mercredi 27 décembre 2017

Immolation : "Failures for gods"

Non content de pouvoir figurer dans le Top 50 des plus belles pochettes du métal, ce troisième effort d'Immolation, sorti en 1999, propose un death metal autant porté sur la technique que sur l’atmosphère.
Ce qui frappe d'ailleurs, après seulement quelques secondes d'écoute, c'est cette production sourde qui, mise bout à bout avec les riffs chaotiques et la voix caverneuse du bassiste-chanteur, contribue fortement à créer une ambiance de barbarie presque étouffante. La bande son d'un moyen âge obscurantiste, sale et dangereux, ni plus ni moins. Quarante minutes de trip donc, dont le grand gagnant est l'auditeur avide de sensations dark ; le parent pauvre étant ce son de batterie sec et mal défini, aussi misérable que lorsque votre petit frère tape sur des barils de lessive en carton...
Les deux premiers morceaux ("Once ordained" et "No Jesus, no beast") sont un cas d'école. On aurait pu s'attendre à un magma sonore informe et il n'en est rien : ce sont bien des chansons à part entière avec des couplets, des ponts, des cassures et un refrain, comme celui, addictif, de "Once ordained" : "You will all be fooled, You will all be fooled, When he reveals himself, When he reveals himself, You will all be fooled, You will all be fooled, He sees within your hearts, He sees within your souls". Deux titres : deux merveilles.
Sur la partition suivante, "Failures for gods", Immolation se fait plus complexe. Voici une pièce longue, sinueuse et riche en émotions. Après une intro brillante, véritable symphonie mystique faite de guitares saturées, le riff qui soutient les premières lignes de chant est si saccadé que l'on pourrait craindre une rupture imminente (qui n'a bien sûr pas lieu). Après quatre minutes de parcours sans décrochage, un solo de basse se charge de sonner le glas et d'annoncer le refrain. Grandiose !
On poursuit avec "Unsaved", sorte de Carmina Burana électrique, particulièrement sombre et menaçant. Là encore, le format "chanson" est respecté, même si le refrain pourra sembler plus difficile à déceler que sur un "No Jesus no beast".
"God made filth" et "Stench of high heaven" ont un propos musical moins évident. Ils perpétuent bien sûr cette formidable ambiance de peste noire qui perdure depuis le départ, mais on n'en retient pas grand chose, mis à part quelques gimmicks.
Rien à voir avec le riff visionnaire qui ouvre "Your angel died". Il conditionne le reste du morceau qui, jusqu'aux guitares flangées de la fin, réclamera quand même une certaine attention du fait de ses nombreuses variations et cassures. Au passage, mention spéciale pour l'inventivité hors pair du guitariste Robert Vigna, d'ailleurs toujours fidèle au poste presque vingt ans plus tard.
Enfin, place à "The devil I know". Démarrage lent et pompeux, puis les riffs s'emballent et débouchent, on ne sait comment, à un final instrumental chargé de clore les débats, nous donnant l'impression de survoler une dernière fois, sur le dos de quelques créatures mystérieuses et majestueuses, le paysage désolé qui s'est imposé à nos yeux depuis que la touche "play" a été effleurée.
"Failures for gods" : un album de death à ranger aux côtés des plus grandes références du genre.

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