samedi 31 décembre 2016

The Dead Daisies : "Make some noise"

Peut-être cet album pourra-t-il résumer la tendance de l'année 2016, que j'ai trouvée très orientée vers le hard rock traditionnel, le blues et plein de petites douceurs vintage. 
The Dead Daisies est un "super groupe" à géométrie variable, qui a eu notamment la délicatesse de nous faire reprendre contact avec John Corabi, le chanteur qui, souvenez-vous, avait remplacé Vince Neil au sein de Mötley Crüe, le temps d'un unique album (c'était dans les années 90). Un frontman classe, expérimenté et donc la voix éraillée mais ouverte rappelle parfois Steven Tyler... Le reste du groupe, inutile de s'étendre sur le pédigree de chaque membre, s'y connaît et assure.
Si cet album était paru il y a vingt / trente ans, il aurait pu avoir beaucoup de succès, et un titre brillant tel que "Song and a prayer" se serait d'ailleurs très bien classé dans les charts... On aurait pu entendre aussi à la radio  "Long way to go", plus heavy mais dont le refrain est une vraie ventouse pour nos petites oreilles, ainsi que "Freedom", taillé pour la route et dont le groove se rapproche un peu du "Gimme all your lovin" de ZZ Top. "Make some noise" (la chanson) est une véritable pièce de stadium rock, une sorte de "We will rock you" conçue pour exciter les foules (nul doute que ça marchera très bien en concert). Il y a aussi un brûlot ("Maintime") et deux reprises qui montrent que le bon goût a encore ses chances : "Fortunate son" (Creedence) et "Join together" (The Who), toutes deux bien exécutées et s'insérant parfaitement dans le répertoire du groupe. 
Le reste du disque se consomme sans modération : bons riffs et bons refrains pour "We all fall down", "Last time I saw the sun" et "Mine all mine". "How does it feel" et "All the same" (avec son riff introductif genre "Quand la musique est bonne" de Goldman) ne sont pas désagréables à l'oreille mais font un peu "remplissage" par rapport au reste.
Un disque qui fait du bien et que tout amateur de groupes tels que Creedence, ZZ Top encore Aerosmith appréciera.

jeudi 29 décembre 2016

Rage : "The devil strikes again"

Avec cet album qui a fait riffer mon été 2016, Rage est donc de retour, affichant pour le coup une forme olympique. Nouveau guitariste, nouveau batteur, et toujours cette formule de power trio qui lui sied si bien... 
Car ce "The devil strikes again" est une cathédrale de speed et de riffs heavy qui pilonnent, à la frontière du thrash metal. Il n'y qu'à juste écouter ce mur de guitares qui accueille l'auditeur sur le morceau-titre, en ouverture de l'album. Quelle intensité !
D'ailleurs, ce disque est un catalogue d'influences métalliques, dans lequel on pourrait presque faire ses courses... Au détour des chansons, on pensera à Sodom ("The devil strikes again"), à Megadeth période "Rust in peace / Youthanasia" ("The final curtain" et "Ocean full of tears" dans lequel le chant suit les riffs sur les couplets), aux cavalcades typées Maiden ("War"), à Anthrax (l'intro et le chant scandé final de "Deaf, dumb & blind", la mosh part centrale de "My way"), à Grave Digger ("Spirits of the night") et même à Slayer (l'intro thrash de "The dark side of the sun"). 
Tout cela ne doit bien sûr pas nous détourner d'une seule et unique vérité : nous écoutons un album de Rage avec cette science de la mélodie sur les couplets, et surtout sur les refrains. Ceux-ci vont de l'ultra simple mais évident ("Deaf, dumb & blind") au très élaboré ("The dark side of the sun", génial et presque apaisant par rapport au reste de la chanson). Certains refrains se ressemblent un peu ("My way" et "War"), d'autres font monter Peavy dans les tours ("Spirits of the night"), mais tous sont les témoignages que la marque de fabrique du groupe est toujours bien présente.
Le guitariste a donc changé (exit le virtuose Victor Smolski) et pourtant il est fondamental de noter que ce disque brille aussi par la qualité de ses breaks lumineux et de ses soli qui en appellent à l'influence mélodico-moderne d'Andy La Rocque ("The devil strikes again" et "Deaf, dumb & blind") ou aux fameuses twin guitars de Thin Lizzy / Iron Maiden ("Back on track", "Spirit of the night"). Un peu de pesanteur aussi avec le break doom traversé de guitares sinistres du mid-tempo "Times of darkness". 
Un très bon cru, aussi cru qu'élaboré.

dimanche 25 décembre 2016

Darkthrone : "Arctic thunder"

Acheté, écouté, mis de côté puis ressorti et, enfin, adopté.
Ce nouveau cru 2016 est le travail d'un groupe qui était parvenu à une sorte d'accomplissement sur son précédent méfait, "The underground resistance". Il a fallu réfléchir, tergiverser même, pour dépasser ce qui paraissait indépassable et on ne pourra pas reprocher à l'auditeur d'en avoir fait autant. 
Nouvelle ère donc, ce qui conduit du coup à certains réaménagements : un livret moins chargé en photographies et en commentaires que d'habitude, la fin des "recommandations" de Fenriz en matière de métal obscur et/ou old school ainsi que le fait que le gaillard ait décidé de ne pas chanter du tout sur cet opus.
C'est donc Ted "Nocturno Culto" qui tient le micro 100 % du temps, ce qui confère une indéniable unité à l'ensemble et fait dire à certains que le groupe est revenu à ses racines black métal, refermant ainsi la semi-parenthèse speed ouverte par Fenriz depuis une bonne décennie. Pas faux, sauf que Darkthrone s'est lancé en même temps dans l'exploration d'un style nouveau pour lui : le métal lent, un terme générique qui peut englober bien des choses (le doom, bien sûr, certains riffs d'intro ou de transition qui existaient chez de vieux groupes de thrash des 80's, mais aussi les parties d-beat que l'on peut entendre dans les chansons de Bathory). C'est donc cette diversité qui empêchera de dire que ce nouvel album est entièrement constitué de matériel lent, même si l'on ressent globalement une lourdeur inhabituelle...
La grosse surprise restera sans doute "Boreal fiends" qui, un peu comme Reverend Bizarre en son temps, sonne comme la rencontre entre Black Sabbath et Burzum (ces coups de cymbales lugubres du début sur un riff quasiment en son clair, tout comme l'incantation qui annonce la funeste deuxième partie). Tout aussi inattendu, "Inbred vermin" se termine en longue procession doom après avoir pourtant bien dépoté sur les deux premiers tiers... Le mid tempo "Throw me through the marshes" est aussi heavy qu'addictif, la faute à des riffs qui engluent à coup sûr et à des lignes vocales qui les accompagnent fort bien. Sur "The Wyoming distance", Fenriz célèbre sa passion pour le old thrash en démarrant son propos par un riff aux allures de mosh part, tandis qu'un lointain clin d’œil à "The thing that should not be" nous est adressé ensuite.
Plus classiques (mais sur des tempi qui sont loin de s'emballer) "Tundra leech" et "Arctic thunder" sont des réceptacles à riffs heavy intéressants, avec un petit côté héroïque en plus. 
Le black sera surtout mis à l'honneur sur "Deep lake trespass" avec son riff moderne autant qu' atmosphérique (mais quel dommage que la fin ressemble tant à celle de "Tundra leech") et surtout "Burial bliss" qui est le titre le plus rapide / frénétique du lot.




mercredi 21 décembre 2016

Glenn Hugues : "Resonate"

Depuis la mort de Lemmy, l'an dernier, c'est dingue comme tout le monde a réalisé que nous vivions dans un monde bien éphémère où tout finira par disparaître. Vous êtes nés avec les Rolling Stones (c'est un exemple, bien sûr, pris au hasard), mais vous mourrez probablement sans... 
Alors, investir dans ce nouvel album solo de Glenn Hugues, bassiste / chanteur ("The voice of rock") à l'oeuvre depuis le début des 70's , c'est faire confiance à une valeur sûre et en profiter tant que c'est encore possible. 
Coup de poker : ce disque classieux est véritablement habité. Nous ne sommes pas si loin que ça du hard FM, mais sans jamais franchir le pas, ce qui est une bonne chose. Ici, on parlera de hard rock mélodique, soutenu par une basse groovy très présente et des claviers à la Jon Lord (le son est un peu différent quand même, plus "moderne" peut-être). 
On a pu lire par ci par là que ce disque était le plus heavy sorti par Glenn Hugues depuis longtemps, et c'est vrai qu'il y a du lourd dans ce tracklisting : "Heavy" (l'excellent single très bien nommé), le martelant "My town", le lourd "Flow" et son riff aussi simple qu'évident, le couple basse / guitare sur "Let it shine", la montée en puissance de "God of money" et surtout "How long" sur lequel Glenn s'arrache les cordes vocales bien comme il faut.
Mis à part "Stumble & go", un peu plus faible, vous ressortirez de ce disque avec des refrains marquants dans la tête, mais aussi de vrais moments de grâce et de lumière : le passage central de "Flow", un "Let it shine" pourtant bien rampant sur le principe mais qui s'envole littéralement, l'angélique "Steady" et l'apaisant "When I fall". Cette insoutenable légèreté, nous la devons aux claviers, omniprésents, et surtout à la voix de Glenn, gorgée de soul et de feeling. 
On pourra enfin sautiller sur le funky (mais pas ridicule) "Landmines" avec son drôle de pont au vocoder. 
Après le très bon album de Last in Line, publié il y a quelques mois, voici encore un super disque qui sort sur le label Frontiers...

mardi 20 décembre 2016

The Apartments : "Drift" dans le quartier de la Butte aux Cailles (Paris 13ème)

C'était le lendemain du 11 novembre et il y avait un fin brouillard grisâtre sur la capitale, qui n'aura pas percé de la journée (alors que 50 km avant, dans la campagne, il faisait soleil).
Pour accéder au quartier historique de la Butte aux Cailles, situé dans le 13ème arrondissement, on peut descendre au métro Corvisart, qui est aérien et assez élégant. Sur le boulevard, on voit les structures métalliques qui abritent les étals du marché Auguste Blanqui. 
La rue Eugène Atget, juste en face du métro, passe sous le porche d'un immeuble sans charme et continue sous la forme d'une volée de marches, puis d'une voie piétonne.
On accède alors au petit Jardin Brassaï depuis lequel on aperçoit Le Monde...
C'est là que je mets en route le lecteur MP3 pour écouter les premières mesures mélancoliques du deuxième album de The Apartments.  Vu la grisaille du jour, c'est de circonstance.
Donc, voici le quartier de la Butte aux Cailles, juste au-dessus du Jardin Brassaï. Ici, nous sommes à l'angle de la rue des Cinq Diamants et de la rue de la Butte aux Cailles. Le quartier est un vaste îlot de petites rue pavées, de maisons de ville et d'immeubles bas (rarement plus de trois étages). Il y a aussi quelques graffitis sur les façades, les grands ensembles du 13ème arrondissement au loin et "Mad cow" dans les oreilles.

Toujours dans la rue de la Butte aux Cailles, de nombreux restaurants et notamment celui-ci : "Le Temps des Cerises" où j'avais dîné un soir, il y a plus de 20 ans, au temps de ma vie étudiante et universitaire (une tête de veau à vomir...).
L'une des "portes" du quartier, au plus bas de la rue de la Butte aux Cailles.
Quelques mètres plus loin, une fois la rue Barrault traversée, me voici devant "La petite Alsace" dans la rue Daviel. Je crois que j'en étais à "Places where the night is long".
 Cette cité-jardin d'un autre temps vaut le coup d’œil, même si le plus intéressant doit se trouver dedans, une fois l'élégant portail en bois franchi !
En face de "La petite Alsace", dans l'axe de l'entrée ou presque, se trouve la charmante Villa Daviel, qui rappelle les villas du 19ème arrondissement (quartier Danube).  Sauf qu'une fois de plus, l'horizon est barré par un immeuble immonde...

lundi 19 décembre 2016

The Apartments : "Drift"

Avec la réédition de ce deuxième album (soutenue par la région Aquitaine !), The Apartments continue de nous hanter avec ses hymnes fragiles et soft. 
Au maximum du maximum, une Telecaster ou une Rickenbacker se pare d'un overdrive de bon aloi, sur des titres tels que "The goodbye train", "Over" ou encore le final "What's left of your nerve", les plus électriques du lot. Sinon, nos oreilles sont caressées par des sons clairs chorusés, des guitares acoustiques et, parfois, un petit ensemble d'instruments à cordes frottées ("Places where the night is long", "All his stupid friends" et "Mad cow", ce dernier ne passant pas loin d'un côté légèrement déglingué à la "Lovecats" de The Cure). 
The Apartments, c'est toujours la voix décharnée mais envoûtante de Peter Milton Walsh, déclamant des couplets et des refrains pour lesquels on se dit, au premier abord, qu'on ne les retiendra jamais. Et pourtant... Quelques écoutes, et il est bien difficile de se défaire des lignes vocales de "On every corner", "Places where the night is long", "All his stupid friends" et de l'excellent "Mad cow" dont on parlait un peu plus haut.

On ajoutera à tout cela les photos introspectives, en bleu et blanc cette fois, qui illustrent les couvertures et le livret (une habitude chez The Apartments). Elles représentent la nuit, le brouillard du petit matin, la solitude, le vide, l'ennui des derniers lampions d'une fête qui s'achève et tous nos problèmes qui nous rejaillissent à la figure. Un peu d'ébriété, aussi... L'illustration idéale pour la musique que distille ce groupe, la plupart des clichés montrant un Paris nocturne, ce qui n'est guère étonnant puisque Peter Milton Walsh n'a jamais caché un fort penchant pour la France.
A noter : cette réédition est fournie avec trois inédits au son plus que correct, provenant de démos enregistrées à Londres en 1986 sur un 8 pistes : "You wanna cry STOP (I'm the staying kind)", assez entraînante, "Calling on jean" et "On every corner".


dimanche 18 décembre 2016

Sodom : "Decision day"

Un album ? Non, une véritable de leçon de thrash !
C'est simple : tous les artifices, tous les procédés du genre sont ratissés large. Et pour les tempi - vous savez quoi ? - on va du très rampant ("Strange lost world") à la petite boule d'agression rapide, compacte et sans temps mort ("Blood lions"). Parfois, il y a même toutes les variantes à l'intérieur de la même composition ("Belligerence"), à travers des structures évolutives du meilleur effet... 
Oui, mais on pourrait se dire : "Album de thrash metal = bruit gratuit, sans queue ni tête"... 
Ici, c'est assez simple : tous les refrains font mouche. On les retient, ils ont du sens et ils constituent l'une des grandes forces motrices de ce magistral opus.
Au détour des chansons que vous entendrez défiler sans voir le temps passer, les vétérans de Sodom adresseront des clins d’œil et des poignées de mains à quelques pointures du genre : riffs macabres à la Slayer période "Black magic" ("Decision day", "Vaginal born evil", "Blood lions"), motifs heavy flamboyants et quelques arpèges qui chassent un peu sur les terres de Megadeth (il y a un peu de "Tornado of souls" dans "Rolling thunder"), et puis l'imparable "Caligula", ni plus ni moins le cousin germain (ah, ah !!) thrash de "Ace of spades".
Il faut dire que cette pochette signée Joe Petagno nous attirait l’œil depuis un petit moment... Non, remballez tout de suite. Aucune trahison ni agissement de vautour en vue : les gars de ce power trio diabolique venu d'outre Rhin ne sont pas là pour remplacer Motörhead. Juste nous démontrer qu'en 2016 la musique heavy continue à vivre et qu'il y a toujours des spécialistes pour assurer cette mission d’intérêt public.




dimanche 30 octobre 2016

Oz : "Vinyl tracks"

Oz. Ce nom dira sans doute quelque chose à ceux qui ont vécu le métal des années 80. Ce groupe scandinave était alors un sérieux outsider dans le paysage musical assez restreint de l'époque, et la presse spécialisée les avait même surnommé "le Motörhead suédois".
Après une très longue pause, Oz s'est reformé vers 2011 et a publié un nouvel album ("Burning leather") composé à moitié de nouveau matériel et d'anciens titres réenregistrés. 
En 2016, "Burning leather" et "Vinyl tracks" sont les 2 seules possibilités d'écouter Oz sur sa platine si l'on ne possède pas les disques originaux, et que l'on ne souhaite pas débourser des sommes honteuses...
"Vinyl tracks" est donc une compilation de titres issus du premier album ("Heavy metal heroes / Hey you"), du troisième album ("Third warning"), du quatrième album ("Decibel storm") et de l'EP "Turn the cross upside down". Toutes ces chansons n'avaient auparavant jamais été éditées sur CD, d'où le titre de cette réalisation ("Vinyl tracks") et le fait que le deuxième album ("Fire in the brain") ainsi que le cinquième ("Roll the dice") aient été écartés, puisque déjà honorés par la fée numérique (mais pas disponibles pour autant).
Ce qui est curieux, c'est que la liste des titres n'est pas du tout chronologique puisque l'on démarre avec cinq extraits de "Decibel storm" (1986), suivis par cinq autres de "Heavy metal heroes / Hey you" (1982), puis encore cinq venant de "Third warning" (1984) et, enfin, "Turn the cross upside down" tiré de l'EP éponyme (1984). Il est vrai que "Heavy metal heroes / Hey you" présente une facette assez différente du reste et il aurait peut-être été trompeur de commencer l'écoute par ces titres-là... Composés par un guitariste unique remplacé par la suite, ils déploient un heavy rock sans grande originalité qui en appelle parfois à Rainbow (le riff de "Rather knight" calqué sur celui de "Stargazer") et peut même ponctuellement évoquer Téléphone ("Call from your eyes").
Deux ans plus tard, "Third warning" est une vraie révolution : ce manifeste dédié au speed metal ne laisse aucune répit. Les cinq extraits sont tous joués à un rythme frénétique, drivés par une paire de gratteux fous. La chanson-titre est une tuerie, un véritable avertissement musical et une pièce de choix du patrimoine métallique. "Samuraï" étonne avec son refrain inhabituel, "Runner" donne l'impression de courir un marathon, tandis que "Total metal", pelote de nerfs presque anti-mélodique, écrase tout sur son passage. Le chanteur Ape De Martini se veut une sorte de Bruce Dickinson violent et primitif : lyrique autant qu'agressif.
En comparaison de certains refrains spartiates de l'album "Third warning", la chanson "Turn the cross upside down" est un hymne, immédiatement mémorisable mais redoutable de puissance. L'ombre de Maiden et de certains groupes de la NWOBHM rôde autour de ce titre auquel la production d'époque, noyée de reverb, ne rend pas assez honneur.
L'album "Decibel storm" est rapide mais plus policé que son prédécesseur, avec des refrains soignés, de belles parties de twin guitars ("Firestarter", "Sound of speed"), des riffs puissants qui rappellent certains passages de "Piece of mind" (Iron Maiden encore) : écoutez "Where eagles dare" puis "Eyes of the stranger"... Ape De Martini ne se ménage pas et sa voix monte dans les aigus bien souvent. Tout fleure bon le métal efficace, alors pourquoi ce "Teenage rampage" un peu trop groovy et rock n' roll qui casse l'ambiance ? Mystère... Production à la hauteur pour ce disque enregistré en 1986. 

mardi 25 octobre 2016

Darkthrone : "The underground resistance"

L'album de 2013, la fusion de toutes les influences du groupe : un sommet.
Ce disque est en soit assez facile à décrire : six titres et, comme Darkthrone est un duo, égalité parfaite entre les deux membres maléfiques qui en signent et en chantent exactement trois chacun ! 
Les chansons de Nocturno Culto représentent la part fondatrice du groupe. Ce sont les plus proches de ses racines black metal, même si ce style n'est plus pur du tout puisque fortement mâtiné de heavy vicieux, et beaucoup moins linéaire qu'avant. Les structures sont très réfléchies : que dire d'un titre tel que "Come warfare, the entire doom" (plus de huit minutes) qui démarre sur un riff écrasant pour parvenir, après un savant parcours, à un motif speedé complexe mais atmosphérique (à la manière de certains passage d'Immortal sur les albums "Blizzard Beast" ou encore "At the heart of winter"). Et ces solis spectraux qui parsèment "Lesser man", à la dynamique assurée par des breaks façon early Metallica : le grand frisson... Finalement, le très efficace "Dead early" ouvrant les hostilités représenterait bien la partie la plus classique et sans surprise de cette entreprise. Et pourtant...
Passons maintenant à Fenriz qui concrétise ici tous ses rêves de speed / proto thrash / power metal du début des années 80. C'est un hommage, autant qu'une passion dévorante : on peut donc s'amuser à retrouver du Helloween des débuts sur "Valkyrie", du power metal et de la NWOBHM sur "The ones you left behind", du Celtic Frost et un superbe démarrage hystérique à la Judas Priest sur le pavé "Leave no cross unturned" (plus de 13 minutes). Fenriz propose un chant lyrique assez convaincant, tel que le pratiquaient les chanteurs de speed metal de l'époque : en voyant sa photographie sur la pochette, en compagnie d'un album d'Agent Steel, on comprend où il a puisé son inspiration. Bon, n'est pas John Cyriis qui veut, mais les petites maladresses et approximations dans les parties vocales participent au charme roots de Darkthrone, chez qui tout n'est jamais lisse.
Un superbe disque de métal, qui perpétue la tradition. 


dimanche 28 août 2016

Joy Division "Still", du métro Nationale au métro Bercy (Paris 13ème)

Un disque grave et froid ("Ice age"), véritable épure musicale posthume, parue peu après le suicide par pendaison du chanteur Ian Curtis. Constitué de morceaux inédits, laissés pour compte, chutes de studio et autres titres live, "Still" est l'un des sommets du post punk. Le malaise démarre avec les larsens de "Exercise one" et son rythme immuable. Il ne nous lâchera plus, même sur les titres les plus énergiques ("Ice age", "Walked in line", "The kill"). L'instrumentation est simple : une batterie, une basse très présente, une guitare qui grince ou qui scintille. Claviers minimalistes et rares ("Something must break", "Glass"). Il y a de tout dans ce catalogue : la marche chaotique de "The sound of music" (avec barrissements de guitares en intro), Ian Curtis au bord de la rupture vocale dans les graves sur "The only mistake", les dissonances de "Glass", la longue descente aux enfers de "Sister Ray" (enregistré live)...
On continue la procession avec le concert de Birmingham, constitué de titres bien balisés de "Unknown pleasures" et "Closer". Excellent son et interprétation sans faille (à part la musique elle-même). Sur la réédition CD, on a droit au concert de High Wycombe et son soundcheck  : qualité sonore moindre mais correcte, titres un peu différents, moins convenus parfois ("Sound of music", "Atrocity exhibition", "The eternal", "Ice age"...). Intéressant.
Dans l'un des quartiers les moins touristiques de la capitale, entre le béton des grands immeubles et le métal du métro aérien, j'ai donc révisé mon "Still"... Musique et visuel à la fois (dommage qu'il n'ait pas fait gris ce jour-là)...

Métro Nationale

Boulevard Vincent Auriol
Métro Chevaleret
Boulevard Vincent Auriol - Quai de la gare

 Pont de Bercy - vers Quai de la gare

Bercy - ministère des finances

vendredi 26 août 2016

Grave Digger "Let your heads roll - The very best of the Noise years 1984-1986"

En 2013, BMG a racheté le catalogue du célèbre label germanique des années 80 / 90. Nous sommes en 2016, et il est donc bien temps d'exhumer les pépites qui s'y trouvent, en commençant par une première série de best of (qui sera, semble-t-il, suivie par une deuxième vague, puis la réédition de quelques albums emblématiques).
Et voici donc "Let your heads roll - The very best of the Noise years 1984-1986", couvrant les quatre premiers méfaits du groupe allemand Grave Digger. Une légende du métal, et une vraie bonne affaire : 2 cd, 28 titres et un prix modique pour découvrir des disques de plus en plus difficilement trouvables.
Le premier album mythique, "Heavy metal breakdown", est plutôt bien représenté : 8 chansons, dont une relativement rare ("Shoot her down"), parue sur des EP's ou des éditions étrangères. L'occasion de s'immerger dans du vrai speed metal (la plupart des morceaux, dont le méchant "Headbanging man"), de découvrir un hymne ultime ("Heavy metal breakdown") ainsi qu'une ballade trop mielleuse ("Yesterday").
Six titres seulement pour le deuxième opus "Witch hunter". Dommage car c'est mon préféré, la faute au vinyle acheté d'occasion à l'époque chez Boulinier (Paris, quartier latin). Là encore, du speed metal à pleurer ("Witch hunter", "Get away", "Here I stand"), un titre rare ("Don't kill the children"), mais une ballade sublime cette fois-ci ("Love is a game"). Une géniale redécouverte, dominée par la voix en silex de Chris Boltendahl.  
Sur l'album suivant, "War games", le groupe reste fidèle à sa recette très heavy, mais varie le groove de ses morceaux et soigne les refrains. En somme, ce disque préfigure ce que sera le Grave Digger des années 90, puis du nouveau millénaire. Sept chansons permettent de se faire une bonne idée de cette époque (dont la célèbre "Enola Gay"). 
La compilation se termine avec 7 extraits de "Stronger than ever", l'unique album de Digger (une incarnation soft de Grave Digger). Répondant aux sirènes du marché américain ainsi qu'aux conseils de son label, le groupe avait donc gommé une partie de son nom et édulcoré son propos. Le disque s'est très mal vendu, ce qui a conduit à un split et à la fin du mariage avec Noise (reformation quatre ans plus tard, mais avec le soutien d'une autre maison de disque). Anecdotique, ce "Stronger than ever" n'en est pas moins un bon album, audacieux et sur lequel l'ADN des allemands jaillit à plusieurs reprises (le speed "Lay it on", la fin endiablée de "Don't leave me lonely"). Chris Boltendahl a bien du mal à ne pas sortir les tripes, mais il se retient sur le moderne et planant morceau-titre "Stronger than ever", digne des meilleurs titres de Saga, ou encore "Moon riders" avec sa guitare slide originale sur les couplets et son break new wave. Un peu plus de punch sur des titres hard rock mélodiques et puissants ("Wanna get close", "Stand up and rock") mais dans un contexte inhabituel et à l'originalité mesurée.
  



dimanche 21 août 2016

Les rééditions ADX

C'est sur le label grec No Remorse Records que ressortent le deuxième et le troisième album d'ADX. Rappelons que "La Terreur" avait été réédité en 2010 par Bernett Records sous le titre "Terreurs" (avec les 7 titres de 1986, 3 inédits de l'époque, l'album entièrement réenregistré, ainsi qu'un CD de démos des albums "Weird visions" et "Exécution"). "Suprématie", quant à lui, revient du marécage des albums indisponibles depuis belle lurette...
On appréciera grandement le respect des artworks d'origine (aux oubliettes la pochette immonde de "Terreurs"). Autre bon point : chaque album est agrémenté de morceaux en concert inédits tirés des archives du groupe. Sur "La Terreur", on découvre par exemple "La vierge de fer", une pépite live qui n'est autre que la première version de "Tourmente et passion". Par contre, la qualité sonore n'est pas trop au rendez-vous : tous ces titres bonus sont des bootlegs de qualité moyenne, il faut bien le savoir. L'écoute est parfois un peu difficile mais le charme opère : toute une époque, et l'impression fugitive d'être un privilégié ayant déterré un trésor qui devait dormir sur de vieilles cassettes audio poussiéreuses !
Par contre, quel dommage de n'avoir pas plus de renseignements sur ces morceaux live... 
Où ? Quand ? Sur les live de 1986, on peut entendre Phil remercier le public de Chambéry (petite recherche sur France Metal Museum : ce serait des extraits du concert du 27/12). De même, "La vierge de fer" (live 1985) viendrait peut-être bien du France Festival de Choisy le Roi (juillet 1985). 
De fait, les livrets sont trop succincts : les textes des chansons, quelques photos (groupe, tickets de concert, articles d'époque illisibles...) mais pas de biographie ou d'anecdotes.
Autre petite discorde : une remasterisation des enregistrements en studio aurait été la bienvenue. Pour "La Terreur", ça passe, mais le son de "Suprématie" n'est pas toujours très bon : rendu parfois métallique des guitares (pas dans le bon sens du terme), trop de reverb... Impossible de revenir sur la production d'origine, certes, mais il est certainement possible de faire mieux avec la technologie d'aujourd'hui.
Enfin, pointons du doigt une vraie faute de goût sur l'album "Suprématie" : l'instrumental "Nostromo" qui ouvre les hostilités n'est plus lié à la chanson-titre "Suprématie". Gros blanc d'une seconde qui gâche tout l'effet atmosphérique de l'intro. Quelle boulette !
Ces quelques réserves mises à part, c'est avec bonheur que l'on se replonge dans le speed metal d'ADX et que l'on retrouve à prix normal ces disques qui font partie de notre patrimoine. Belle initiative du label No Remorse, donc, malgré des petites maladresses.

vendredi 12 août 2016

Deströyer 666 : "Cold steel for an iron age"

Juin 2002, au Virgin Megastore, à Paris. Le rayon métal, qui a rétréci au lavage, a été relégué au fin fond du premier étage, dans une sorte de corridor bas de plafond. Ne soyons pas parano : ainsi en était-il de la plupart des CD, tous genres confondus ou presque... Bref, dans le peu de place restante, trônaient deux nouveautés alléchantes : "Hell's unleashed", marquant le retour des death métalleux suédois d'Unleashed après bien des années d'absence, et "Cold steel for an iron age" des barbares australiens de Deströyer 666. 
Mais pris d'un accès de méfiance aiguë, je n'achètai ni l'un ni l'autre, me réfugiant vite fait auprès de valeurs bien mieux maîtrisées par votre serviteur, telles que le "Crucible" d'Halford ou le "Revelations" de Vader. 
Eh bien, 14 ans plus tard, l'affront est presque lavé. Presque ? Oui, car je tiens bien entre mes mains ce fameux "Cold steel for an iron age", mais le sniper armé de la pochette a disparu, cédant la place à une gravure monochrome post apocalyptique à base de loups, de faucheuse et de monolithe mystérieux. L'accroche guerrière et sulfureuse, façon tract de groupuscule occulte, a donc disparu. Dommage...
Mais la musique est toujours bien là, et il y a même un bonus track d'époque ("The dragon"). Les amateurs d'Impaled Nazarene et de Marduk, dans leurs réalisations les plus nuancées, pourront trouver leur bonheur avec Deströyer 666 et son thrash / black metal de bonne facture. Le riff du morceau d'ouverture "Black city / black fire" est à enseigner à l'école tant il est bien trouvé. L'ensemble du disque n'est d'ailleurs pas d'une agression folle : ce n'est pas un "tout à fond", il est même assez varié. Il y a bien sûr du bon speed ("Sons of perdition", "Raped", "Savage pitch" et son superbe riff virevoltant), mais aussi de l'héroïque puissant à apprécier cheveux au vent ("Cold steel...", le majestueux "Witch hunter"), du quasi symphonique - sans clavier - que n'aurait pas renié Emperor ("The fall of shadows"), des références à Bathory dans sa période viking ("The calling", "The dragon")... Mon dieu, quel catalogue d'émotions, mais toujours sous la bannière du métal le plus pur.
Excellent album.

dimanche 31 juillet 2016

Last in Line : "Heavy crown"

Faire revivre les bonnes recettes du passé... Il n'y a pas que dans les produits culinaires du terroir qu'un tel credo existe. Demandez à Thin Lizzy ce qu'ils en pensent : entre Black Star Riders, Dead Lords, Black Trip (voire '77 et Audrey Horne, dans une moindre mesure, le temps d'une chanson) le choix des héritiers est vaste. Questionnez aussi AC/DC : Airbourne, '77 (encore) ou Black Aces n'attendent que ça pour expliquer leurs influences ! On pense également à Mercyful Fate, à travers ces formations copie carbone nommées Attic, Portrait, In Solitude ou bien sûr Denner/Shermann. Petit clin d’œil à Iron Maiden : Black Trip (premier album "Goin' under") et Audrey Horne (certains titres de "Pure Heavy") s'occupent de vous. Enfin, Exciter dont l'ombre plane bas sur les débuts du groupe suédois Enforcer, et les regrettés Motörhead sans qui Nitrogods n'existerait vraiment pas. La liste n'est pas exhaustive.
Alors, il ne manquait plus que Dio : invité tardif mais bel et bien représenté depuis 2016 à ce banquet de riffs new old stock. Ici, le véhicule s'appelle Last in Line ; mais attention : ce groupe a toute légitimité pour tenter de capturer l'essence d'albums mythiques tels que "Holy diver" ou "Last in line" (justement) puisqu'il est composé des trois quarts du line up qui leur a donné vie ! Étonnant, n'est-ce pas ? Mais alors, le chanteur ? Eh bien, c'est un jeune inconnu du nom d'Andrew Freeman qui a accepté l'un des postes les plus glissants et embarrassants du heavy metal. Mais les membres de Last in Line ont bien joué car Andrew, s'il sait se faire lyrique, puissant et agressif, n'est pas une doublure vocale de Ronnie James, et il ne chante pas non plus des histoires de dragons. Qu'à cela ne tienne : quelques secondes de musique et la production mate qui caractérisait les disques de Dio est bel et bien présente, de même que quelques tics qui ne trompent pas au niveau des riffs. On continue l'écoute et c'est alors que l'expérience prend une tournure troublante : nous sommes en 2016, Ronnie est mort il y a 6 ans et ce "Heavy crown" pourrait bien être son nouvel album... Non, décidément non, ce n'est pas sa voix... Mais "Devil in me" qui ouvre l'album en appelle tellement à "Last in line" (la chanson). Et puis, il y a aussi "Martyr" et "I am revolution", deux brûlots façon fils cachés de "Stand up and shout" et "We rock". Et que dire de ces structures rampantes, incroyablement heavy ("Starmaker", "Burn the house down", "Blame it on me"), envoûtantes ("Orange glow"), audacieuses (la construction de "Heavy crown", le morceau-titre). Certains refrains se fixent tout de suite ("Starmaker", "Burn the house down", "Heavy crown"), comme à la grande époque.
Pourtant, ne rêvons pas : "Heavy crown" (l'album) ne se hisse pas aux niveaux exceptionnels de "Holy diver" et "Last in line" évoqués plus haut. Mais il se mesure à l'aune d'œuvres moins référentielles telles que "Sacred heart" ou "Dream evil" (sans les claviers parfois un peu encombrants d'antan) ce qui est déjà prometteur. Hélas, le décès du bassiste historique Jimmy Bain, survenu peu avant la sortie de ce disque, compromet sérieusement l'avenir de Last in Line...


mardi 26 juillet 2016

Vardis "Red eye", en vacances dans les Cévennes

Vardis, groupe vétéran et peu connu de la N.W.O.B.H.M (New Wave Of British Heavy Metal), est ressuscité il y a peu après un long, long hiatus... Lorsque l'on parle de cette étiquette N.W.O.B.H.M à son sujet, c'est surtout à une période (les années 80) et une origine (l'Angleterre) que l'on rattache Vardis, parce que - il faut être honnête - de heavy métal il n'est pas vraiment question ici. Le propos de ce groupe, certes très électrique, lorgne plutôt du côté d'un boogie rock énergique qui rappelle Status Quo, ou même ZZ Top grâce à cette manie assassine qu'a le chanteur - guitariste Steve Zodiac de faire jaillir de sa Télécaster (tiens, tiens...) des harmoniques sifflantes pendant les solis (hum, presque tous) ou les riffs ("I need you now", par exemple).
Pour revenir à la N.W.O.B.H.M, il est d'ailleurs très instructif de rechercher d'anciens morceaux de Vardis sur YouTube, car tous les plus obscurs outsiders de cette fameuse "nouvelle vague" sont alors suggérés par paquets de dix ! Étonnant voyage dans les arcanes de la musique...
Mais revenons à ce "Red eye" millésime 2016. Pas très bien accueilli dans la presse spécialisée, voilà un album simple voire simpliste. Certains riffs puisent tellement dans les bases du rock n' roll qu'il n'y a même plus de riff du tout ("Back to school"). D'un autre côté, un titre comme "Paranoia strikes" imprime tout de suite : répétitif, énergique, entêtant. Il y en a plein d'autres comme ça. On peut aussi apprécier tout simplement le son gras et roots de l'ensemble du disque, ou encore le délicieux bottleneck de "Hold me", ou aussi la dimension légèrement héroïque de "Jolly Roger". Mais il ne faut pas trop chercher les gimmicks ou l'aventure en dehors des sentiers battus, parce que de tout ça il n'y a point. On est jamais bien loin de la jam session...
Ma note ? Huit sur dix, car ce disque est attachant. On y revient, on y revient...
Une musique pour les longs voyages, les vieilles pierres et les paysages sauvages. J'ai testé.