lundi 7 septembre 2020

Mayhem : "Wolf's lair abyss"

Où étiez-vous en 1997 ?
Certainement à mille lieues de vous imaginer que Mayhem allait sortir de sa tanière et donner à sa légende une dimension plus strictement musicale. 
La légende ? En voici quelques morceaux choisis : les incendies d'églises, le chanteur Dead suicidé (1991), le guitariste Euronymous assassiné (1993) ; le "Live in Leipzig" avec Dead au chant publié en 1993 ; le fameux album "De mysteriis dom sathanas", dont la composition avait démarré en 1987, et qui fut enregistré entre 1992 et 1993 avec un chanteur de session (Attila), un nouveau bassiste (Varg Vikernes, futur assassin d'Euronymous), et un pote (Blackthorn) chargé de terminer certains textes incomplets de Dead. 
"De mysteriis dom sathanas" sort finalement en 1994, et beaucoup le considèrent non seulement comme un chef d'oeuvre, mais aussi comme un album posthume, ce qui est faux puisque, aux dires du batteur Hellhammer, Mayhem n'a jamais splitté. Il a juste opté pour la discrétion, disparu des écrans radar pour mieux se reconstruire autour du chanteur Maniac (déjà présent sur le EP "Deathcrush" de 1987), du batteur Hellhammer ("Live in Leipzig", "De mysteriis dom sathanas"), du bassiste Necrobutcher ("Live in Leipzig") et d'un nouveau guitariste / compositeur (Blasphemer). 
Au travail depuis au moins deux ans, ce line up publie donc "Wolf's lair abyss" le 3 novembre 1997, un EP qui constitue en fait la première partie du futur album "Grand declaration of war" (en ouverture de celui-ci, on peut d'ailleurs entendre le riff final de "Symbols of bloodswords"). Habilement, le groupe a choisi des compositions radicales, ce qui confère à 
"Wolf's lair abyss" une aura extrême qui va rassurer et fédérer les fans : Mayhem est donc toujours une machine de guerre dévouée à la cause du black métal... Ce qui n'empêche pas les chansons, pourtant fort virulentes, d'être habilement construites, avec de vrais riffs ("I am thy labyrinth", "Ancient skin"...) et des moments forts (le fameux pont du titre "Ancient skin", les arpèges inquiétants de "Fall of seraphs" et de "Symbols of bloodswords" )... 
Ce qui n'empêche pas non plus quelques expérimentations. Déjà, le chant guttural de Maniac produit un borborygme assez hallucinant (une sorte de John Tardy du black métal), mais le frontman (Maniac saura démontrer en concert qu'il en est un) sait aussi se transformer en maître de cérémonie malsain, proposant des courts épisodes de voix claires solennelles ("I am thy labyrinth", "Fall of seraphs", "Symbols of bloodswords") ou de narration très inquiétante ("Ancient skin", pour lequel on préférera d'ailleurs la version différente, plus brute, proposée en bonus et originellement enregistrée en amont pour une compilation).
Autre facteur expérimental, qui n'aura échappé à personne, l'intro instrumentale, électronique et bruitiste, baptisée "The vortex void of inhumanity". 
Du black métal, certes, mais très habile et déjà en pleine mutation.



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