vendredi 28 juillet 2017

Witchfinder General : "Death penalty"


Witchfinder General, groupe culte, et "Death penalty" trésor de la New Wave of British Heavy Metal (N.W.O.B.H.M). Trésor, peut-être, mais bien enfoui car, avouez-le, on n'en parle quand même pas beaucoup, ni de cet album ni de ce groupe. On n'en parle peu, mais on les aperçoit parfois sur les T shirts de certains héros du métal : James Hetfield (Metallica), Samy Hinninen (chanteur / bassiste de feu Reverend Bizarre, d'ailleurs plus connu sous le pseudonyme hommage de "Sir Albert Witchfinder").
J'aurais beaucoup apprécié que Bruno Bages, le grand spécialiste ès doom du mensuel Rock Hard dans les années 2000, ait chroniqué ce "Death penalty" mais ça n'a pas vraiment été le cas. Dans la "Metalthèque idéale" consacrée au genre, l'album apparaît seulement sur la liste des outsiders mais ne fait pas partie des 25 "happy few". Heureusement, il y a le "Dossier doom volume 1" et, coincé entre Internal Void et Solstice, on peut lire ce tout petit filet : "Le classic doom n'est pas la chasse gardée des Américains. En Angleterre, certains nostalgiques se souviennent de Witchfinder General et de ses deux albums, "Death Penalty" et "Friends of hell". Toute une époque ! Riffs de cimetière mais clichés par trop prévisibles." C'est vraiment histoire d'en parler...
Il est vrai que ce groupe a vraiment très bien étudié son petit Black Sabbath illustré. Les riffs ne sont pas vraiment plagiaires (quoique les quelques mesures en arpèges de "Death penalty" sont si proches de "Snowblind" que c'en est troublant) mais se situent totalement "dans l'esprit" et avec le son de guitare approprié ; de même que la voix du chanteur Zeeb Parkes possède la même gouaille haut perchée qu'un certain Ozzy Osbourne... Même les formats des chansons ne sont pas le fruit du hasard : par exemple, "No stayer" ou "Invisible hate" utilisent le tempo heavy d'un "Sweet leaf" ou d'un "N.I.B", "Death penalty" ferait plutôt dans le down beat genre "Snowblind" alors que "Free country" accélère le rythme à la manière de  "Paranoid"... 
Plus curieux sur ce court album (7 chansons, 30 minutes) sont les thèmes abordés : le triptyque "sexe, rock n' roll et alcool" sur "Invisible hate", la drogue sur "Free country" (Black Sabbath l'a déjà fait avec "Sweet leaf"), le débat réfléchi sur la peine de mort avec "Death penalty", les aventures sexuelles et sans lendemain du samedi soir ("No stayer")... Passé toute cette partie à dominante sociologique, on change complètement de sujet avec "Witchfinder general", "Burning a sinner" et "R.I.P" (chasse aux sorcières pour les deux premières et déterreurs de cadavres pour la dernière). A croire que le groupe a un peu de mal à se situer sur un créneau précis...
Il ne faut pas s'attendre à un miracle avec ce disque mais à un bon moment de heavy doom à l'ancienne. La pièce de choix est définitivement "Witchfinder General" : riffing et construction parfaits, le tout saupoudré d'une ambiance sombre à couper au couteau. Un titre exceptionnel qui peut justifier à lui seul l'achat de ce disque, d'autant qu'il contient l'un des rares passages de cet opus sur lequel le groupe se laisse aller dans les délices de la vraie lenteur malsaine (il y a aussi les couplets de "Death penalty" qui peuvent faire l'affaire).
D'autres passages resteront définitivement dans la tête, comme le refrain évident de "Burning a sinner", le "Let's trip on LSD" de "Free country" ou le fameux "Give me beer" (d'ailleurs balancé sur un excellent riff de transition, très pesant) dans "Invisible hate" !
On pourra toujours réécouter le tout en scrutant les exceptionnelles photographies qui ornent la pochette : à n'en point douter, le trait de génie du groupe (de même que son patronyme et l'utilisation du lettrage gothique). L'iconographie de Witchfinder General a sans aucun doute marqué à jamais toute une génération.



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