vendredi 1 novembre 2019

Mortician : "Chainsaw dismemberment"

Mortician... La terreur des systèmes de sonorisation, l'enfer des haut parleurs, le génocide des amplis... Un son tellement compressé et gavé d'infra basses que l'on pourrait presque douter de son origine humaine. 
Prenons comme références, dans le petit monde du death, "Tomb of the mutilated" de Cannibal Corpse ou encore "Effigy of the forgotten" de Suffocation : deux exemples de productions tellement compactes et étouffantes que l'on aurait pu se croire bien tranquilles (en gros, impossible d'aller plus loin sous peine de ne plus rien entendre du tout). Pourtant, Mortician l'a fait, s'approchant encore plus près du point de non retour. Chez eux, le bassiste / chanteur growle tellement bas qu'on a parfois l'impression de le perdre dans le mix. Les chants coagulés de Chris Barnes et de Frank Mullen semblent vraiment légers en comparaison. Quant à la basse, justement, elle se réduit, lorsque l'on a la chance de l'entendre, à un gros grésillement. Pour la batterie, c'est encore plus simple : il s'agit d'un logiciel très avancé, avec ses avantages (l'accès à des BPM inhumains, la programmation au cordeau) et ses inconvénients (la rigueur excessive des structures, le côté chimique du son).
Ce décor déjà apocalyptique, qui forcément conduit Mortician à voyager aux confins du death metal vers les frontières du grind (28 morceaux pour 50 minutes de musique : oui, c'est cohérent), ne serait pas complet sans une petite spécialité maison : le recours à des samples tirés de films d'horreur / gore. Cette pratique ne s'applique pas à l'ensemble des chansons ; disons qu'environ un bon tiers bénéficie de ce type d'intro (voire outro dans le cas du dernier titre), ce qui confère à "Chainsaw dismemberment", en sus des abominations évoquées dans les textes et dessinées sur la pochette, une terrifiante atmosphère à couper au couteau. La barbarie de la musique n'en est que sublimée...
Et l'auditeur dans tout ça ? Dans quel état récupère-t-on le pékin qui s'est enfilé d'une traite la totalité de ce monstrueux deuxième album ? Eh bien, s'il est honnête et surtout attentif, il pourra déclarer que le death de Mortician n'est quand même pas un "tout à fond" permanent, ce que l'on pourrait redouter au premier abord. Entre "Fleshripper" (moins d'une minute de blast psychotique avec une vague mosh part), "Decayed" (une grosse touche de groove dans un monde de brute) et la lenteur poisseuse de "Camp blood", il y a diverses passerelles qui sont déployées. Mieux, un même morceau peut proposer plusieurs saveurs, comme ce "Silent night, bloody night" qui se paie le luxe de démarrer de manière très lourde, en se calant astucieusement sur la B.O du sample qui l'introduit, pour ensuite évoluer vers le blast puis des parties mid tempo. Certes, ce serait mentir de dire que les riffs sont aussi mémorisables qu'originaux : dans une telle mixture, c'est presque impossible. Non, ce qui fait surtout l'attrait de "Chainsaw dismemberment" c'est son extrémisme dans l'extrême, et pour cela le groupe fait tout simplement partie des meilleurs.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire