jeudi 6 août 2020

Voie de Fait : "Ange ou démon"

Attentat Rock, Fisc, Trust, et ici Voie de Fait : amusants ces noms de groupes français avec une connotation juridique ou capitaliste. Droit pénal, droit des affaires, droit financier... : on le sait, les travers de la société étaient déjà une source d'inspiration dans les années 80.
Fort de son unique album "Ange ou démon", Voie de Fait n'a donc pas dérogé à certaines règles ancrées dans le hard frenchy de l'époque... Avec d'ailleurs un talent certain. 
Il paraît qu'à sa fondation, le groupe était fortement influencé par Ted Nugent. C'est vrai que l'on peut entendre quelques traces de l'écoute prolongée de l'Oncle Ted dans le fameux titre d'ouverture "Pas plus de seize ans", celui-là même que le groupe a interprété fièrement à la télévision française (vidéo disponible sur YouTube). Mais lorsque l'on parcourt cet "Ange ou démon", on peut aussi entendre du jeune Maiden ("Non coupable", et surtout le superbe morceau-titre, avec toute sa théâtralité, sa rupture tragique), du Judas Priest ("Paris Business", "Amnésie" avec son break / solo très caractéristique) et... du Trust. C'est d'autant plus vrai que Voie de Fait produit des textes sociaux assez vindicatifs. Alors, lorsque la musique se fait un peu plus hard rock ("Préjugés", "Images", "Qu'est-ce que je fous là" et son riff / lick lorgnant vers "Antisocial" ou encore "Mr Comédie"), on pense immanquablement à la bande à Bernie et Nono. 
Cela n'empêche pas "Ange ou démon" d'être un classique du genre, bien peu ridé pour un disque datant de 1982. D'ailleurs, Voie de Fait sonnera, quoi qu'il arrive, différemment et toujours plus heavy qu'un Trust, notamment du fait de la voix de son chanteur : le sujet qui fâche (ou qui peut fâcher)... A l'époque, pour espérer sonner métal, il fallait un vocaliste puissant et montant aisément dans les aigus. Le moins que l'on puisse dire est que Voie de Fait avait recruté le bon candidat en la personne de Lounas Ourrad ! Cahier des charges presque trop rempli, les performances de Lounas étant quasiment excessives, au point de rendre la diction périlleuse (certains mots, certaines phrases deviennent méconnaissables, ce qui peut plaire à ceux qui n'aiment pas trop les textes en français). Question de goût : on n'aimera ou on rejettera ce timbre très haut perché ; on le trouvera beau ou carrément agaçant... Reste à admettre que, en plus de l'excellent travail des deux guitaristes et de la qualité des compositions, Lounas Ourrad a fortement (et forcément) participé à forger la personnalité de Voie de Fait.
Merci à No Remorse pour cette réédition : le bon son du vieux métal français à portée de toutes les oreilles et toutes les bourses.


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