mercredi 8 août 2018

AC / DC : "If you want blood you've got it"

D'abord, un petit détour par le magazine Rock Hard et cette excellente rubrique intitulée "Les 10 commandements de...", dans laquelle un musicien raconte sa dizaine d'albums préférés et les conditions, parfois rocambolesques parfois banales, de la découverte de chacun d'eux. Eh oui, au détour d'un achat non planifié, d'un placard ou même d'une poubelle, il y a parfois une découverte qui va nous marquer à vie...
Dans mes 10 commandements à moi, il y aurait sans aucun doute ce "If you want blood you've got it" d'AC / DC, album live enregistré en 1978, donc (sauf erreur) sur la tournée "Powerage".
J'ai acheté cette cassette audio dans le bac à soldes d'un petit supermarché de Gironde, sur mon lieu de vacances, l'été 1985. Un hasard complet, mais comme le destin fait parfois bien les choses (et le prix des cassettes étant particulièrement dérisoire), j'ai aussi pris le même jour, dans le même bac, le sublime "Nebraska" de Bruce Springsteen... 
Mais revenons à "If you want blood you've got it" : je ne cacherai pas que mes premiers pas avec cet album ont été un peu tendus ! Peu habitué au rock n' roll et au blues, j'ai frôlé l'incompréhension à l'écoute du magma brut qui sortait des enceintes... "Brut", "rêche" sont bien les adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier le son du jeune AC / DC sur ce live ; mais j'ajouterais aussi "électrique", en référence notamment au bruit de transformateur haute tension qui démarre le concert !
Mais bon, nos meilleures découvertes musicales naissent souvent d'un choc artistique, et malgré cette production sans fioriture qui me heurtait un peu les oreilles, il faut bien admettre que cette cassette revenait sans cesse dans mon lecteur. Car "If you want blood you've got it", en plus d'être l'un des albums live à avoir réussi la mise sur bandes de l'énergie scénique, est aussi une compilation de titres géniaux, portés par un chanteur inoubliable : Bon Scott.
Les chansons délicieusement allongées et customisées pour la scène, porteuses de solis fiévreux ("High voltage", "Let there be rock"), côtoient les brûlots ("Rocker", "Problem child", "Riff raff"), le blues menaçant et salace ("The jack") ou à la "Mannish boy" survitaminé ("Whole lotta Rosie"), ainsi que quelques compositions plus posées ("Hell ain't a bad place to be", "Rock n' roll damnation", "Bad boy boogie"). Dans tout cet ensemble, la magie des riffs et des refrains opère en permanence.
Par la suite, j'ai souvent rêvé refaire une découverte aussi marquante que "If you want blood you've got it", souhait qui a parfois été réalisé, bien entendu. Au côté de cet album sauvage, je citerais par exemple le "Live at Woodstock" de Jimi Hendrix, le "Live bootleg" d'Aerosmith, ou encore le "Live after death" d'Iron Maiden. Par contre, certains albums mythiques  n'ont pas forcément fait mouche dans mon esprit : c'est le cas du "No sleep 'til Hammersmith" (Motörhead) dont, à mon sens, une partie de l'énergie vitale n'a pas été retranscrite par l'enregistrement.

samedi 4 août 2018

Guns n' Roses : "Appetite for destruction" (deluxe edition - 2cd)

Voici donc l'édition deluxe 2cd, parue à l'occasion de l'anniversaire des trente ans de l'un des plus grands disques du rock n' roll : "Appetite for destruction".
D'emblée, soyons bien clair : il est inutile de revenir sur le contenu providentiel de l'album original qui est proposé sur le premier cd. Pour cela, ne paraphrasons pas et laissons la parole à une chronique parue en 1990 (cf. "Appetite for destruction - D'Head Banger magazine"). En fait, le seul point méritant un commentaire serait plutôt : pourquoi remastériser un album dont le son d'époque était déjà idéal ? Bienvenue dans le premier cercle de l'enfer du music business...
Le cd n°2 s'appelle "B-sides, EPs n' more", mais il plaira moyennement à ceux, nombreux, qui possèdent déjà "Live ?!*@ Like a suicide" et surtout "G N' R Lies" : ils retrouveront tels quels "Reckless life", "Nice boys", "Move to the city", "Mama kin", "Patience" et "Used to love her"... Il n'y a rien à dire sur ces titres, qui sont de vraies merveilles, mais la méthode laisse à désirer, d'autant que vous aurez peut-être déjà noté l'absence de "One in a million" (ce qui signifie que l'achat de "G N' R Lies" n'est pas devenu obsolète, d'autant qu'il contient une version acoustique de "You're crazy" légèrement différente de celle fournie sur cette réédition). Bienvenue dans le deuxième cercle de l'enfer du music business...
Beaucoup plus intéressant, le cd n°2 rassemble aussi des titres disséminés parus sur des faces B de singles ou sur des EP's : pas mal de versions live ("Shadow of your love", "It's so easy", "Knockin' on heaven's door", "Whole lotta rosie") ainsi que la version acoustique de "You're crazy" dont on parlait tout à l'heure.
Enfin, le nirvana tant attendu : les inédits. En tête, balancée en avant-première et en éclaireur de cette campagne de rééditions, la version studio de "Shadow of your love" : enregistrée dans le même lieu que celui qui sera utilisé pour "Appetite for destruction" deux mois plus tard, et avec le même producteur, elle a servi de démo-test pour apprécier en conditions réelles quel son pourrait mettre en valeur le potentiel incroyable du groupe. 
Un tout petit peu plus anciens (quelques mois avant ce "Shadow of your love" test), nous avons droit à 5 titres enregistrés en guise de démos aux Sound City Studios : "Welcome to the jungle", "Nighttrain", "Out ta get me", "Paradise city" et "My Michelle". Le son est brut et l'interprétation urgente, sachant que le groupe a mis en boîte 29 titres en 48 heures (dont les 5 qui nous sont proposés). Honnêtement, avec cette production spartiate, ce sont les titres les plus agressifs qui tirent leur épingle du jeu (comme "Out ta get me" ou "My Michelle"). Pour les autres, plus nuancés et élaborés, il faudra attendre l'habillage du producteur providentiel Mike Clink pour en sucer vraiment la substantifique moelle... Par contre, l'état d'avancement du processus de composition est déjà impressionnant. Beau trésor de guerre, mais pour écouter le reste (ou presque) de ces "Sound City sessions", il faudra acquérir l'édition super deluxe, et débourser près de 150 euros ! Apprécier Guns n' Roses a clairement un coût... Pour se consoler, en attendant de réunir la somme, une version acoustique inédite de "Move to the city" nous attend en fin de parcours.