyant ! Certains titres filent franchement le frisson... S'il y a un avenir pour Queensrÿche et une possibilité de redorer son blason, je pense qu'il se trouve dans cette incarnation-là. Et avec un format de chansons et d'album un peu plus long, ça risque d'être parfait.

mercredi 10 juillet 2013

(Ma) découverte de l'année : Mammoth Mammoth


Je suis vraiment heureux de démarrer ce blog avec ce groupe et cet album.
Voilà du caviar... musical... 
A la croisée des chemins entre stoner, punk, rock n' roll, blues incandescent... Toute fuzz dehors, et en route pour 12 titres : les 7 premiers sont tout frais pondus et constituent le nouvel album "Hell's likely" ; les 5 suivants proviennent du premier EP, moins bien produit  (mais le son fuzze encore plus sur ceux-là : pour les gens qui aiment la friture, c'est une aubaine). Le tout est absolument décapant. 
Le chanteur éructe, sur une base musicale sans fioriture. 
Certains titres sont des brulots rapides ("Hell's likely", "Go", "Bare bones"...) comme chez Mötorhead ; d'autres se veulent plus menaçants ("Bury me"), groovy ("Weapons of mass self destruction") ou tout simplement mid tempi ("Another drink", "Demon to fight").
Malgré l'approche primitive, il ne faut pas se soucier : on retient très rapidement des riffs, des refrains... Musique frustre mais bien ficelée et bien balancée.
Vraiment, un excellent disque.