vendredi 28 décembre 2018

Deicide : "Deicide"

Entre l'ouverture et la fermeture d'une porte monumentale (celle des Enfers sans aucun doute), à peine plus de 33 minutes de musique sont jetées en pâture à l'auditeur pour découvrir le death metal concis, chaotique et intense de Deicide.
Ce premier album enregistré en mars 1990 aux studios Morrisound Recordings, avec le producteur Scott Burns, porte en ses sillons la marque indélébile du son hyper compressé de l'époque : guitares étouffantes des frères Hoffman, basse peu audible de Glen Benton, batterie triggée à mort de Steve Asheim, qui clique en permanence. Steve étant le principal compositeur du groupe, son instrument est assez proéminent dans le mix, d'autant que Deicide se pose en défricheur d'un courant radical : le death brutal.
La plupart des titres de l'album ont pour thème le satanisme et le blasphème, mis à part "Lunatic of god's creation" et "Carnage in the temple of the damned", qui parlent respectivement des gourous maudits Charles Manson et Jim Jones. Ce qui nous conduit à évoquer le bassiste / chanteur du groupe, Glen Benton, personnage haut en couleurs, sataniste radical autoproclamé, dont le chant, bien aidé à l'époque par quelques effets, donne déjà l'impression que "c'est le diable lui-même qui est derrière le micro" !
L'ambiance est là, le décor maléfique est planté, mais c'est surtout la musique, poussé dans ses retranchements, qui va faire de ce disque une référence.
Jugez plutôt : des titres courts (2 à 4 minutes), des riffs qui tournent sans cesse et s'enchevêtrent, des blast beats parfois ininterrompus (ou presque) sur toute la longueur d'une composition ("Blasphererion", "Day of darkness"), des breaks vertigineux (en tête de tous, celui qui mène au refrain mythique et barbare de "Dead by dawn"). Dans ce magma, quelques petites variations : "Oblivious to evil", plus lent et rampant que ses confrères, et "Deicide", démarrant sur un riff macabre à la Slayer et possédant une structure plus élaborée (presque "progressive").
Des classiques comme s'il en pleuvait : les intouchables "Lunatic of god's creation" et "Dead by dawn" (piliers du death metal dans son ensemble), le très méchant "Blasphererion" (qui contient tout l'ADN de Deicide lancé à fond la caisse), "Sacrificial suicide" (virulent, fondateur, un peu plus lourd et contrasté que "Blasphererion" mais toujours présent dans les set lists), "Oblivious to evil", "Deicide"...
Le format court de cet album, son degré d'inventivité, sa virulence inédite à l'époque et jamais démentie en font ni plus ni moins le "Reign in blood" du death metal.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire