mardi 6 août 2019

Darkthrone : "Old star"

Darkthrone poursuit sa croisière sur les eaux habitées du métal...  "Croisière" plutôt que "croisade" car s'il est toujours fort agréable de retrouver le groupe, il faut bien se rendre à l'évidence : ces gars-là fonctionnent par cycles et le contenu, du coup, est un peu prévisible. Défini depuis "Arctic thunder", ce nouveau volet de la carrière de Darkthrone replace Nocturno Culto comme unique vocaliste, partage la composition entre celui-ci et Fenriz, renoue avec un certain black metal et adopte le doom en guise d'orientation possible de la musique. Côté livret, c'est toujours la disette : les recommandations de Fenriz sont bel et bien passées à la trappe (hélas !) et les superbes photos de ses treks dans la nature norvégienne aussi, ce qui amoindrit la complicité qui s'était installée entre le groupe et son public ; cette impression presque unique de retrouver de vieux potes qui nous faisaient partager bien plus que de la musique. Mais bon, nous sommes aussi capables de comprendre que le groupe ne souhaite pas s'installer dans une trop grande routine, et c'est finalement tout à son honneur.
Commençons par les morceaux de Nocturno. "I muffle your inner choir" et "Duke of gloat" sont autant de ponts vers le black, et pourtant "A blaze in the northern sky" et "Transilvanian hunger" sont bien loin maintenant. Si les premières parties de ces chansons sont rapides et linéaires, ils penchent assez vite vers des riffs lourds et inquiétants à la Burzum, d'ailleurs fort réussis. Sensations black metal certes, mais en dilettante par rapport au mythique passé du groupe. Quant à "Old star", c'est un titre assez lent, bâti sur un rythme de marche, un peu comme un bataillon de fantassins se déplaçant vers le front : très efficace, voire impressionnant (on sent, à certains moments, l'influence de Bathory, période viking metal).
"Le riff est à la guitare ce que le mot d'auteur est à la littérature" : voilà une citation qui convient bien à Fenriz, l'homme qui traque le riff ultime sans répit. Une chasse souvent fructueuse car, disons-le sans détour, son "The hardship of the Scots" est une superbe pièce de métal. Héroïque, parfois habitée par le fantôme de Maiden (période "Piece of mind") ou plongeant dans les abîmes du doom, mais surtout émergeant dans la lumière au bout de 4 minutes 13 secondes, portée par un riff sublime dont Fenriz peut vraiment être très fier. Bravo ! Changement de braquet avec "Alp man", sur lequel le bougre nous convie à une messe noire estampillée "true doom". Lente, guidée par les préceptes monolithiques de Black Sabbath ou encore Reverend Bizarre, cette chanson se mérite, le riff le plus évident (mais aussi le plus sournois) se trouvant judicieusement placé dans la deuxième moitié. Petit frère de "The hardship of the Scots", le final "The key is inside the wall" présente un héroïsme beaucoup plus sombre, très influencé par Candlemass (même faculté à décliner le heavy entre parties lentes et accélérations). Là encore, après un break (un vrai !), la chanson propose un superbe chorus, menaçant et mélancolique à la fois, qui détermine autant la fin du morceau que de l'album.
"Old star", ou comment revenir aux fondamentaux du métal, en un seul disque... Très fort !

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