samedi 14 avril 2018

Phil Campbell and The Bastard Sons : "The age of absurdity"

Du décès tragique de Lemmy on pouvait au moins espérer que Motörhead cesse toute activité (et ne nous impose surtout pas un remplaçant ridicule), et que ses membres survivants finissent par produire quelque chose d'autre, ensemble ou séparément.
Deux souhaits que l'on pourra qualifier - pour l'instant - d'exaucés, le deuxième se réalisant donc avec la parution de cet album (avec l'option "séparément" puisque Mikkey Dee a choisi de faire bénéficier Scorpions de ses grands talents de batteur ; merci pour eux). 
Petite précision : le projet Phil Campbell and The Bastard Sons (réunissant Phil Campbell, trois de ses fils et le chanteur Neil Starr) n'est pas une nouveauté puisqu'il existait déjà du vivant de Motörhead et avait à son actif quelques concerts ainsi que la publication d'un EP. On dira donc que le groupe passe ici la vitesse supérieure en publiant son véritable premier album, tout en quittant le statut pas terrible de "side project".
Pour mémoire, Phil Campbell est le guitariste qui est resté le plus longtemps au sein de Motörhead (31 ans). Une telle longévité marque forcément son homme, et c'est sans grande surprise que l'on constate que "The age of absurdity" démarre avec un petit bolide rock amphétamines nommé "Ringleader". Puis, c'est encore l'expérience qui pousse à lever le pied et placer en seconde position un titre plus lourd au refrain très entêtant ("Freakshow"). On pourrait citer aussi la basse speedée de "Gipsy kiss", de même que le côté punk-moins de deux minutes de "Dropping the needle"... Mais ne vous y trompez pas : malgré ces réminiscences quasi obligatoires, "The age of absurdity" n'est pas l'album que Motörhead aurait enregistré après "Bad magic". D'ailleurs (et c'est un bon point), la voix de Neil Starr n'a vraiment rien à voir avec celle de Lemmy.
Situé en troisième position, "Skin and bones" rappelle ce rock grunge des années 90, dans lequel Mötley Crüe s'était engouffré (avec un certain talent) le temps de leur album éponyme en compagnie de John Corabi. "Welcome to hell", quant à lui, propose une approche assez actuelle de la composition hard, avec un refrain séquencé sur deux notes seulement. En ce qui concerne "Step into the fire", "Get on your knees" et "High rule", le rock dur est bel et bien présent mais passé par le filtre de la modernité et d'une certaine prudence. 
Pourtant, ce "High rule" au groove et au refrain originaux interpelle : mis dans la perspective d'un titre ambitieux tel que "Sacrifice", il aurait pu faire figure de grande réussite et de vrai pas en avant sur un album de Motörhead. 
Mention spéciale aussi pour le bluesy "Dark days" : son harmonica, ses couplets acoustiques et son refrain plutôt rock alternatif font mouche. Un titre que l'on retient.
Très policée, l'atmosphérique "Into the dark" renvoie à l'univers Def Leppard (on pense à "White lightning" sur l'album "Adrenalize"). Et  "The age of absurdity" de s'achever avec un ghost track très malin : la reprise du "Silver machine" d'Hawkwind (Lemmy a fait partie d'Hawkwind avant de se faire virer et de fonder Motörhead) !
Beaucoup de contrastes donc sur ce premier album : un peu trop peut-être, mais c'est sans doute à ce prix-là qu'ils pourront se construire une vraie personnalité dans le futur. Il faudra également songer à une production un peu moins lisse : la flamme du gros rock étant bel et bien là, autant la faire monter le plus haut possible.



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