dimanche 24 novembre 2019

Megadeth : "United abominations"

Après l'épisode "Risk" (méritant, mais trop éloigné des standards du groupe), le recentrage un peu désespéré de "The world needs a hero", la séparation pure et dure, le retour avec un "The system has failed" musicalement prometteur mais basé par ailleurs sur trop de malentendus (line up, maison de disques, projet solo ou pas...), "United abominations" est perçu, dès sa sortie, comme l'album mettant fin à une période très tourmentée, pendant laquelle le groupe a plusieurs fois joué son destin. 
Seul maître à bord et dernier membre original après cette décennie de tempête, Dave Mustaine truffe ce onzième album de pépites thrash, et ce dès l'ouverture. "Sleepwalker", "Washington is next", "Never walk alone...", "United abominations" abattent un boulot phénoménal, renvoyant les écarts de "Risk" loin, très loin... Le son lui-même est sec et mordant : une vraie fontaine de jouvence. 
A l'instar des Vic Rattlehead new look ornant les différents visuels de l'album (dessinés par des fans, et sélectionnés après un concours organisé sur DeviantArt), Glen Drover, guitariste pour lequel ce sera malheureusement l'unique participation studio à l'aventure Megadeth, parvient à pousser Dave Mustaine dans ses retranchements et à se transfigurer. Témoignages de cette saine émulation, les incroyables duels de six-cordes sur "Play for blood" et "Burnt ice", qui n'auraient pas pu voir le jour sans une vraie soif de mordre, et un équipier qui aiguillonne comme il faut... Quant à la chanson "Gears of war", elle intègre le groupe dans la course de son époque en s'invitant dans la bande-son du jeu éponyme, sorti chez Microsoft !
Alors, bien sûr, les auditeurs adhéreront ou non au discours très politisé qui structure la plupart des textes, et émerge carrément dans certains titres ("Washington is next", "United abominations" et son flash spécial en français s'il vous plaît, "Amerikhastan"). On admettra objectivement que ces paroles souvent dures et réalistes accompagnent vraiment bien le propos musical ultra heavy et stylé à la fois de Megadeth (petit clin d’œil, au passage, à "Peace sells...").
Quant à la destinée de cet "album de la renaissance" (formule écrite entre guillemets car, encore une fois, le prédécesseur "The system has failed" mérite lui-aussi sa part du butin), elle n'est pas très heureuse, le groupe semblant avoir renié cet héritage. Quasiment absentes des set lists et des compiles, les chansons de "United abominations" sombrent peu à peu dans l'oubli... La faute au retour de Dave Ellefson (bassiste co-fondateur), mais aussi, peut-être, à la présence assez incongrue de "A tout le monde", une auto-reprise réenregistrée avec un tempo plus soutenu, ainsi que la présence de Cristina Scabbia, chanteuse du groupe de métal gothique italien Lacuna Coil. Musicalement, rien de bien croustillant, à vrai dire, par rapport à l'originale, mais bien suffisant hélas pour éveiller la méfiance de certains fans, prompts à accuser le groupe de remplissage et de racolage... Dommage, sachant que pour Megadave, il s'agissait juste, à travers ce classique revisité, de démontrer qu'il avait bel et bien retrouvé le nord magnétique.


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