dimanche 23 avril 2017

C.W. Stoneking : "Gon' Boogaloo"


Terrible ! Pour ce troisième méfait, C.W. Stoneking s'électrise à sa façon, raccrochant ses instruments bluegrass acoustiques pour une guitare de type Fender Jazzmaster et d'improbables amplis à lampes, choisis parmi les plus vintages possible (après quelques déboires, il finit ainsi par enregistrer 80 % de ses morceaux avec un amplificateur pour projecteur de films 16mm !). Au dos de la pochette, Stoneking raconte donc la genèse de cet improbable album et c'est un peu la magie ou la malédiction du chiffre 2 : deux jours d'enregistrement, avec deux micros reliés à un enregistreur deux pistes à bande... Le mix se fait en positionnant chaque musicien (un batteur, un bassiste / contrebassiste, quatre choristes et l'ampli guitare de notre héros) autour du micro principal à ruban. Pour achever le tout, Stoneking chante dans un micro à lampes soviétique qui, à la base, était apparemment conçu pour des voix parlées de présentateur radio !
Bref, tout cela pour en arriver à cette évidence : mon dieu, quel son ! Malgré ce virage électrique, C.W. Stoneking reste bien l'artiste au rendu le plus rétro de tout le circuit : une production de disque 78 tours sans les craquements, voilà tout. Mais quelle chaleur et quelle ambiance...
Réorientation oblige, l'artiste a laissé totalement tomber la country et le hokum pour se tourner vers des styles typés années cinquante : jungle, swing, doowop, early rockabilly et toujours une bonne dose de très vieux blues ("Mama got the blues"). 
"Get on the floor", "The jungle swing" ou "We gon' boogaloo" nous font danser le rock n' roll dans un vieux club enfumé, cohabitant à merveille avec les rythmes chaloupés de "The zombie" et "The thing I done", ou encore la douce caresse des alizés sur "Goin' back south" et le génial "On a desert isle".
"Gon' boogaloo" : un formidable album de voyages, de rencontres, de sensations essentielles au cœur de la musique. 

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