vendredi 18 août 2017

Massacra : "Enjoy the violence"

Lorsque paraît "Enjoy the violence", à la fin du premier semestre 1991, les membres de Massacra traînent déjà une solide réputation de bosseurs invétérés : 3 démos, un premier album ("Final holocaust") et une existence tournée toute entière vers la réussite de leur groupe. Pas de boulot alimentaire extérieur ; chez Massacra on répète au moins 8 heures par jour, et ce presque quotidiennement, et on empile le plus de concerts possible, un peu partout en France et aussi en Europe... 
Une vie de stakhanoviste qui aboutit à la réalisation de ce disque : un monument du death métal, ni plus ni moins. Dix titres, trente-cinq minutes d'agression musicale compulsive... Et si "Full of hatred", avec son tempo modéré et poisseux, ne calmait pas un peu le jeu en plein milieu de l'opus, on pourrait quasiment considérer cet album comme le "Reign in blood" du death, à l'échelle mondiale.
Les deux guitaristes tissent des harmonies malsaines et des séquences d'accords montantes ou descendantes saccadées, le batteur souligne les riffs et les propulse, le bassiste-chanteur agresse en permanence avec une voix d'une bestialité hors norme. Les paroles sont une description réfléchie et froide de toutes les pratiques haineuses de l'humanité.
Cet album constitue un bloc compact, pratiquement indivisible, mais on retient vite quelques titres plus marquants que les autres : "Ultimate antichrist" et son refrain parfait, "Gods of hate" en forme d'auto-hommage au groupe ("The death incarnate, Massacra, The gods of hate we are"), "Revealing cruelty" et son intro en arpèges son clair à la "Spill the blood" de Slayer (pour ensuite mieux écraser l'auditeur sous une chape de plomb ultra heavy). 
Une référence, qu'il faut avoir écouté ne serait-ce qu'une seule fois pour constater ce que quatre personnes peuvent réussir à faire avec une voix et des instruments de musique.


jeudi 17 août 2017

The Almighty : "Soul destruction" (chronique Metal Hammer)

Pour le plaisir (et l'histoire avec un grand H), la chronique d'époque de "Soul destruction", parue en juin 1991 dans le magazine Metal Hammer (qui a eu droit à quelques années d'existence en France).

jeudi 3 août 2017

Benighted : "Necrobreed"

A tous ceux qui se sont demandés un jour à quoi pouvait bien servir un blast beat, sinon à démontrer les limites physiques du batteur qui l'accomplit, il y aurait bien une solution pour réhabiliter à leurs oreilles cette pratique musicale : écouter "Necrobreed", l'album cuvée 2017 de Benighted. Chaque accélération, et Lucifer sait qu'elles sont légions sur ce disque (on parle quand même ici de death / grind), vous placera au centre d'un tourbillon, le ventre creux comme au sommet d'un grand huit au moment de l'inexorable descente. Rarement aura-t-on ressenti cette sensation de vitesse extrême...
On passe sur l'intro "Hush little baby", forcément très inquiétante puisque nous sommes ici pour aborder le thème d'une déviance psychiatrique grave (une tradition chez Benighted), et voici que se déroule la première partie de l'album, depuis "Reptilian" jusqu'à "Der Doppelganger". Les impressions sont déjà bien positives : production optimale, interprétation au millimètre et tous ces ingrédients dont Benighted a le secret pour maintenir au top l'attention de son auditeur... En vrac, on citera la multitude d'effets vocaux utilisés par Julien Truchan (le chanteur), la qualité d'écriture des riffs ("Reptilian", "Der doppelganger", l'angoissante et poisseuse partie centrale de "Forgive me father"), sans oublier le fait que le groupe se mette en quatre pour proposer un "refrain", parfois frustre mais toujours mémorisable, dans ses compositions. 
Deuxième partie en vue, et là ce sont les superlatifs qui risquent de manquer... Souvent, les musiciens mettent leurs meilleures billes au début et font du remplissage sur la fin. Les gars de Benighted ne sont pas tombés dans le piège et n'ont pas non plus fait le contraire : ils ont tout simplement optimisé les six dernières chansons pour rendre l'écoute de ce "Necrobreed" aussi addictive qu'inoubliable. "Necrobreed", "Monsters make monsters", "Cum with disgust", "Versipellis", "Reeks of darkened zoopsia", "Mass grave" : une véritable autoroute de death metal technique, brutal et angoissant, sur laquelle chaque composition a rencontré Monsieur Plus ! Des refrains survitaminés, pour lesquels on citera en particulier le saccadé "Monsters make monsters", "Versipellis" et ses paroles en français, le gruik inhumain de "Necrobreed" et l'époustouflant "Mass grave".  Des riffs qui mitraillent mais n'oublient pas non plus de tout écraser : les incroyables mosh parts de  "Reeks of darkened zoopsia", l'intro de "Cum with disgust" (doté lui aussi d'une mosh part très revigorante), le final presque poignant de "Mass grave". Des gimmicks aussi : la boîte à musique de "Monsters make monsters", l'intro "radio" de "Reeks of darkened zoopsia", les lamentations sans fin et sans lendemain de "Mass grave".
Que celui qui persiste à affirmer que "le death métal ce n'est que du bruit" soit tout de suite crucifié sur l'autel de ce véritable mur du son musical.