lundi 28 décembre 2020

Raven : "The complete Atlantic recordings"

Cette réédition, à l'initiative du petit label Wounded Bird Records, fait un peu grincer des dents sur Internet : 2 CDs et donc 2 albums par CD, là où beaucoup de gens auraient préféré un mini coffret avec 4 CDs, chacun d'entre eux inséré dans une pochette cartonnée... C'est vrai que pour la repro des visuels de ces sorties chez Atlantic (et les informations censées aller avec), c'est très très (trop) petit ! Il semblerait également qu'il n'y ait eu aucune remasterisation à l'horizon... Mais bon, ne crachons pas dans la soupe d'une initiative qui remet à disposition, pour un prix modique, des enregistrements difficilement trouvables à l'heure actuelle (et, si oui, à des tarifs pas cools).
Pour Raven, le temps passé chez Atlantic se résume à un laps de temps assez court : 3 années (1985, 1986 et 1987), qui ont bien failli avoir la peau du groupe anglais ! 
Et ça démarre avec "Stay hard". Successeur du réussi et prometteur "All for one", cet album ne subit que très peu l'influence d'Atlantic, puisque le groupe arrive avec le gros des enregistrements déjà accomplis. La maison de disques demande juste de réenregistrer un vieux titre ("Hard ride") et finance une session studio pour le futur single "On and on". Raven, quant à lui, invite une section de cuivres pour agrémenter l'instrumental "The bottom line". Le résultat ne se fait pas attendre : les fans se focalisent sur les trompettes du titre précité, le refrain assez "chantant" de "On and on", et qualifient même la production de "commerciale" (c'est vrai que le son est légèrement plus ouvert que d'habitude, mais bon...). Dommage, car, dans le fond et dans la forme, "Stay hard" est un bon disque, dans la pure lignée "All for one" : pêchu la plupart du temps, un poil progressif quand il le faut ("Pray for the sun", le digne fils de "Run silent run deep").
Le virage commercial, le vrai, arrive avec "The pack is back". Atlantic, cette fois responsable de la suite des événements, envoie Raven enregistrer à New York, en compagnie du producteur Eddie Kramer, un disque radio friendly, peaufiné à l'extrême, et qui n'est pas sans rappeler l'orientation qu'est en train de prendre Def Leppard (ils en sont à "Pyromania"), ou bien le contemporain "Turbo" de Judas Priest. Sur "Hyperactive", Raven sonne quasiment funky, et c'est clair que "The pack is back" (la chanson) est calibrée à mort pour se graver dans votre tête (ce qu'elle fait d'ailleurs fort bien). Mais, sous des couches de batterie électronique et de guitare synthé, Raven reste avant tout un groupe de hard / heavy ! De sorte, que les puristes sont déçus et que les ingénus qui n'aiment pas ce style extrême n'accrochent pas du tout. Une pure plantade, et un album qui divise toujours plus de 30 ans après, entre ceux qui l'apprécient (et c'est vrai qu'il faut au moins faire l'effort de le réécouter : ça vaut quand même le coup) et ceux qui le détestent.
La suite, c'est l'EP "Mad" sur lequel Raven démarre sa rédemption : cinq titres issus des sessions d'écriture de "The pack is back" mais qui n'ont pas trouvé place sur cet album... Et pour cause : ils sont plus virulents ! De même, la production se veut plus brute, plus pure, même si le groupe garde son cul entre deux chaises : on entend encore des traces d'arrangements synthétiques ("Speed of the reflex", "How did ya get so crazy"), ce qui n'est pas totalement rassurant. 
Le dernier acte de Raven chez Atlantic sera donc l'album "Life's a bitch" (1987). L'année où Def Leppard embrasse le succès avec le FM "Hysteria", Raven fait volte face et grave un disque "comme au bon vieux temps"... Enfin, pas tout à fait : "Life's a bitch" est un album agité et pas gentil, mais il a un son plus heavy métal que d'habitude (peut-être force-t-on un peu trop le trait de la méchanceté). Bien rempli (13 titres), il affiche également une inspiration en retrait ; une certaine linéarité, un peu comme si les velléités mélodiques avaient été soigneusement rabotées. Mais il est clair qu'un titre athlético-speed tel que "Overload" ne peut qu'apaiser les aficionados de Raven : le groupe a toujours la fièvre, comme à ses débuts, jusque dans les paroles ("Everything louder than everything else"... ça ne vous dit rien ?).


 

samedi 26 décembre 2020

Primal Fear : "Metal commando"

Treizième album pour le groupe qui a accueilli dès ses début l'exceptionnel chanteur Ralf Sheepers : vocaliste sur les 3 premiers opus de Gamma Ray, avant de se faire remercier, principalement pour avoir travaillé d'arrache pied et posé sa candidature pour intégrer Judas Priest (c'est finalement Ripper Owens qui remplacera Rob Halford le temps de deux albums...).
Treizième album donc, et premier pour moi, pauvre auditeur... Quelques chansons croisées çà et là sur des samplers, au cours de ces plus de 20 ans d'existence, mais c'est tout... Curieux car je suis pourtant un inconditionnel de la performance de Scheepers sur le premier album de Gamma Ray ("Heading for tomorrow") : cela aurait dû faire mouche depuis longtemps ! Il aura donc fallu quelques mots-clés au fil des articles et chroniques consacrés à ce "Metal commando" ("retour au métal après des errances", "retour sur Nuclear Blast", "son incisif, compact, thrash comme sur Jugulator") pour déclencher la pulsion d'achat. 
Des regrets ? Que nenni ! C'est vrai que c'est du grand heavy métal. C'est vrai que le son est explosif : il est moins sec et thrashy que sur "Jugulator" (le fameux premier album du Priest sans Halford) ; il est chromé, d'une définition exemplaire et il remplit tout l'espace... Totalement addictif !
L'influence est bien sûr Priestienne, mais pas seulement : ce métal peut aussi évoquer Helloween ("Halo"), Accept ("Raise your fists"), In Flames (le riff / chorus de "The lost and the forgotten"). Et puis, même au sein de la pure chapelle Judas Priest, on peut faire la distinction entre un versant qui sonne plutôt héroïque ("I am alive", "My name is fear"), et un autre davantage porté sur la noirceur et de la violence en germe, se rapprochant justement de "Jugulator" ("Along came the devil" et ses harmonies guitares maléfiques, "Afterlife", "The lost & the forgotten", les couplets de "My name is fear"). Sans compter d'autres éléments assurant la variété de l'album : la ballade "I will be gone" (incroyable car sans batterie et pourtant pas unplugged), et la pièce power prog de plus de 10 minutes ("Infinity"). 
Quant à Ralf Sheepers, c'est un festival vocal : aigu et puissant à la "Painkiller" (de nombreux titres, mais notamment les couplets de "Along came the devil"), beau et brillant ("I will be gone"), menaçant et un brin éraillé ("Hear me calling"). 
Rien à ajouter : une super sortie métal, en attendant le nouveau Accept début 2021 !


 

lundi 21 décembre 2020

Hitchhike : "Téquila!"

Quelle surprise et quel plaisir de retrouver cette "masterpiece" issue de la scène métal Lyonnaise... C'est en 1988 que Hitchhike a publié ce mini LP autoproduit intitulé "Téquila!"... Peut-être même avez-vous encore le 33T original avec le problème d'impression collector sur la pochette (tous les éléments en couleur apparaissaient alors dans des tons rosâtres) ? Ou tout simplement en gardez-vous le souvenir, mais sans grand espoir de remettre un jour la main sur cette pépite ?!
Eh bien c'est chose faite. Quelques tours de CD pour retrouver les sensations de l'époque : en cette fin d'années 80, Hitchhike était un groupe qui franchissait les frontières du simple heavy métal. On peut dire que ça commençait à dépoter, que ça désossait pas mal (cf. les nombreux ossements de l'illustration ?)... Oh, rien de très violent, mais une approche tendant vers la modernité, très basée sur les riffs, ainsi qu'une manière assez originale de poser des lignes vocales dessus (autant en profiter, ils ont alors un chanteur qui a du coffre : Gilles Tess). Sans vouloir spoiler la personnalité de Hitchhike, on peut dire, en guise d'indication, que le jeune Megadeth est un peu en ligne de mire de cette musique (notamment, quelques solos aux intonations très Chris Poland : "Down by the hammer" et surtout "Nuclear's love"). En même temps, on peut aussi penser aux collègues français d'ADX en savourant le speed "Hitchhike" et le petit clin d'oeil latino rigolo à la fin de "Tequila" ; tandis que le riff-galop de "Nuclear's love" et quelques chorus rappelleront furtivement Maiden... En tout cas, il n'y a rien à jeter sur ce mini LP de très bonne tenue ; aussi, continuons à célébrer les Attentat Rock, les Warning, les Blasphème, les Sortilège... mais, de grâce, n'oublions plus de citer Hitchhike à leurs côtés.
Qui dit réédition No Remorse dit bonus tracks et, ici, nous avons droit à la démo "Steel wheels" de 1990. Très intéressant enregistrement, qui jette d'ailleurs un éclairage plus précis sur les influences de Hitchhike. Sur "Steel wheels", le groupe a changé de chanteur : le nouveau vocaliste, William "Wils" Desarsens, est moins lyrique, plus rauque. En même temps, il est raccord avec une musique qui a perdu ses ors heavy métal pour se tourner vers un thrash affirmé, avec un son plutôt compressé (exit la flamboyance). Ainsi, on croisera Metallica à l'occasion du refrain de "Gave it all" (forte ressemblance avec celui de "Whiplash"), des harmonies inquiétantes du très réussi "Please" (au départ, on pense à "Welcome home (Sanitarium)", mais le développement est différent, puisque l'on aboutit même à un superbe solo d'harmonica), de l'instrumental atmosphérique à la basse ayant pour nom "Call of Mars" ("Orion" ? "Anesthesia" ?). Sur les autres titres, les riffs s'enchevêtrent comme des ronces musicales : la fièvre d'Exodus n'est pas bien loin.