samedi 28 octobre 2017

Raven : "Rock until you drop" (réédition 2017)

Tous les fans de métal ne sont pas identiques. De nos jours, par exemple, un amateur de gore grind n'a souvent pas grand chose à voir avec un black métalleux, lequel ne s'accordera pas vraiment avec quelqu'un se rendant aux concerts d'AC/DC.
En 1981, lorsque ce premier album de Raven est paru, tous ceux pour qui Deep Purple ou Led Zeppelin avaient un goût de "trop peu" ont accueilli "Rock until you drop" avec avidité, laissant les autres à des plaisirs déjà très institutionnalisés. Leurs discothèques dédiées à la musique "extrême" de l'époque s'en souviennent encore : il y avait déjà "Never mind the bollocks" (Sex Pistols), quelques albums de Motörhead (dont "Overkill", "Bomber" et "Ace of spades"), le premier Iron Maiden, les méfaits de Judas Priest (qui durcit bien le ton depuis "Sin after sin") ; et ce joyeux troupeau allait vite être rejoint par "Killers" (Iron Maiden), "Breaker" (Accept), "Welcome to hell" (Venom), puis, deux ans plus tard, l'arrivée d'Exciter, Metallica et Slayer. Le besoin de sensations fortes est bien là et ne fait qu'accroître...
A ce jeu-là, Raven déploie une énergie vraiment phénoménale, tout en fonctionnant sur une base plutôt hard rock, mais survitaminée. D'ailleurs, ce besoin d'en découdre et de martyriser les instruments (cf. la pochette), cette envie de vitesse accrue sur certains titres, ainsi que les montées aiguës du bassiste-chanteur John Gallagher ont toujours placé Raven à la frontière du métal, tel un Statu Quo carburant au kérosène (comparaison accrue par le fait que Mark Gallagher, le guitariste, joue parfois sur Fender Telecaster). Mais, ni Statu Quo ni AC/DC n'auraient accordé un tel crédit à la basse (le solo de "Rock until you drop", les arpèges de "Tyrant of the ariways", l'omniprésence "à la Steve Harris" de cet instrument sur "Crazy world"), et pas davantage cautionné ces chorus de guitares harmonisées ("For the future", "Wiped out") ou certains titres teintés de "Maidenite" ("Lambs to the slaughter" et "Tyrant of the airways" déployant quelques avant-goûts d'"Invaders" ou de "The prisoner"). Raven est donc le groupe pourvoyeur d'un hard mutant, livrant aux kids la dose de heavy et de folie dont ils ont besoin.
Sur cette galette juvénile, ce ne sont pas les classiques qui manquent : le nerveux "Hell patrol", le rock n' roll "Don't need your money" et l'indispensable "Rock until you drop" ont tous trois des racines très traditionnelles mais continuent de hanter les shows du groupe. Même sentence pour "Tyrant of the airways", plus progressif et métallique, dont le pont instrumental atmosphérique est le brouillon de ce que Raven produira deux albums plus tard sur "Run silent, run deep".
Cette réédition, qui a au moins le mérite de rendre "Rock until you drop" à nouveau disponible au plus grand nombre, se présente sous la forme d'un fin digipack à 2 volets, les paroles et les crédits étant imprimés à même le carton. Pas de livret contenant une biographie ou des photographies inédites. On regrettera aussi que les trois titres bonus ("Wiped out", "Inquisitor" et "Crazy world") soient fournis sans la moindre explication (on s'aperçoit fortuitement qu'ils sont "bonus" puisque le relevé des textes s'arrête à "Tyrant of the airways"). Cette "reissue 2017" ne sera donc pas l'objet définitif que certains fans attendaient.
Une petite recherche, et l'on découvre que "Wiped out" apparaissait en face B du 7"single "Don't need your money", que "Crazy world" était la face B du 7"single "Hard ride" et que "Inquisitor" avait été enregistrée pour la compilation "Lead weight" à l'initiative du label Neat (celui-là même qui signa Raven à ses débuts). Voilà, ce n'était pas compliqué, n'est-ce pas ?


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