samedi 1 février 2020

Blut Aus Nord : "Hallucinogen"


Pas si facile de parler de cette entité quasi sans visage, ce laboratoire hexagonal dévoué à la cause du black métal depuis le milieu des années 90. Confiné entre les quatre murs de son studio, le groupe compterait aujourd'hui trois membres pour assister Vindsval, le fondateur du projet, dans sa quête de la formule ultime, de la libération suprême... En 2019, Blut Aus Nord est un vaisseau qui a déjà beaucoup bourlingué, explorant tour à tour, et sans plan de vol déposé à l'avance, les confins les plus épiques, planants, dissonants, violents, modernes ou expérimentaux de l'infinie planète black.
Avec "Hallucinogen", ce sont les fans de la trilogie "Memoria vetusta" qui vont être à la fête : encore plus atmosphérique que "Memoria vetusta II : Dialogue with the stars", cet album marquerait la fin des travaux du groupe au chevet des sonorités noisy et des notes qui font mal (il faut dire que Blut Aus Nord est déjà allé loin, très loin sur ces terres hostiles). Une réorientation que ce nouvel album célèbre avec majesté, gonflé de sa superbe force de propulsion hors de la stratosphère. Une chose est sûre : "Hallucinogen" est conçu, en premier et en dernier ressort, pour rêver, décoller, garder la tête haute (les nombreux riffs épiques : par exemple, ceux du "Nomos nebuleam" d'ouverture). Cette musique est flamboyante, belle, poignante même à certains moments, que ce soit dans la subtilité (le thème sidéral de "Sybellius") ou à travers l'expression de la puissance pure (le blast abrupt et extrême de "Mahagma"). 
Comme souvent chez Blut Aus Nord, les vocaux sont mixés assez en retrait. Cela dépend de leur teneur (chœurs oniriques ou guerriers, grands chants, voix hurlées et écorchées),  mais, du coup, certains morceaux gagnent au passage une aura quasi instrumentale, ce qui a pour effet de renforcer la transe que génère l'écoute respectueuse et appuyée de cet album.
Une cuvée exceptionnelle, pour laquelle j'ai envie de reprendre la phrase mémorable qui concluait à l'époque la chronique du "Twilight of the gods" de Bathory : "Ce n'est pas un simple album, mais un manifeste grandiose à l'usage des voyageurs tri-dimensionnels" (Louis Bourgade - Metal Hammer n°33 - octobre 1991).
Dont acte.





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