mercredi 17 juin 2020

Gilby Clarke : "Pawnshop guitars"

Amateur de hard rock dans les années 90 ? Alors, vous possédez certainement, quelque part sur une étagère, le premier album de Gilby Clarke... Et en faisant l'acquisition à sa sortie, en 1994, vous n'avez pas seulement acheté le disque solo de ce guitariste américain : vous vous êtes aussi payé un morceau de légende, une part supplémentaire d'un énorme et savoureux gâteau nommé Guns n' Roses. 
Gilby Clarke : cet inconnu qui a remplacé Izzy Stradlin sur une bonne partie du fameux et colossal  "Use your illusion wolrld tour", celui-là même qui a joué à l'hippodrome de Vincennes le 6 juin 1992 devant 58 000 spectateurs (mémorable premier concert de Guns n' Roses en France). Celui aussi qui, intronisé membre à part entière du groupe, a enregistré avec eux l'album de reprises "The spaghetti incident ?"... 
Les planètes sont alors alignées pour que Gilby réalise l'album solo de ses rêves. Ce sera donc "Pawnshop guitars", et les circonstances exceptionnelles (ainsi que le marketing) en font une sorte de blockbuster : maison de disques prestigieuse (Virgin), interviews dans la presse du monde entier, participation d'Axl Rose, Slash, Matt Sorum, Dizzy Reed, Duff... Impossible de rater ce disque ! On en est même à se dire que les Guns forment finalement une solide confrérie pour filer un tel coup de main à leur nouveau pote... qui sera viré sans la moindre notification quelques mois plus tard (fin des paiements : merci). A ce stade, Gilby se retrouve soudainement face à sa vraie carrière solo, tandis que Guns n' Roses aborde une phase beaucoup moins mythique de son aventure. Quant aux fans, un peu hagards comme après une longue transe, ils se retrouvent nombreux avec "Pawnshop guitars" sur les bras. Certains le revendront (il est d'ailleurs toujours très facile d'en trouver des exemplaires d'occasion, à bas prix), une fois le produit "tendance" consommé (et la tendance émiettée). Dommage, car ce disque, beaucoup trop mis en avant par un effet de mode, est avant tout d'une grande simplicité et basé sur de bons principes.
C'est sûr que les Guns ont eu du flair en embauchant Gilby : il aime les Rolling Stones (la reprise très réussie de "Dead flowers", en duo avec Axl, et le feeling de la plupart des chansons), il sue sur les Gibson, il malmène les Marshall... Dans "Black" et "Let's get lost", l'homme se permet même de tutoyer les Beatles en incluant des petits éléments pop psychédéliques (orgue Hammond, sitar électrique, Mellotron...). Autre clin d’œil aux quatre garçons dans le vent : la douceur des chœurs de "Johanna's chopper", dans un environnement pourtant foncièrement rock. Quant à la cover de "Jail guitars door" (The Clash), c'est une preuve de plus du bon goût et de l'ouverture d'esprit de monsieur Clarke.
Sous employé au sein de Guns n' Roses, Gilby aurait pu leur apporter bien plus que le simple fait de jouer de la guitare rythmique, et ce notamment en terme de composition. "Cure me... or kill me", avec son introduction qui fait monter la pression, ses riffs et ses lignes vocales à effet instantané, piétine les plate bandes de "You could be mine". "Pawnshop guitars" fait sortir de son chapeau une efficacité à la "It's so easy", aux frontières du punk rock. Sur un album studio des Guns, on aurait bien goûté à la saveur piquante de "Tijuana jail" et ses samples hilarants de radio Mexicaine, ou encore à l'originalité sucrée, un peu bancale mais attachante, de "Johanna's chopper" (sans parler des deux balades Stoniennes : "Skin & bones" et "Hunting dogs"). Par contre, le morceau final ("Shut up"), trop passe partout, fait remplissage (sentiment renforcé par les deux reprises, même si elles sont réussies).
Vingt-cinq ans plus tard, (re)donnons donc sa chance à "Pawnshop guitars", un bon album à part entière et non un simple satellite, même s'il est vrai qu'il est fortement ancré dans son époque. Tout du long, Gilby y assure une performance vocale honnête : ce n'est pas un grand chanteur, mais il a une empreinte authentique, simple... comme ce disque. 




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