vendredi 29 décembre 2017

With The Dead : "Love from With the Dead"

Noir.
Opaque.
Et de cette obscurité, ne jaillit qu'une momie pour qui, forcément, toute lueur d'espoir a disparu depuis fort longtemps. Si malaise il y a déjà, il ne pourra que s'accroître en observant les croquis de psychopathe qui illustrent le livret. 
C'est sous ces bannières qu'est donc proposé le deuxième méfait de "With The Dead", un groupe à la composition modifiée, puisqu'il compte désormais dans ses rangs une moitié des ex-membres de Cathedral (Lee Dorrian, toujours, et Leo Smee, récemment arrivé). 
Mais qui à part ces gens (on citera aussi le nom de Tim Bagshaw, ex Electric Wizard et Ramesses) peut aussi bien honorer le métal lent en 2017 ? Oui, on parle bien de ce doom métal pur et tranchant, sans ballade, ni intermède instrumental au synthé, ni hommage soudain à la NWOBHM (on nous a déjà assez fait le coup). Ici, il va falloir réserver plus d'une heure de son temps pour déguster sept pièces poisseuses et toutes crépitantes de fuzz, sans l'ombre d'une accélération. Le monde va de plus en plus vite, sauf sur ce disque.
Accueilli sur "Isolation", l'auditeur est invité à déguster la pièce de l'album à l'accès le plus immédiat. Sur cinq notes funestes, le refrain est bouclé et le moral en berne.
"Egyptian tomb" relève très légèrement la tête et le tempo. C'est la chanson la plus "Cathedral" du lot, et quel plaisir d'ailleurs de retrouver la voix gouailleuse et inquiétante de Lee Dorrian.
Sur "Reincarnation of yesterday", "Cocaine phantoms" et, plus loin, "Anemia",  Tim Bagshaw (guitare) tisse des riffs qui peuvent ressembler à une sorte de symphonie occulte ; une mélopée qui s'articule sur un ralenti oppressant. "Cocaine phantoms" voit d'ailleurs son pauvre rythme décroître inexorablement sur la fin, et s'achève par un coup de boutoir aussi puissant que majestueux.
Parvenu à ce point précis du disque, place à "Watching the ward go by", une expérience musicale dont nous, auditeurs, sommes les cobayes. "Watching the ward go by", c'est un peu comme la chasse volante que décrivaient les anciens : une rumeur sourde venant de très loin, porteuse de voix inintelligibles, qui enfle pour soudainement exploser au-dessus de nos têtes, puis finir par s'enfuir à l'horizon, laissant un paysage dévasté ainsi qu'une grande angoisse... Et Léo Smee de clore le propos par une courte escarmouche de basse, presque ironique, mais ce n'est pas cela qui nous fera sourire après une telle descente aux enfers. Si "Watching the ward go by" est une relecture de "Black sabbath" (la chanson), alors c'est la plus géniale qui ait été produite à ce jour.
Profitez-en pour prendre une lampée d'air frais car ce n'est pas fini. Il vous reste à affronter les presque 18 minutes de "CV1", l'hommage (ou pamphlet ?) de Lee à sa bonne ville de Coventry. Là encore, beaucoup de souffrance, et un tempo qui chute dangereusement. La première partie est chantée dans la douleur, la deuxième est instrumentale (guettez le génial chorus mis en place par Tim Bagshaw) et la troisième est une destruction progressive du signal sonore. 
 "Love from With the Dead" s'achève donc sur un reste de grésillement. 
C'est fini. Il n'y a plus rien.



jeudi 28 décembre 2017

Black Country Communion : "BCCIV"

Une rapide colère de chat pour commencer : "Mais bon dieu, comme cette appellation de "super groupe" est conne !" Il n'y a sans doute aucune statistique qui pourrait en témoigner, mais le nombre d'auditeurs qui s'est fait refroidir par ce bon mot de marchands du temple doit être assez inimaginable... 
Votre serviteur en fait partie, lui qui a attendu le quatrième album de Black Country Communion pour faire abstraction des stratégies marketing et découvrir le message musical de ce combo béni des dieux.
Black Country Communion ou le retour de la formule chimique Led Zeppelin (et bonne chance, au passage, à Robert Plant pour son nouvel album solo... ).
C'est vrai qu'il y a du "Black dog" dans "Collide", du "Kashmir" dans "Sway"... Avec "The last song for my resting place", ce sont les penchants celtiques du dirigeable qui sont mis à l'honneur, parsemés de sévères relances rock dont ces vétérans avaient le secret. Tout à fait entre nous, ce "The last song for my resting place", très bien habillé, déçoit pourtant par sa longueur inutile et le côté totalement convenu de sa composition (pour les lignes de violon à l'Irlandaise, plus cliché que ça tu meurs). C'est bien le seul titre qui aura droit à un constat non positif. 
Passons et stoppons là les comparaisons avec Led Zep, faute de combustible (bon, il y aurait bien encore les riffs des couplets de "Love remains", mais le génial refrain de cette chanson, lui, ne doit rien à personne, mis à part au génie de ses compositeurs). A l'écoute de "Over my head", c'est plus au "Missionary man" de Eurythmics auquel on penserait, alors tout est déjà démontré. Pas question de réduire Black Country Communion à une sorte de rejeton de LZ : "BCCIV" est un opus de hard rock exceptionnel, avec de forts ancrages seventies et un peu de blues brûlant comme on le faisait à l'époque ("The cove"). Point. Et merci à "Awake" et son drôle de riff venu de nulle part de clore les débats...
Durant l'heure d'écoute, la prestation des musiciens est vraiment au top (c'est presque faiblard de le dire comme ça).  La production se présente comme un tapis de velours sur lequel ils n'ont plus qu'à s'asseoir et jouer. Tout cela fonctionne à merveille, mais le sommet du disque reste la voix exceptionnelle de Glenn Hugues, sans qui plein de choses ne seraient pas possibles. Il va encore tellement loin avec ses capacités vocales, que j'oserais presque dire qu'il en fait un peu trop sur certains passages ("The crow", arrachage en règle de gosier, aurait mérité plus d'apaisement).
Voilà : "BCCIV", probablement LE disque de l'année 2017.
Maintenant, excusez-moi : je pars de ce pas acheter les autres opus du groupe.



mercredi 27 décembre 2017

Immolation : "Failures for gods"

Non content de pouvoir figurer dans le Top 50 des plus belles pochettes du métal, ce troisième effort d'Immolation, sorti en 1999, propose un death metal autant porté sur la technique que sur l’atmosphère.
Ce qui frappe d'ailleurs, après seulement quelques secondes d'écoute, c'est cette production sourde qui, mise bout à bout avec les riffs chaotiques et la voix caverneuse du bassiste-chanteur, contribue fortement à créer une ambiance de barbarie presque étouffante. La bande son d'un moyen âge obscurantiste, sale et dangereux, ni plus ni moins. Quarante minutes de trip donc, dont le grand gagnant est l'auditeur avide de sensations dark ; le parent pauvre étant ce son de batterie sec et mal défini, aussi misérable que lorsque votre petit frère tape sur des barils de lessive en carton...
Les deux premiers morceaux ("Once ordained" et "No Jesus, no beast") sont un cas d'école. On aurait pu s'attendre à un magma sonore informe et il n'en est rien : ce sont bien des chansons à part entière avec des couplets, des ponts, des cassures et un refrain, comme celui, addictif, de "Once ordained" : "You will all be fooled, You will all be fooled, When he reveals himself, When he reveals himself, You will all be fooled, You will all be fooled, He sees within your hearts, He sees within your souls". Deux titres : deux merveilles.
Sur la partition suivante, "Failures for gods", Immolation se fait plus complexe. Voici une pièce longue, sinueuse et riche en émotions. Après une intro brillante, véritable symphonie mystique faite de guitares saturées, le riff qui soutient les premières lignes de chant est si saccadé que l'on pourrait craindre une rupture imminente (qui n'a bien sûr pas lieu). Après quatre minutes de parcours sans décrochage, un solo de basse se charge de sonner le glas et d'annoncer le refrain. Grandiose !
On poursuit avec "Unsaved", sorte de Carmina Burana électrique, particulièrement sombre et menaçant. Là encore, le format "chanson" est respecté, même si le refrain pourra sembler plus difficile à déceler que sur un "No Jesus no beast".
"God made filth" et "Stench of high heaven" ont un propos musical moins évident. Ils perpétuent bien sûr cette formidable ambiance de peste noire qui perdure depuis le départ, mais on n'en retient pas grand chose, mis à part quelques gimmicks.
Rien à voir avec le riff visionnaire qui ouvre "Your angel died". Il conditionne le reste du morceau qui, jusqu'aux guitares flangées de la fin, réclamera quand même une certaine attention du fait de ses nombreuses variations et cassures. Au passage, mention spéciale pour l'inventivité hors pair du guitariste Robert Vigna, d'ailleurs toujours fidèle au poste presque vingt ans plus tard.
Enfin, place à "The devil I know". Démarrage lent et pompeux, puis les riffs s'emballent et débouchent, on ne sait comment, à un final instrumental chargé de clore les débats, nous donnant l'impression de survoler une dernière fois, sur le dos de quelques créatures mystérieuses et majestueuses, le paysage désolé qui s'est imposé à nos yeux depuis que la touche "play" a été effleurée.
"Failures for gods" : un album de death à ranger aux côtés des plus grandes références du genre.

mardi 26 décembre 2017

Night Demon : "Darkness remains"

La pochette se charge de résumer une partie de la situation : une statue d'Eddie par une nuit d'orage, devant un hôtel de ville (digne de "Retour vers le futur") en proie aux flammes, aux animaux sauvages et, bientôt, aux morts-vivants. Le ciel est d'un noir d'encre, comme celui de l’illustration mythique de "Killers"... Bel ouvrage.
Album dans l'esprit Maiden, "Darkness remains" l'est sans aucun doute, et ce ne sont pas les guitares harmonisées - très présentes - qui diront le contraire. Plus qu'une déclaration, les paroles de "Maiden hell" se présentent sous la forme d'un ingénieux collage des paroles des chansons de la Vierge de Fer, du premier album jusqu'à "The book of souls". Et puis, il y a cet instrumental ("Flight of the manticore") dont certains passages sont vraiment bien proches de "Losfer words" (sur l'album "Powerslave"). Quelques petits détails encore : l'intro très "Fear of the dark" de "Black widow", celle à la manière de "2 minutes to midnight" pour "Life on the run" ; la rythmique cavalcade de "Dawn rider". Mais tout le reste n'est qu'impressions fugitives, bain de langage. Par exemple, "Welcome to the night" aurait pu trouver sa place sur l'album "The number of the number" : il rappelle un peu tous les titres, mais aucun en particulier... "Hallowed ground" est une sorte de "Wrathchild" sans la moindre note commune ; tandis que la power ballade "Stranger in the night" bénéficie d'une enveloppe charnelle à la "Children of the damned", mais la comparaison s'arrêtera là.
C'est d'ailleurs en écoutant ce titre que le petit jeu des influences s'est corsé, le spectre du "Don't talk to strangers" de Dio n'étant finalement pas bien loin (mais, là encore, influence uniquement, pas du tout plagiat). Fort de cet éclairage, on reconnaîtra que "Maiden hell" n'a de Maiden que les paroles : la musique, rapide et compacte, étant plus proche d'un "Stand up and shout" teigneux que d'un "Sanctuary". 
Sur "On your own" (hum, pas la meilleure chanson du lot), c'est plus Accept qui serait en ligne de mire.
"Darkness remains", la ballade finale, fait de l'œil à Black Sabbath, ne serait-ce que par l'entremise de cette voix trafiquée, la même que celle d'Ozzy sur "Planet Caravan".
Tout cela pour remettre un peu les pendules à l'heure : Maiden plane bel et bien au-dessus du berceau de ce jeune groupe qui en veut, mais pas exclusivement, et de manière assez diffuse. On appréciera d'ailleurs que ce ne soit pas uniquement la période Di Anno qui soit honorée, mais plutôt l'ensemble d'un extraordinaire "savoir riffer" dont on saluera l'idée géniale d'en perpétuer la recette.

lundi 25 décembre 2017

Dead Lord : "Heads held high"

Entre les albums de Black Star Riders, et certaines chansons récentes disséminées par ci par là (Audrey Horne : "Out of the city" ; 77 : "Nothing's gonna stop us"), l'héritage Thin Lizzy revient en force dans nos contrées.
Nouveau témoignage de cette évidence que ce sont dans les vieux pots que l'on fabrique les meilleures confitures : Dead Lord. Ainsi donc, ce jeune combo suédois, reprend également à son compte, et à 200% depuis 2012, cette façon unique d'aborder le hard rock. 
Sur "Heads held high" (leur deuxième album), l'excellente recette d'origine irlandaise marche à plein régime, guitares jumelles en avant ! 
Mais quelques notes saturées à la tierce ne suffirait pas à étancher notre soif. Pour faire en sorte que nous sortions "Heads held high" de sa pochette, plutôt que "Jailbreak" ou encore "Chinatown", il faut faire un gros effort de composition, et en cela nous pouvons dire tout de suite que les Dead Lord sont loin d'être manchots.
Pratiquant ce disque depuis sa sortie en 2015, votre serviteur ne peut que rendre hommage à la qualité des refrains et des riffs. "Farewell", "Ruins", "Cold hearted madness", "Strained fools", "When history repeats itself" et "Don't give a damn" figurent parmi les plus évidents, soit 60% de l'album, et en se disant bien que le restant est loin d'être à jeter (comme par exemple ce "The bold move" qui démarre dans une nonchalance presque tropicale pour progressivement se radicaliser). Sur "Ruins", les parties de twin guitars sont tellement endiablées sur la fin, que l'on sort de l'univers Lizzy pour rejoindre celui de Maiden (période "Killers"). 
La voix assez grave du guitariste-chanteur Hakim Krim (toujours armé d'une Gibson SG de très bon goût) peut sembler curieuse, voire incertaine, mais il faut admettre qu'elle est tout à fait "en contexte". Le bonhomme a, de plus, la stature et la "gueule" d'un frontman : charismatique et immédiatement inoubliable.
L'interprétation est bonne, et la production vintage à souhait. Rien à redire : ce disque est de bonne facture, limite intemporel, mais beaucoup n'y verront qu'un plagiat dénué de scrupules.
Pour les autres, un futur classique ?

dimanche 5 novembre 2017

Kadavar : "Rough times"

Pour ce quatrième effort, les Kadavar ont réussi à synthétiser le format concis / immédiat des chansons de "Berlin" avec le son touffu de leurs deux premiers albums. La fuzz-mammouth fait son grand retour, grésillante comme avant (exit donc la production un peu trop propre du troisième long métrage).
De "Rough times" jusqu'à "Vampires" (bref, la première face), c'est une ode parfaite au stoner rock qui défile entre nos oreilles. Un sans faute dominé par l'immédiat "Die baby die", le très bon refrain de "Vampires" et les écrasants "Rough times" (à peine rendu "aimable" par une maigre ligne d'orgue) et "Into the wormhole", ces deux titres étant d'ailleurs enchaînés l'un à l'autre.
Pas facile d'envisager la suite : il faudra que la face B soit aussi bonne et / ou un peu différente. "Tribulation nation" ouvre le bal sur un rythme très martelant et hypnotique : elle constitue une bonne suite par rapport à ce qui a été entendu avant. "Words of evil" joue bien son rôle de titre à la "Paranoid", mais on ne lui en demandera pas davantage. 
C'est alors que Kadavar tranche dans le gras et met en avant son côté arty. "You found the best on me" est une sage ballade psychédélique, mais c'est surtout "The lost child" avec son orgue très atmosphérique (mais sans oublier de bastonner sur les refrains) qui nous fera écarquiller les yeux. Quelques mesures finales sifflées, et après un temps d'étonnement et plusieurs écoutes on s'aperçoit que l'on tient là un grand titre (attention à l'erreur de tracklisting sur la pochette, "You found the best on me" et "The lost child" ayant été inversées). Encore une surprise à l'horizon (ce n'est pas fini) avec "A l'ombre du temps" qui n'est autre qu'un poème déclamé en français sur un fond musical diffus et très calme. Rien de vraiment extraordinaire, mis à part l'aspect expérimental et décalé de ce morceau, Kadavar n'étant donc pas qu'un simple groupe de stoner rock bas du front (il faudra s'y faire : cette formation a plus d'une influence dans sa besace). 
En parlant d'influence, quelle excellente idée de terminer avec une bonne reprise de "Helter skelter" et de nous informer ainsi que les quatre de Liverpool ont eu un rôle dans la genèse de Kadavar. 
Très bon cru : bravo !

samedi 4 novembre 2017

Kadavar : "Rough times" album launch party at "Crypt of the wizard"


"Crypt of the wizard" est une boutique consacrée au heavy métal et sise à Londres...
Ici a eu lieu la soirée de lancement du quatrième album de Kadavar, "Rough times", le 29 septembre 2017.
L'occasion de voir le groupe, très détendu et abordable, signer des albums et des singles de "Die baby die" par palettes, tout en écoutant un "Into the wormhole" dégoulinant de fuzz qui crépite.
Les vinyles de "Rough times" sont alignés sur les murs noirs de la boutique et c'est là que l'on réalise que la pochette peu esthétique au premier abord fait finalement son petit effet...  



mercredi 1 novembre 2017

Mes vinyles... Raven : "All for one"

Acheté à Paris au début des années 90, chez Boulinier (boulevard Saint-Michel) qui possédait une espèce de "cave" à disques d'occasion. De grands bacs dans lesquels il fallait fouiller longuement pour trouver son bonheur... Et mon bonheur, ce jour-là, ce fut ce "All for one" du groupe anglais Raven.


Quand on voit le nombre de photos qu'il y avait à l'époque, on ne peut que râler face à la réédition 2017 ! C'est bien de rendre une oeuvre disponible à nouveau pour le plus grand nombre (et à un tarif normal), mais faites donc le travail jusqu'au bout !


La géniale face A de ce disque...






mardi 31 octobre 2017

Raven : "All for one" (réédition 2017)

Voici donc réédité "All for one", le troisième album de Raven (curieux : l'impasse a-t-elle été faite sur "Wiped out", le second méfait ?).
Le disque ayant été produit à l'époque par Udo (chanteur d'Accept) et Michael Wagener (producteur de Dokken, Accept, Mötley Crüe, Great White...), on dirait que le ton s'est un peu durci (cf. le furieux "Hang, drawn and quartered"). Les racines rock sont toujours présentes ("Sledgehammer rock", typique par son riff qui balance) mais le métal est définitivement entré dans la bergerie ("Mind over metal", "Seek & destroy", "All for one"...). 
Ce "All for one" a été un cap important pour Raven, et reste définitivement un album phare dans sa discographie. Pour autant, il faut bien admettre qu'il est légèrement déséquilibré, les meilleurs titres étant concentrés sur la première face... Inoubliables "Take control", "Mind over metal" (speed et hystérique),  "Sledgehammer rock", "All for one" (ohé la Marseillaise !) et surtout "Run silent, run deep", petit frère de "Tyrant of the airways", avec son break planant et mélodique. 
Gros défi, donc, pour boucler la suite du disque... "Hang, drawn and quartered" est sauvé par sa méchanceté mais n'est pas un chef d'oeuvre de composition, "Break the chain" est un "Sledgehammer rock" bis, "Take it away" est assez insignifiant. Cette face B en demi teinte est honorée in extremis par "Seek & destroy" (riff aussi simple que génial, mais surtout grande clairvoyance dans la construction de ce titre, avec cette basse solitaire et menaçante sur les couplets, au service d'une puissance qui enfle inexorablement et finit par exploser) et "Athletic rock", auto-hommage du groupe au style qu'il pratique, doté d'un refrain énergique et très convaincant.
Tout comme la réédition de "Rock until you drop", il n'y aura ni livret, ni biographie, ni photos rares. Par contre, les cinq bonus sont vaguement crédités : des titres parus en face B de différents singles (la reprise sauvage de "Born to be wild" en compagnie d'Udo, "Ballad of Marshall stack", "Inquisitor" dans une version pêchue, semble-t-il en duo avec Udo), un live de 1983 ("Mind over metal"), un inédit issu des sessions de "All for one" ("The power and the glory", qui se retrouvera plus tard sur "Stay hard").


  

samedi 28 octobre 2017

Raven : "Rock until you drop" (réédition 2017)

Tous les fans de métal ne sont pas identiques. De nos jours, par exemple, un amateur de gore grind n'a souvent pas grand chose à voir avec un black métalleux, lequel ne s'accordera pas vraiment avec quelqu'un se rendant aux concerts d'AC/DC.
En 1981, lorsque ce premier album de Raven est paru, tous ceux pour qui Deep Purple ou Led Zeppelin avaient un goût de "trop peu" ont accueilli "Rock until you drop" avec avidité, laissant les autres à des plaisirs déjà très institutionnalisés. Leurs discothèques dédiées à la musique "extrême" de l'époque s'en souviennent encore : il y avait déjà "Never mind the bollocks" (Sex Pistols), quelques albums de Motörhead (dont "Overkill", "Bomber" et "Ace of spades"), le premier Iron Maiden, les méfaits de Judas Priest (qui durcit bien le ton depuis "Sin after sin") ; et ce joyeux troupeau allait vite être rejoint par "Killers" (Iron Maiden), "Breaker" (Accept), "Welcome to hell" (Venom), puis, deux ans plus tard, l'arrivée d'Exciter, Metallica et Slayer. Le besoin de sensations fortes est bien là et ne fait qu'accroître...
A ce jeu-là, Raven déploie une énergie vraiment phénoménale, tout en fonctionnant sur une base plutôt hard rock, mais survitaminée. D'ailleurs, ce besoin d'en découdre et de martyriser les instruments (cf. la pochette), cette envie de vitesse accrue sur certains titres, ainsi que les montées aiguës du bassiste-chanteur John Gallagher ont toujours placé Raven à la frontière du métal, tel un Statu Quo carburant au kérosène (comparaison accrue par le fait que Mark Gallagher, le guitariste, joue parfois sur Fender Telecaster). Mais, ni Statu Quo ni AC/DC n'auraient accordé un tel crédit à la basse (le solo de "Rock until you drop", les arpèges de "Tyrant of the ariways", l'omniprésence "à la Steve Harris" de cet instrument sur "Crazy world"), et pas davantage cautionné ces chorus de guitares harmonisées ("For the future", "Wiped out") ou certains titres teintés de "Maidenite" ("Lambs to the slaughter" et "Tyrant of the airways" déployant quelques avant-goûts d'"Invaders" ou de "The prisoner"). Raven est donc le groupe pourvoyeur d'un hard mutant, livrant aux kids la dose de heavy et de folie dont ils ont besoin.
Sur cette galette juvénile, ce ne sont pas les classiques qui manquent : le nerveux "Hell patrol", le rock n' roll "Don't need your money" et l'indispensable "Rock until you drop" ont tous trois des racines très traditionnelles mais continuent de hanter les shows du groupe. Même sentence pour "Tyrant of the airways", plus progressif et métallique, dont le pont instrumental atmosphérique est le brouillon de ce que Raven produira deux albums plus tard sur "Run silent, run deep".
Cette réédition, qui a au moins le mérite de rendre "Rock until you drop" à nouveau disponible au plus grand nombre, se présente sous la forme d'un fin digipack à 2 volets, les paroles et les crédits étant imprimés à même le carton. Pas de livret contenant une biographie ou des photographies inédites. On regrettera aussi que les trois titres bonus ("Wiped out", "Inquisitor" et "Crazy world") soient fournis sans la moindre explication (on s'aperçoit fortuitement qu'ils sont "bonus" puisque le relevé des textes s'arrête à "Tyrant of the airways"). Cette "reissue 2017" ne sera donc pas l'objet définitif que certains fans attendaient.
Une petite recherche, et l'on découvre que "Wiped out" apparaissait en face B du 7"single "Don't need your money", que "Crazy world" était la face B du 7"single "Hard ride" et que "Inquisitor" avait été enregistrée pour la compilation "Lead weight" à l'initiative du label Neat (celui-là même qui signa Raven à ses débuts). Voilà, ce n'était pas compliqué, n'est-ce pas ?


jeudi 26 octobre 2017

Venom Inc : "Avé"


Vous le savez bien : comme au Scrabble, certains groupes comptent double. C'est ainsi que, pendant un temps, il y a eu deux Queensrÿche (sortant d'ailleurs chacun un album, pratiquement à la même date). Et quelle époque merveilleuse, car vous profitez aussi de deux Great White ("Great White" et "Jack Russell's Great White") et de deux Rhapsody ("Rhapsody of fire" et "Luca Turilli's Rhapsody"). Des exemples comme ceux-là, on pourrait sans doute en trouver quelques autres, alors pourquoi pas deux Venom ?
Venom : l'un des groupes pionniers du métal extrême, géniteur du black métal et de l'imagerie satanique. Des précurseurs qui s'entendaient fort bien pour inventer les codes de l'une des premières musiques de l'enfer, mais ne s'entendaient pas du tout dans la vie de tous les jours. Une carrière entière faite de séparations, reformations, réincarnations, départs houleux, remplacements... Rien d'étonnant donc qu'en 2017 cohabitent Venom (avec Cronos, bassiste-chanteur et membre fondateur) et Venom Inc (avec Mantas et Abaddon, respectivement guitariste, batteur et eux aussi membres fondateurs). Les deux formations ont donc bien leur légitimité, d'autant plus que le troisième participant à l'aventure Venom Inc n'est autre que Tony Dolan (aka "The Demolition Man"), qui avait remplacé Cronos de 1989 à 1993, le temps de trois albums. 
Voilà pour ce que l'histoire retiendra. L'auditeur, lui, se souviendra surtout qu'il est doublement gagnant. Venom, donc, poursuit sa carrière avec Cronos aux commandes et publie régulièrement de nouveaux opus sans fioriture et assez primitifs, en totale adéquation avec le style originel (sauf les standards de production qui sont bien ceux d'aujourd'hui). Aucune surprise à l'horizon, mais les récents "From the very dephts" et "Fallen angels" sont tout à fait de nature à combler un bon vieux "légionnaire de Venom". Ce qui est amusant avec Venom Inc c'est que les bases sont également bien respectées, mais les compositions et l'interprétation poussent le bouchon plus loin.
D'abord, après une séquence corrompue et très ingénieuse tirée de l'Ave Maria, c'est un nuage de plomb qui nous tombe dessus lorsque la rythmique et la guitare font leur apparition. La production est tout simplement excellente, et le sombre titre d'ouverture ("Ave Satanas") prend toute son ampleur, suivi par le mitraillage en règle de "Forged in hell" (riff très classique, mais quelle efficacité). A ce stade, tous ceux qui critiquaient la faiblesse du jeu de Mantas peuvent aller se rhabiller : le savoir-faire et le niveau d’exécution sont irréprochables, avec chorus et soli à la clé. 
On poursuit le track-listing avec "Metal we bleed", un thrash efficace et bien percussif, qui n'a pas à rougir face à la concurrence actuelle et ne dépareillerait pas sur un album de Sodom. 
S'ensuit l'écoute de "Dein fleish" et c'est là que l'on reconnaîtra à Venom Inc un côté évolutif que ne possède pas l'alter ego Venom. Avec son titre en allemand et son tempo martial, il est clair que quelqu'un dans Venom Inc a écouté Rammstein... Alors, c'est sûr que cette chanson dépareille un peu, mais en même temps on se souviendra qu'à l'époque de l'album "The waste lands", Abaddon n'avait de cesse de caser des bribes de métal industriel dont il a toujours été friand. Et puis, ce très mid-tempo et accrocheur "Dein fleish" a aussi le mérite d'ouvrir la porte à "Blood stained", titre rampant et macabre (pour qui sonne ce glas ?) au refrain vraiment excellent, servi sur de glaciales arpèges.
Le speed "Time to die" évoque Slayer période "Show no mercy" (on pense à "Black magic"), tandis que "The evil dead" s'embourbe dans les marécages du thrash par manque d'originalité. Peu importe, puisque "Preacher man" relève le niveau de plusieurs crans d'un coup. Groovy, accrocheur, parfois fort inquiétant, ce titre s'impose comme l'une des grandes réussites de ce disque. Doté d'harmonies étranges et d'un tempo indentique, "I kneel to no god" lui ressemble d'ailleurs beaucoup, mais en un peu moins inspiré. 
Enfin, Venom Inc ne s'inscrirait pas dans la lignée du Venom originel sans des titres tels que "War" ou "Black n' roll". Le premier est tellement rapide et barbare que son refrain n'est que grognements. Quant à "Black n' roll", c'est un petit bolide marchant sur les traces d'un "Bomber" ou d'un "Ace of spades" (c'est peut-être aussi la basse speedée du début qui nous y fait penser). Néanmoins, pleurant toujours la lourde perte de Motörhead, c'est chaleureusement que nous saluerons Venom Inc pour une telle conclusion.
Vingt-quatre ans après avoir jeté l'éponge faute de reconnaissance, ce line-up un peu maudit réussit un coup de maître.



mardi 24 octobre 2017

Dire Straits : "s/t"

"Route" et "roots" sont les deux qualificatifs qui me viennent à l'esprit quand je pense à "Dire straits", l'album.
"Route" parce que ce disque se déroule sans accroc, tel le soundtrack d'un road movie, fort de splendides intonations à la Bob Dylan (la voix de Mark Knopfler), et surtout country blues soft façon J.J Cale. A son écoute, des milliers de kilomètres peuvent être avalés sans sourciller.
"Roots" parce que c'est l'album des débuts, avant que des piles de claviers et des arrangements complexes ne viennent enrichir le son du groupe. Avant aussi que certains titres blockbusters, savoureux mais différents, n'envahissent les radios et les tourneries de clips. Ici, l’environnement est pur et réduit à une expression simple : deux guitares, une basse, une batterie. 
Beaucoup ont découvert à travers cet album l'extraordinaire "picking" de Mark Knopfler, ainsi que sa force de composition ("Sultans of swing"). Certains, un peu trop gavés à "Money for nothing", ont redécouvert Dire Straits en écoutant "Dire straits".

lundi 23 octobre 2017

Muddy Waters / The Rolling Stones : "Checkerboard Lounge - Live Chicago 1981"

Les gens de Rock & Folk, toujours enclins à encenser ou à descendre, ont qualifié un peu vite cet album live de "sympathique mais anecdotique" (cf. Rock & Folk  n°600 - août 2017)
Ce fut juste mon album blues de la rentrée, mais bon...
Une fameuse collection de standards, dont certains signés par le maître lui-même ("Baby please don't go", "Mannish boy"), et un enregistrement de qualité +++ qu'il était grand temps de réhabiliter. Et si ce n'avait pas été pour la musique en elle-même, seules les circonstances auraient pu suffire ! Jugez plutôt : à la veille d'une série de trois concerts au stade de Chicago, Mick Jagger, Keith Richards, Ron Wood et Ian Stewart débarquent au Checkerboard Lounge, le club de Muddy Waters. Un simple 'day off", en somme, au beau milieu d'une tournée de 28 dates...
Le concert de Muddy a déjà commencé et c'est au cours de "Baby please don't go" que les Stones débarquent et s'installent à table. La légende du blues, n'a alors de cesse de les appeler, en commençant par Jagger qui finit par se lever et le rejoindre sur scène, progressivement suivi par Keith ("What about Keith ?") puis par Ron (Ian Stewart les rejoindra plus discrètement ensuite, forcément). La jam peut alors débuter, moment emprunt de grande spontanéité mais dont on ne doit pas se cacher qu'il a été sans nul doute été très planifié, vu la présence des caméras, des magnétos, ainsi que l'arrivée pas surprise de Buddy Guy, Lefty Dizz et Junior Wells sur "Mannish boy". Néanmoins, ce type de "rencontre" étant l'un des fondements du blues, on ne peut que se féliciter de pouvoir disposer enfin de ce témoignage audio officiel (il existe aussi en DVD).
Toute la musique est dominée par la voix grave, chaude et pointue de Muddy, les interventions de Mick Jagger étant assez discrètes, pour ne pas dire sporadiques (sauf le final "Champagne and reefer" sur lequel on l'entend particulièrement bien et tout du long). Même tarif pour les guitares et le piano des 3 autres, qui se fondent dans la masse du backing band de Mister Waters. Ce n'est donc pas, comme l'indique d'ailleurs le co-headlining de la pochette, un pur concert des Stones, loin de là.
On reconnaîtra aussi que le dernier tiers du show, hormis "Champagne and reefer", n'est pas le plus passionnant, principalement du fait de titres longs, lents et moins marquants que les précédents, tels que "One eyed woman" et "Clouds in my heart".
Pour le reste, voici un album sympathique et indispensable à tout fan de blues.

vendredi 18 août 2017

Massacra : "Enjoy the violence"

Lorsque paraît "Enjoy the violence", à la fin du premier semestre 1991, les membres de Massacra traînent déjà une solide réputation de bosseurs invétérés : 3 démos, un premier album ("Final holocaust") et une existence tournée toute entière vers la réussite de leur groupe. Pas de boulot alimentaire extérieur ; chez Massacra on répète au moins 8 heures par jour, et ce presque quotidiennement, et on empile le plus de concerts possible, un peu partout en France et aussi en Europe... 
Une vie de stakhanoviste qui aboutit à la réalisation de ce disque : un monument du death métal, ni plus ni moins. Dix titres, trente-cinq minutes d'agression musicale compulsive... Et si "Full of hatred", avec son tempo modéré et poisseux, ne calmait pas un peu le jeu en plein milieu de l'opus, on pourrait quasiment considérer cet album comme le "Reign in blood" du death, à l'échelle mondiale.
Les deux guitaristes tissent des harmonies malsaines et des séquences d'accords montantes ou descendantes saccadées, le batteur souligne les riffs et les propulse, le bassiste-chanteur agresse en permanence avec une voix d'une bestialité hors norme. Les paroles sont une description réfléchie et froide de toutes les pratiques haineuses de l'humanité.
Cet album constitue un bloc compact, pratiquement indivisible, mais on retient vite quelques titres plus marquants que les autres : "Ultimate antichrist" et son refrain parfait, "Gods of hate" en forme d'auto-hommage au groupe ("The death incarnate, Massacra, The gods of hate we are"), "Revealing cruelty" et son intro en arpèges son clair à la "Spill the blood" de Slayer (pour ensuite mieux écraser l'auditeur sous une chape de plomb ultra heavy). 
Une référence, qu'il faut avoir écouté ne serait-ce qu'une seule fois pour constater ce que quatre personnes peuvent réussir à faire avec une voix et des instruments de musique.


jeudi 17 août 2017

The Almighty : "Soul destruction" (chronique Metal Hammer)

Pour le plaisir (et l'histoire avec un grand H), la chronique d'époque de "Soul destruction", parue en juin 1991 dans le magazine Metal Hammer (qui a eu droit à quelques années d'existence en France).

jeudi 3 août 2017

Benighted : "Necrobreed"

A tous ceux qui se sont demandés un jour à quoi pouvait bien servir un blast beat, sinon à démontrer les limites physiques du batteur qui l'accomplit, il y aurait bien une solution pour réhabiliter à leurs oreilles cette pratique musicale : écouter "Necrobreed", l'album cuvée 2017 de Benighted. Chaque accélération, et Lucifer sait qu'elles sont légions sur ce disque (on parle quand même ici de death / grind), vous placera au centre d'un tourbillon, le ventre creux comme au sommet d'un grand huit au moment de l'inexorable descente. Rarement aura-t-on ressenti cette sensation de vitesse extrême...
On passe sur l'intro "Hush little baby", forcément très inquiétante puisque nous sommes ici pour aborder le thème d'une déviance psychiatrique grave (une tradition chez Benighted), et voici que se déroule la première partie de l'album, depuis "Reptilian" jusqu'à "Der Doppelganger". Les impressions sont déjà bien positives : production optimale, interprétation au millimètre et tous ces ingrédients dont Benighted a le secret pour maintenir au top l'attention de son auditeur... En vrac, on citera la multitude d'effets vocaux utilisés par Julien Truchan (le chanteur), la qualité d'écriture des riffs ("Reptilian", "Der doppelganger", l'angoissante et poisseuse partie centrale de "Forgive me father"), sans oublier le fait que le groupe se mette en quatre pour proposer un "refrain", parfois frustre mais toujours mémorisable, dans ses compositions. 
Deuxième partie en vue, et là ce sont les superlatifs qui risquent de manquer... Souvent, les musiciens mettent leurs meilleures billes au début et font du remplissage sur la fin. Les gars de Benighted ne sont pas tombés dans le piège et n'ont pas non plus fait le contraire : ils ont tout simplement optimisé les six dernières chansons pour rendre l'écoute de ce "Necrobreed" aussi addictive qu'inoubliable. "Necrobreed", "Monsters make monsters", "Cum with disgust", "Versipellis", "Reeks of darkened zoopsia", "Mass grave" : une véritable autoroute de death metal technique, brutal et angoissant, sur laquelle chaque composition a rencontré Monsieur Plus ! Des refrains survitaminés, pour lesquels on citera en particulier le saccadé "Monsters make monsters", "Versipellis" et ses paroles en français, le gruik inhumain de "Necrobreed" et l'époustouflant "Mass grave".  Des riffs qui mitraillent mais n'oublient pas non plus de tout écraser : les incroyables mosh parts de  "Reeks of darkened zoopsia", l'intro de "Cum with disgust" (doté lui aussi d'une mosh part très revigorante), le final presque poignant de "Mass grave". Des gimmicks aussi : la boîte à musique de "Monsters make monsters", l'intro "radio" de "Reeks of darkened zoopsia", les lamentations sans fin et sans lendemain de "Mass grave".
Que celui qui persiste à affirmer que "le death métal ce n'est que du bruit" soit tout de suite crucifié sur l'autel de ce véritable mur du son musical.

lundi 31 juillet 2017

Black Trip : "Goin' under"

Revival ou démarche de musiciens classiques qui étudient à en devenir formatés les sonates des génies qui les ont précédé dans le temps ?
Toujours est-il qu'avec leurs incessantes attaques de guitares jumelles et un son venu d'un autre temps, les Black Trip payent leur tribut aux grands anciens du métal. 
On trouvera bien sûr Thin Lizzy en ligne de mire : "Goin' under", le morceau-titre, pour lequel la progression d'accords sur les couplets ne laisse aucun doute (en sus des twin guitars, of course).
Mais c'est surtout Iron Maiden qui constitue l'influence majeure de ce disque. Et pas n'importe quel Maiden : celui, ultra culte, des deux premiers albums avec Paul Di'Anno (ces gens ont vraiment du goût, il n'y a pas à dire). 
L'attaque introductive frontale de pièces telles que "Radar" ou encore "The bells" ne trompe pas longtemps : il y a un peu de "Wrathchild" là-dessous... "Thirst" a des airs de "Remember tomorrow", de même que la partie néo classique qui ouvre "No tomorrow" peut renvoyer à celle qui orne le célèbre instrumental "Gengis Kahn".
Chacun pourra trouver ses propres exemples et références tout au long de ce "Goin' under" court (35 minutes) mais sympathique (on pourra même éventuellement faire un clin d’œil au "Mirror mirror" de Candlemass grâce au riffing de "Tvar Dabla").
Le son de la guitare lead est si bien calibré que l'on croirait entendre Dave Murray ou Adrian Smith poser un solo par ci par là... Il manquera juste la force de composition de Maiden, la basse vrombissante de Harris et surtout l'énergie vocale de Di'Anno, tout cela faisant que ce hard rock-là prenait vraiment aux tripes, ce qui est un peu moins le cas ici. 
Un chouette moment vintage, pochette incluse.

vendredi 28 juillet 2017

Witchfinder General : "Death penalty"


Witchfinder General, groupe culte, et "Death penalty" trésor de la New Wave of British Heavy Metal (N.W.O.B.H.M). Trésor, peut-être, mais bien enfoui car, avouez-le, on n'en parle quand même pas beaucoup, ni de cet album ni de ce groupe. On n'en parle peu, mais on les aperçoit parfois sur les T shirts de certains héros du métal : James Hetfield (Metallica), Samy Hinninen (chanteur / bassiste de feu Reverend Bizarre, d'ailleurs plus connu sous le pseudonyme hommage de "Sir Albert Witchfinder").
J'aurais beaucoup apprécié que Bruno Bages, le grand spécialiste ès doom du mensuel Rock Hard dans les années 2000, ait chroniqué ce "Death penalty" mais ça n'a pas vraiment été le cas. Dans la "Metalthèque idéale" consacrée au genre, l'album apparaît seulement sur la liste des outsiders mais ne fait pas partie des 25 "happy few". Heureusement, il y a le "Dossier doom volume 1" et, coincé entre Internal Void et Solstice, on peut lire ce tout petit filet : "Le classic doom n'est pas la chasse gardée des Américains. En Angleterre, certains nostalgiques se souviennent de Witchfinder General et de ses deux albums, "Death Penalty" et "Friends of hell". Toute une époque ! Riffs de cimetière mais clichés par trop prévisibles." C'est vraiment histoire d'en parler...
Il est vrai que ce groupe a vraiment très bien étudié son petit Black Sabbath illustré. Les riffs ne sont pas vraiment plagiaires (quoique les quelques mesures en arpèges de "Death penalty" sont si proches de "Snowblind" que c'en est troublant) mais se situent totalement "dans l'esprit" et avec le son de guitare approprié ; de même que la voix du chanteur Zeeb Parkes possède la même gouaille haut perchée qu'un certain Ozzy Osbourne... Même les formats des chansons ne sont pas le fruit du hasard : par exemple, "No stayer" ou "Invisible hate" utilisent le tempo heavy d'un "Sweet leaf" ou d'un "N.I.B", "Death penalty" ferait plutôt dans le down beat genre "Snowblind" alors que "Free country" accélère le rythme à la manière de  "Paranoid"... 
Plus curieux sur ce court album (7 chansons, 30 minutes) sont les thèmes abordés : le triptyque "sexe, rock n' roll et alcool" sur "Invisible hate", la drogue sur "Free country" (Black Sabbath l'a déjà fait avec "Sweet leaf"), le débat réfléchi sur la peine de mort avec "Death penalty", les aventures sexuelles et sans lendemain du samedi soir ("No stayer")... Passé toute cette partie à dominante sociologique, on change complètement de sujet avec "Witchfinder general", "Burning a sinner" et "R.I.P" (chasse aux sorcières pour les deux premières et déterreurs de cadavres pour la dernière). A croire que le groupe a un peu de mal à se situer sur un créneau précis...
Il ne faut pas s'attendre à un miracle avec ce disque mais à un bon moment de heavy doom à l'ancienne. La pièce de choix est définitivement "Witchfinder General" : riffing et construction parfaits, le tout saupoudré d'une ambiance sombre à couper au couteau. Un titre exceptionnel qui peut justifier à lui seul l'achat de ce disque, d'autant qu'il contient l'un des rares passages de cet opus sur lequel le groupe se laisse aller dans les délices de la vraie lenteur malsaine (il y a aussi les couplets de "Death penalty" qui peuvent faire l'affaire).
D'autres passages resteront définitivement dans la tête, comme le refrain évident de "Burning a sinner", le "Let's trip on LSD" de "Free country" ou le fameux "Give me beer" (d'ailleurs balancé sur un excellent riff de transition, très pesant) dans "Invisible hate" !
On pourra toujours réécouter le tout en scrutant les exceptionnelles photographies qui ornent la pochette : à n'en point douter, le trait de génie du groupe (de même que son patronyme et l'utilisation du lettrage gothique). L'iconographie de Witchfinder General a sans aucun doute marqué à jamais toute une génération.



mercredi 19 juillet 2017

The Almighty : "Crank"

Une petite révolution que cet album paru en octobre 1994... Le dessin anarchiste anticapitaliste avec son pointillisme et sa définition moyenne façon vieux comic book. Le lettrage du logo et du titre avec ses lettres irrégulières comme découpées sur la une d'un quotidien (on a déjà vu ça sur une pochette d'un certain groupe anglais qui a embrasé l'année 1977, n'est-ce pas ?)... 
Virage punk donc, mais petite révolution seulement, attendu que The Almighty (dont "Crank" est quand même le quatrième album) a toujours flirté avec ce genre.
"Crank" : un disque volontairement concis (40 minutes seulement) et "tout à fond". Des tempi souvent soutenus voire carrément rapides (les brûlots "Crank & deceit" et "Cheat"), ou alors franchement écrasants ("Wrench", "Way beyond belief"). Les détracteurs du groupe diront que les refrains sont bâclés : c'est indéniable que sur  "Crank & deceit", "Cheat" et surtout "Move right in" on a affaire à du primitif "dans ta face" (c'est aussi ça le punk rock). Mais "The unreal thing", "Jonestown mind" ou encore "United States of apathy" feront taire les mauvaises langues : du grand art alliant bel effort de composition et efficacité décapante.
Sur "Crackdown", on retrouve même une part du côté héroïque cher au groupe, tandis que "Way beyond belief" sonne un peu "post punk" par moments. Bref, tout cela pour conclure que "Crank" est un disque certes brut, mais aussi réfléchi.
On pourra donc le ranger aux côtés de toutes ces productions qui ont vu certains combos aller jusqu'au bout de leur art (quelques exemples : Slayer avec "Reign in blood", Marduk avec "Panzer division Marduk" et même Motörhead avec "Sacrifice", sorti d'ailleurs quelques mois après Crank.

jeudi 13 juillet 2017

The Lamp Of Thoth: "Portents, Omens & Doom"


Album difficile à dégoter, un peu comme toutes les publications sorties dans les années 2000 sur le très bon label anglais "The Miskatonic Foundation", spécialisé dans le heavy / doom et qui semble bien inactif depuis pas mal d'années.
Alors profitons de cette mise en ligne "full album" sur YouTube : sacrée aubaine pour se repaître de ce métal artisanal et grassouillet nourri à Black Sabbath ou encore Pagan Altar.
Une certaine naïveté peut-être, mais refaites-moi des "I love the lamp" (le titre d'ouverture) par paquets de dix : c'est simplement géant !
Quant à moi, je m'en vais ressortir de ce pas mes CD's Miskatonic...

mercredi 12 juillet 2017

The Almighty : "Soul destruction"

En 1991, tandis que les Guns n' Roses vivent un rêve éveillé au pays du succès, on s'aperçoit que le public a vraiment besoin d'albums de hard rock virile et urgent. Et ça tombe bien : il y a notamment The Almighty pour étancher sa soif...
A cette époque, pas une seule émission consacrée au heavy sans que l'on aperçoive Ricky Warwick et sa bande écumer les festivals, guitares Gibson Les Paul Custom en avant et forte envie d'en découdre. Un groupe qui plaque des riffs à la croisée des chemins d'Aerosmith, AC / DC, Rose Tattoo, les Sex Pistols ou encore Motörhead (pour cette dernière influence, écoutez l'introductif "Crucify" et sa double grosse caisse trépidante à la "Overkill", puis savourez tous ces refrains jetés en pâture sur l'ensemble du disque : imparables recettes, il est vrai). 
Le pire c'est que même lorsque les boys sortent les guitares acoustiques, les arpèges en son clair ou même l'harmonica, ils arrivent à être vindicatifs ! C'est le cas sur les power ballades ("Bandaged knees" et "Little lost sometimes") ou encore le temps d'une intro bluesy à souhait ("Devil's toy", "What more do you want", "Hell to pay").
Et puis, il y a aussi l'Ecosse natale des membres de ce combo, une provenance qui confère à certains riffs une puissance bien héroïque (les géniales premières mesures de "Free n' easy", répétées à l'envie, l'intro de 'Praying to the red light", le refrain martelant de "Love religion"...).
Sur l'impitoyable "Loaded", qui ferme le bal, ce sont les racines punk qui sont transcendées, préfigurant ainsi la radicalisation opérée deux albums plus tard sur "Crank".
Avec sa belle pochette digne d'un salon de tatouages, ce "Soul destruction" n'a juste pas pris une ride, et rien n'interdit aussi d'aller re-regarder sur YouTube, pour le plaisir, la démarche de guerrier de Ricky Warwick sur les concerts de l'époque (ça en dit long).
Pour preuve de son côté "référentiel", l'album a été réédité en version Deluxe avec un CD bonus composé de versions edit (dispensables), la reprise de "Bodies" des Pistols, une version acoustique ("Hell to pay") et d'autres titres live ou inédits provenant sans doute de faces B de singles. 

dimanche 9 juillet 2017

Rory Gallagher : "Irish Tour ' 74"

"Irish Tour '74"...
Ceux qui sont tombés amoureux de cet initialement double vinyle live ont souvent une anecdote à raconter pour relater leur rencontre. Comme cet internaute qui, sur le site Amazon.fr, se rappelle de son service militaire difficile dans l'est de la France, uniquement égayé par les albums de blues et de rock que quelques compagnons d'infortune insoumis parviennent à faire rentrer dans la caserne. Dont celui-ci...
J'aurais aimé découvrir ce disque plus tôt et le disséquer avec des potes, mais les circonstances et les méandres de mon parcours musical en ont décidé autrement... Peu importe finalement, puisque la rencontre a bien eu lieu, en février 2014 pour être précis. 
En vacances à la montagne, en Auvergne, j'avais emporté une guitare électrique, un ordinateur portable et quelques exemplaires récents du journal Guitar Part, histoire de travailler avec les DVD inclus et les tablatures de l'espace Pedago. C'était sans compter avec le numéro 240, fraîchement sorti et acheté dans une Maison de la presse de La Bourboule. Au sommaire, entre autres, une inoubliable étude de style consacrée à Rory Gallagher et concoctée par l'excellent Max-Pol Delvaux, l'un de mes profs préférés de Guitar Part. Je m'y mets de ce pas et je sens déjà la magie opérer à travers ces riffs gavés de blues et d'énergie : slides, bends, harmoniques, tourneries et utilisation non académique du pouce sont au programme ; sans compter le son unique du Vox AC30 que Max-Pol utilise bien évidemment. Je ne suis qu'au début de ma semaine de vacances et je n'aime pas skier, aussi je prends la voiture dès le lendemain, direction la grande ville du coin : Clermont Ferrand. Objectif atteint en une heure et, à une extrémité de la longue Place de Jaude, la FNAC me tend les bras. Je décide d'acheter deux albums live, histoire de balayer le plus de carrière possible du maître irlandais : "Stage struck" et "Irish Tour '74". De retour au centre de vacances, je commence par écouter "Stage struck" qui relate la période 1979-1980 de Rory, plus hard, et je me prends déjà une belle baffe. Mais c'est "Irish Tour '74", écouté dans un deuxième temps donc, qui déclenchera l'addiction définitive.
Fiévreux, urgent, nourri de la saturation rauque du Vox, c'est un peu l'album live idéal : un montage / collage de prises en concert capturées à Cork les 3 et 5 janvier 1974, complétées par la session du 4 janvier (répétition sans public qui a généré "Back on my stompin' ground", "Just a little bit" et les quelques secondes finales de "Maritime", un instrumental style surf music non crédité ici). Les titres interprétés ces jours-là mais qui auraient fait double emploi avec le "Live! In Europe" de 1972 ("Messin' with the kid", "Laudromat", "Pistol slapper blues", "In your town", "Going to my hometown") ont été malheureusement écartés. De même, "As the crow flies" reste le seul survivant de la partie acoustique. Il faudra attendre 2014 et le coffret "Irish Tour '74" pour pouvoir écouter le set complet de Cork (y compris les titres "In session" et les shows de Dublin et Belfast) et s'apercevoir notamment que les curieuses premières mesures de "Too much alcohol" étaient en fait la fin de "Hands off" ! 
La première partie du disque, de "Cradle rock" à "As the crow flies" est vraiment sublime : on navigue entre rock n' roll inspiré ("Cradle rock", "Tattoo'd lady") et blues incendiaire ("I wonder who" et "Too much alcohol"). Mention spéciale pour les deux dernières chansons citées : je pense que je ne m'en lasserai jamais... "As the crow flies" est une belle respiration : guitare acoustique, harmonica, cordes qui grincent... Quel feeling !
La deuxième partie, de "A million miles away" à "Just a little bit" est légèrement différente : des titres souvent plus longs, parfois folky ("A million miles away"), parfois assez heavy, préfigurant ainsi ce que Rory proposera plus tard dans sa discographie("Walk on hot coals", "Who's that coming ?").