samedi 20 février 2016

The Apartments : la pochette de "The evening visits..." à New York

La pochette de "The evening visits..." n'est, comme l'écrit Stephen Schayer dans les notes de l'expanded edition, vraiment pas rock n' roll...
J'aimerais savoir combien de personnes ont succombé au charme fou de cette photographie impersonnelle et énigmatique ?
Lorsque je l'ai découverte, la chronique - hésitante - disait qu'il devait s'agir d'une quelconque friche industrielle. C'était l'époque de Thatcher : mon esprit s'est tout de suite évadé vers des villes minières d'Angleterre... Après tout, pourquoi pas ? Le propre de cette image étant bien de faire décoller l'imagination, comme paradoxalement face à tout horizon obstrué.
Le plus étrange, c'est qu'après avoir visionné le film de David Lynch, je me suis laissé aller à imaginer qu'il pouvait aussi bien s'agir de la vue qu'avait Elephant Man depuis sa petite chambre isolée sous les toits du vieil hôpital de Londres... Un monceau de tristesse.
Mais revenons à l'essai de Stephen Schayer (ex The Chills). Celui-ci évoque son expérience vécue au magasin Vinyl Fetish (Hollywood) où il travaillait dans les années 80. L'essentiel de son travail consistait à faire l'inventaire et le rangement dans l'ordre alphabétique des pochettes (qui étaient séparées des vinyles, soigneusement stockés derrière le comptoir). 
Il commence par la lettre A et tombe en arrêt devant celle de "The evening visits...".
"La pochette, toute en nuances de marron et de doré, représentait un château d'eau et une étendue dépressive de toits dans quelque ville désertique. Mais il s'agit surtout d'une photographie sombre, prise un jour d'automne particulier, à une heure proche du coucher du soleil."
Puis, toujours dans le livret de l'expanded edition, voilà ce qu'écrit Peter Milton Walsh himself.
"La pochette de "The evening visits..." représente la ville. Je l'ai prise tard un soir, du toit de l'immeuble abritant le premier appartement dans lequel j'ai vécu, à New York. Je regardais dans la direction de l'East River et je voyais des toits, un château d'eau et le clocher de l'église St Ann. L'endroit où j'habitais était un sous-sol impropre à la location dans le quartier de Gramercy Park, sous le restaurant Joe Junior, à l'angle de la 16ème rue et de la 3ème Avenue. Cet espace était uniquement voué à entreposer la collection de disques d'un type, puis quelqu'un l'a transformé pour le rendre habitable. J'avais l'impression qu'il s'agissait d'un donjon ou encore d'un bateau, avec ces tuyaux de chauffage qui couraient au plafond et produisaient des cliquetis et des tic tac comme des horloges. Je me souviens des lampes, des poutrelles d'acier, des murs en préfabriqué et du sol en béton."
Une sacré impression d'étouffement, qui explique le besoin du chanteur-compositeur-fondateur de The Apartments d'aller prendre l'air sur le toit...
Le restaurant Joe Junior...
New York : à l'angle de la 3ème Avenue et de la 16ème rue...
Vue du toit de l'immeuble où Peter Milton Walsh a pris le célèbre cliché
(seul le château d'eau semble avoir disparu)...



Sympa, la 16ème rue... On est loin de la friche industrielle, de l’hôpital de Londres et de la ville désertique...
On se croirait plutôt dans le décor du Cercle des poètes disparus !

Peu de temps après, Peter emménage un peu plus loin, "à l'angle de l'Avenue C et de la 11ème rue, dans un appartement à 2 chambres pour un loyer de 300$ par mois". Quartier essentiellement Porto Ricain, avec des dealers de crack et d'héroïne à tous les coins de rue, de la salsa, des phrases en espagnol... Là, il écrit "All you wanted", et ne perd pas l'habitude d'aller rêver sur le toit de son immeuble :



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