mardi 20 février 2018

Kreator : "Gods of violence"

Thrasher, relève la gueule ! Ton style est parvenu a un incroyable niveau d'exigence. Continue de coller des patchs sur ta veste, mais surtout renvoie à la lecture de cette chronique ceux qui persisteront à te dire que le métal c'est du bruit. 
On connaissait le coup de l'intro grandiose et martiale, et puis, après tout, le "World war now" d'ouverture est une pure tranche de thrash métal, incisive et rapide, digne d'un bon vieux "Violent revolution" et de tant d'autres... Oui, mais ce délicat pont mélodique en son centre ? Bah, n'y pensons plus.
"Satan is real" : mid tempo, puissant, refrain on ne peut plus évident, arrangements façon cuivres du grand orchestre vers la fin. Hum, pas si classique que ça, cet opus...
"Totalitarian terror" à présent. Alors là, on ne nous démontrera pas le contraire : Kreator utilise son riffing typique et intense, celui qui a donné naissance à "Extreme aggressions" par exemple. Entendu, mais songeons à ce chorus aérien qui accompagne les paroles : "We're not afraid to live, we're not afraid to die". Étonnant, non ?
De toutes façons, à partir de ce point, l'album rentre dans une dimension héroïque inédite sur un album de thrash. Les arpèges introductifs de "Gods of violence" peuvent bien rappeler ceux de l'antique "When the sun burns red", l'agencement des guitares porteuses des lignes vocales est un cas d'école pour Kreator ; n'empêche que le refrain fastueux donne juste envie de faire la guerre et de la remporter. 
Il y a vingt ans, "Army of storms" aurait été un titre direct de la trempe de "Coma of souls". En version 2.0, fruit de la cuvée "Gods of violence", il est tiré vers le haut par des twin guitars magistrales et une structure ouverte, qui invite à l'élévation.
Il y a vingt ans, le martial "Hail to the hordes" n'aurait peut-être pas eu sa place sur un opus de Kreator, même si la bande à Mille a toujours été connue pour sa capacité à expérimenter et à progresser (cf. "Endorama"). Ecouter "Hail to the hordes" c'est voir défiler des légions victorieuses sous un arc de triomphe, avec le renfort final des cornemuses d'In Extremo. Frissons !
Vous regarderez le monde d'un peu plus haut en absorbant "Lion with eagle wings". Arpèges et clochettes au démarrage, mais tout le reste n'est qu'explosion superbe, un maxima de puissance et d'orgueil pour décrire une créature aussi fantastique qu'un lion ailé, comme sur les plus beaux ornements des cités antiques.
"Fallen brother" s'inscrit bien dans la progression de cet album. Assez linéaire et lorgnant légèrement vers Rammstein, on pourra presque lui reprocher un côté trop immédiat. Quelques phrases narratives en allemand, pour l'anecdote.
Avec "Side by side" et "Death becomes my light", nous arrivons au bout du voyage, mais il faudra encore franchir ces deux sommets mélodiques. Les plus beaux arpèges composés par Kreator sont contenus dans ces titres, ni plus ni moins. On pourra aussi, pendant quelques mesures, entendre Mille chanter en voix claire (son phrasé faisant d'ailleurs un peu penser à Eric Adams de Manowar). "Side by side" célèbre dignement la rencontre entre le thrash et le heavy métal, tandis que "Death becomes my light", malgré son extrême puissance, parvient difficilement à masquer une grande émotion (peut-être un peu de nostalgie et de fragilité sous la carapace du guerrier). Mais une chose est sûre : Kreator a vu la lumière.



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