samedi 31 décembre 2016

The Dead Daisies : "Make some noise"

Peut-être cet album pourra-t-il résumer la tendance de l'année 2016, que j'ai trouvée très orientée vers le hard rock traditionnel, le blues et plein de petites douceurs vintage. 
The Dead Daisies est un "super groupe" à géométrie variable, qui a eu notamment la délicatesse de nous faire reprendre contact avec John Corabi, le chanteur qui, souvenez-vous, avait remplacé Vince Neil au sein de Mötley Crüe, le temps d'un unique album (c'était dans les années 90). Un frontman classe, expérimenté et donc la voix éraillée mais ouverte rappelle parfois Steven Tyler... Le reste du groupe, inutile de s'étendre sur le pédigree de chaque membre, s'y connaît et assure.
Si cet album était paru il y a vingt / trente ans, il aurait pu avoir beaucoup de succès, et un titre brillant tel que "Song and a prayer" se serait d'ailleurs très bien classé dans les charts... On aurait pu entendre aussi à la radio  "Long way to go", plus heavy mais dont le refrain est une vraie ventouse pour nos petites oreilles, ainsi que "Freedom", taillé pour la route et dont le groove se rapproche un peu du "Gimme all your lovin" de ZZ Top. "Make some noise" (la chanson) est une véritable pièce de stadium rock, une sorte de "We will rock you" conçue pour exciter les foules (nul doute que ça marchera très bien en concert). Il y a aussi un brûlot ("Maintime") et deux reprises qui montrent que le bon goût a encore ses chances : "Fortunate son" (Creedence) et "Join together" (The Who), toutes deux bien exécutées et s'insérant parfaitement dans le répertoire du groupe. 
Le reste du disque se consomme sans modération : bons riffs et bons refrains pour "We all fall down", "Last time I saw the sun" et "Mine all mine". "How does it feel" et "All the same" (avec son riff introductif genre "Quand la musique est bonne" de Goldman) ne sont pas désagréables à l'oreille mais font un peu "remplissage" par rapport au reste.
Un disque qui fait du bien et que tout amateur de groupes tels que Creedence, ZZ Top encore Aerosmith appréciera.

jeudi 29 décembre 2016

Rage : "The devil strikes again"

Avec cet album qui a fait riffer mon été 2016, Rage est donc de retour, affichant pour le coup une forme olympique. Nouveau guitariste, nouveau batteur, et toujours cette formule de power trio qui lui sied si bien... 
Car ce "The devil strikes again" est une cathédrale de speed et de riffs heavy qui pilonnent, à la frontière du thrash metal. Il n'y qu'à juste écouter ce mur de guitares qui accueille l'auditeur sur le morceau-titre, en ouverture de l'album. Quelle intensité !
D'ailleurs, ce disque est un catalogue d'influences métalliques, dans lequel on pourrait presque faire ses courses... Au détour des chansons, on pensera à Sodom ("The devil strikes again"), à Megadeth période "Rust in peace / Youthanasia" ("The final curtain" et "Ocean full of tears" dans lequel le chant suit les riffs sur les couplets), aux cavalcades typées Maiden ("War"), à Anthrax (l'intro et le chant scandé final de "Deaf, dumb & blind", la mosh part centrale de "My way"), à Grave Digger ("Spirits of the night") et même à Slayer (l'intro thrash de "The dark side of the sun"). 
Tout cela ne doit bien sûr pas nous détourner d'une seule et unique vérité : nous écoutons un album de Rage avec cette science de la mélodie sur les couplets, et surtout sur les refrains. Ceux-ci vont de l'ultra simple mais évident ("Deaf, dumb & blind") au très élaboré ("The dark side of the sun", génial et presque apaisant par rapport au reste de la chanson). Certains refrains se ressemblent un peu ("My way" et "War"), d'autres font monter Peavy dans les tours ("Spirits of the night"), mais tous sont les témoignages que la marque de fabrique du groupe est toujours bien présente.
Le guitariste a donc changé (exit le virtuose Victor Smolski) et pourtant il est fondamental de noter que ce disque brille aussi par la qualité de ses breaks lumineux et de ses soli qui en appellent à l'influence mélodico-moderne d'Andy La Rocque ("The devil strikes again" et "Deaf, dumb & blind") ou aux fameuses twin guitars de Thin Lizzy / Iron Maiden ("Back on track", "Spirit of the night"). Un peu de pesanteur aussi avec le break doom traversé de guitares sinistres du mid-tempo "Times of darkness". 
Un très bon cru, aussi cru qu'élaboré.

dimanche 25 décembre 2016

Darkthrone : "Arctic thunder"

Acheté, écouté, mis de côté puis ressorti et, enfin, adopté.
Ce nouveau cru 2016 est le travail d'un groupe qui était parvenu à une sorte d'accomplissement sur son précédent méfait, "The underground resistance". Il a fallu réfléchir, tergiverser même, pour dépasser ce qui paraissait indépassable et on ne pourra pas reprocher à l'auditeur d'en avoir fait autant. 
Nouvelle ère donc, ce qui conduit du coup à certains réaménagements : un livret moins chargé en photographies et en commentaires que d'habitude, la fin des "recommandations" de Fenriz en matière de métal obscur et/ou old school ainsi que le fait que le gaillard ait décidé de ne pas chanter du tout sur cet opus.
C'est donc Ted "Nocturno Culto" qui tient le micro 100 % du temps, ce qui confère une indéniable unité à l'ensemble et fait dire à certains que le groupe est revenu à ses racines black métal, refermant ainsi la semi-parenthèse speed ouverte par Fenriz depuis une bonne décennie. Pas faux, sauf que Darkthrone s'est lancé en même temps dans l'exploration d'un style nouveau pour lui : le métal lent, un terme générique qui peut englober bien des choses (le doom, bien sûr, certains riffs d'intro ou de transition qui existaient chez de vieux groupes de thrash des 80's, mais aussi les parties d-beat que l'on peut entendre dans les chansons de Bathory). C'est donc cette diversité qui empêchera de dire que ce nouvel album est entièrement constitué de matériel lent, même si l'on ressent globalement une lourdeur inhabituelle...
La grosse surprise restera sans doute "Boreal fiends" qui, un peu comme Reverend Bizarre en son temps, sonne comme la rencontre entre Black Sabbath et Burzum (ces coups de cymbales lugubres du début sur un riff quasiment en son clair, tout comme l'incantation qui annonce la funeste deuxième partie). Tout aussi inattendu, "Inbred vermin" se termine en longue procession doom après avoir pourtant bien dépoté sur les deux premiers tiers... Le mid tempo "Throw me through the marshes" est aussi heavy qu'addictif, la faute à des riffs qui engluent à coup sûr et à des lignes vocales qui les accompagnent fort bien. Sur "The Wyoming distance", Fenriz célèbre sa passion pour le old thrash en démarrant son propos par un riff aux allures de mosh part, tandis qu'un lointain clin d’œil à "The thing that should not be" nous est adressé ensuite.
Plus classiques (mais sur des tempi qui sont loin de s'emballer) "Tundra leech" et "Arctic thunder" sont des réceptacles à riffs heavy intéressants, avec un petit côté héroïque en plus. 
Le black sera surtout mis à l'honneur sur "Deep lake trespass" avec son riff moderne autant qu' atmosphérique (mais quel dommage que la fin ressemble tant à celle de "Tundra leech") et surtout "Burial bliss" qui est le titre le plus rapide / frénétique du lot.




mercredi 21 décembre 2016

Glenn Hugues : "Resonate"

Depuis la mort de Lemmy, l'an dernier, c'est dingue comme tout le monde a réalisé que nous vivions dans un monde bien éphémère où tout finira par disparaître. Vous êtes nés avec les Rolling Stones (c'est un exemple, bien sûr, pris au hasard), mais vous mourrez probablement sans... 
Alors, investir dans ce nouvel album solo de Glenn Hugues, bassiste / chanteur ("The voice of rock") à l'oeuvre depuis le début des 70's , c'est faire confiance à une valeur sûre et en profiter tant que c'est encore possible. 
Coup de poker : ce disque classieux est véritablement habité. Nous ne sommes pas si loin que ça du hard FM, mais sans jamais franchir le pas, ce qui est une bonne chose. Ici, on parlera de hard rock mélodique, soutenu par une basse groovy très présente et des claviers à la Jon Lord (le son est un peu différent quand même, plus "moderne" peut-être). 
On a pu lire par ci par là que ce disque était le plus heavy sorti par Glenn Hugues depuis longtemps, et c'est vrai qu'il y a du lourd dans ce tracklisting : "Heavy" (l'excellent single très bien nommé), le martelant "My town", le lourd "Flow" et son riff aussi simple qu'évident, le couple basse / guitare sur "Let it shine", la montée en puissance de "God of money" et surtout "How long" sur lequel Glenn s'arrache les cordes vocales bien comme il faut.
Mis à part "Stumble & go", un peu plus faible, vous ressortirez de ce disque avec des refrains marquants dans la tête, mais aussi de vrais moments de grâce et de lumière : le passage central de "Flow", un "Let it shine" pourtant bien rampant sur le principe mais qui s'envole littéralement, l'angélique "Steady" et l'apaisant "When I fall". Cette insoutenable légèreté, nous la devons aux claviers, omniprésents, et surtout à la voix de Glenn, gorgée de soul et de feeling. 
On pourra enfin sautiller sur le funky (mais pas ridicule) "Landmines" avec son drôle de pont au vocoder. 
Après le très bon album de Last in Line, publié il y a quelques mois, voici encore un super disque qui sort sur le label Frontiers...

mardi 20 décembre 2016

The Apartments : "Drift" dans le quartier de la Butte aux Cailles (Paris 13ème)

C'était le lendemain du 11 novembre et il y avait un fin brouillard grisâtre sur la capitale, qui n'aura pas percé de la journée (alors que 50 km avant, dans la campagne, il faisait soleil).
Pour accéder au quartier historique de la Butte aux Cailles, situé dans le 13ème arrondissement, on peut descendre au métro Corvisart, qui est aérien et assez élégant. Sur le boulevard, on voit les structures métalliques qui abritent les étals du marché Auguste Blanqui. 
La rue Eugène Atget, juste en face du métro, passe sous le porche d'un immeuble sans charme et continue sous la forme d'une volée de marches, puis d'une voie piétonne.
On accède alors au petit Jardin Brassaï depuis lequel on aperçoit Le Monde...
C'est là que je mets en route le lecteur MP3 pour écouter les premières mesures mélancoliques du deuxième album de The Apartments.  Vu la grisaille du jour, c'est de circonstance.
Donc, voici le quartier de la Butte aux Cailles, juste au-dessus du Jardin Brassaï. Ici, nous sommes à l'angle de la rue des Cinq Diamants et de la rue de la Butte aux Cailles. Le quartier est un vaste îlot de petites rue pavées, de maisons de ville et d'immeubles bas (rarement plus de trois étages). Il y a aussi quelques graffitis sur les façades, les grands ensembles du 13ème arrondissement au loin et "Mad cow" dans les oreilles.

Toujours dans la rue de la Butte aux Cailles, de nombreux restaurants et notamment celui-ci : "Le Temps des Cerises" où j'avais dîné un soir, il y a plus de 20 ans, au temps de ma vie étudiante et universitaire (une tête de veau à vomir...).
L'une des "portes" du quartier, au plus bas de la rue de la Butte aux Cailles.
Quelques mètres plus loin, une fois la rue Barrault traversée, me voici devant "La petite Alsace" dans la rue Daviel. Je crois que j'en étais à "Places where the night is long".
 Cette cité-jardin d'un autre temps vaut le coup d’œil, même si le plus intéressant doit se trouver dedans, une fois l'élégant portail en bois franchi !
En face de "La petite Alsace", dans l'axe de l'entrée ou presque, se trouve la charmante Villa Daviel, qui rappelle les villas du 19ème arrondissement (quartier Danube).  Sauf qu'une fois de plus, l'horizon est barré par un immeuble immonde...

lundi 19 décembre 2016

The Apartments : "Drift"

Avec la réédition de ce deuxième album (soutenue par la région Aquitaine !), The Apartments continue de nous hanter avec ses hymnes fragiles et soft. 
Au maximum du maximum, une Telecaster ou une Rickenbacker se pare d'un overdrive de bon aloi, sur des titres tels que "The goodbye train", "Over" ou encore le final "What's left of your nerve", les plus électriques du lot. Sinon, nos oreilles sont caressées par des sons clairs chorusés, des guitares acoustiques et, parfois, un petit ensemble d'instruments à cordes frottées ("Places where the night is long", "All his stupid friends" et "Mad cow", ce dernier ne passant pas loin d'un côté légèrement déglingué à la "Lovecats" de The Cure). 
The Apartments, c'est toujours la voix décharnée mais envoûtante de Peter Milton Walsh, déclamant des couplets et des refrains pour lesquels on se dit, au premier abord, qu'on ne les retiendra jamais. Et pourtant... Quelques écoutes, et il est bien difficile de se défaire des lignes vocales de "On every corner", "Places where the night is long", "All his stupid friends" et de l'excellent "Mad cow" dont on parlait un peu plus haut.

On ajoutera à tout cela les photos introspectives, en bleu et blanc cette fois, qui illustrent les couvertures et le livret (une habitude chez The Apartments). Elles représentent la nuit, le brouillard du petit matin, la solitude, le vide, l'ennui des derniers lampions d'une fête qui s'achève et tous nos problèmes qui nous rejaillissent à la figure. Un peu d'ébriété, aussi... L'illustration idéale pour la musique que distille ce groupe, la plupart des clichés montrant un Paris nocturne, ce qui n'est guère étonnant puisque Peter Milton Walsh n'a jamais caché un fort penchant pour la France.
A noter : cette réédition est fournie avec trois inédits au son plus que correct, provenant de démos enregistrées à Londres en 1986 sur un 8 pistes : "You wanna cry STOP (I'm the staying kind)", assez entraînante, "Calling on jean" et "On every corner".


dimanche 18 décembre 2016

Sodom : "Decision day"

Un album ? Non, une véritable de leçon de thrash !
C'est simple : tous les artifices, tous les procédés du genre sont ratissés large. Et pour les tempi - vous savez quoi ? - on va du très rampant ("Strange lost world") à la petite boule d'agression rapide, compacte et sans temps mort ("Blood lions"). Parfois, il y a même toutes les variantes à l'intérieur de la même composition ("Belligerence"), à travers des structures évolutives du meilleur effet... 
Oui, mais on pourrait se dire : "Album de thrash metal = bruit gratuit, sans queue ni tête"... 
Ici, c'est assez simple : tous les refrains font mouche. On les retient, ils ont du sens et ils constituent l'une des grandes forces motrices de ce magistral opus.
Au détour des chansons que vous entendrez défiler sans voir le temps passer, les vétérans de Sodom adresseront des clins d’œil et des poignées de mains à quelques pointures du genre : riffs macabres à la Slayer période "Black magic" ("Decision day", "Vaginal born evil", "Blood lions"), motifs heavy flamboyants et quelques arpèges qui chassent un peu sur les terres de Megadeth (il y a un peu de "Tornado of souls" dans "Rolling thunder"), et puis l'imparable "Caligula", ni plus ni moins le cousin germain (ah, ah !!) thrash de "Ace of spades".
Il faut dire que cette pochette signée Joe Petagno nous attirait l’œil depuis un petit moment... Non, remballez tout de suite. Aucune trahison ni agissement de vautour en vue : les gars de ce power trio diabolique venu d'outre Rhin ne sont pas là pour remplacer Motörhead. Juste nous démontrer qu'en 2016 la musique heavy continue à vivre et qu'il y a toujours des spécialistes pour assurer cette mission d’intérêt public.