vendredi 16 août 2019

Rotting Christ : "Their greatest spells"

Extrait du message de Sakis, fondateur du groupe, écrit au dos du livret très bien documenté accompagnant cet exceptionnel best of : "... le sale boulot consistant à choisir les morceaux qui ont le mieux caractérisé notre carrière a vraiment été un cauchemar." Et de rappeler qu'à l'époque de la conception de "Their greatest spells", Rotting Christ, légende du métal extrême grec,  totalisait 30 ans de carrière, et environ 150 chansons réparties sur 13 albums...
Voilà pour l'intention, celle-là même qui a conduit à "cette liste de 34 chansons essentielles" (personnellement, j'en compte 33...), soit deux CD remplis à ras bord (donc plus de 2 heures et demi de musique).
Bref, Sakis, parlant au nom du groupe, en a bien bavé, rapportant notamment que "l'horreur de mettre de côté des pièces qu'il a toujours considéré comme étant importantes pour l'histoire du groupe rapportées à celles qui ont finalement été choisies est difficile à décrire".
Il rappelle aussi que le groupe, au gré de toutes ces années, a traversé des "incarnations" et des "phases" différentes. En gros, on peut considérer que la période comprise entre les débuts et l'album "Triarchy of the lost lovers" correspond à la période black / dark métal, celle qui démarre avec "A dead poem" jusqu'à  "Genesis" à la période gothique métal, celle qui s'étend entre "Sanctus diavolos" et "Kata ton daimona eaytoy" à la période ethnique (incorporation d'éléments tirés des musiques folkloriques grecques et slaves dans le cadre métal du groupe) ; jusqu'à la période actuelle, inaugurée par l'album "Rituals" et que l'on pourrait qualifier de "mystique".
Tous ces éléments mis bout à bout alourdissent le cahier des charges...
Mais bon, effectivement, de "Passage to Arcturo" jusqu'à "Rituals", chaque album est bel et bien représenté, certes à proportions inégales (de une seule chanson pour "Khronos", le plus délaissé, jusqu'à quatre respectivement pour "Triarchy of the lost lovers" et "Kata ton daimona eaytoy", les mieux lotis). 
Autre point, qui a certainement été déterminant dans le choix des morceaux : malgré ces "phases", "incarnations", périodes ou albums différents, "Their greatest spells", lorsqu'on l'écoute en totalité, donne une incroyable impression d'unité. Là encore, il faut relativiser, et surtout faire abstraction des différences en terme de production, le son des deux chansons extraites de "Passage to Arcturo" étant, par exemple, assez rudimentaire, tranchant ainsi drastiquement avec les autres. 
Doté d'un titre inédit ("I will not serve", probablement issu des sessions de "Rituals" à en juger par l'atmosphère) et d'un autre que l'on pourrait qualifier de "rare" ("Astral embodiment", superbe bonus de l'album "Genesis"), on peut dire, après avoir examiné tout cela, que cette compilation atteint très bien son objectif : immerger l'auditeur dans le long chemin sinueux emprunté par le groupe au fil du temps, mais toujours au service d'un métal sombre et racé.
Aussi, on comprend que Sakis n'aime pas trop le mot "best", puisque malgré la qualité du travail de réflexion autour de ce "Their greatest spells", il y aura toujours des regrets et des frustrations. Sans doute dans le souci de ne pas rompre cette fameuse unité mentionnée plus haut, certains titres, pourtant salués par la critique, n'ont pas été retenus. Il s'agit curieusement des plus "catchy", ou encore mélodiques : le grandiose "Der perfekte traum" (le "tube" de Rotting Christ) sur "Sleep of the angels", le très beau "Lucifer over London" sur "Khronos", la superbe litanie atmosphérique et quasi symphonique "Sanctus diavolos" sur l'album du même nom. 
On saisit le dénominateur commun qui a présidé à la construction de ce résumé de carrière chroniqué ici, mais c'est quand même dommage d'avoir écarté ces pièces, surtout pour les non initiés.

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