samedi 21 septembre 2019

77 : "21st century rock"

Avertissement ! Au cours de cette chronique, vous auriez pu croiser, en guise de comparaison, les titres suivants : "Jailbreak", "It's a long way to the top", "Soul stripper", "Let there be rock", "There's gonna be some rockin" (chanson d'ailleurs fort convenue, basée sur une structure mille fois empruntée auparavant), "She's got balls", et un peu de "TNT et de "Ride on".
On vous fera grâce des correspondances terme à terme.
Mais vous voilà définitivement prévenus : les rockers espagnols de 77, pour lesquels "21st century rock" a constitué le tout premier méfait en studio, ont  sérieusement pillé AC/DC (pillage ou hommage : chacun fera d'ailleurs son choix par la suite).
Fins gourmets, bons stratèges, ils se sont même focalisés sur les premiers albums des australiens, en fait jusqu'à "Let there be rock", paru en... 77 ! Et ce n'est que le début d'une formule magique tout à fait assumée...
Production sèche et génialement vintage, savant dosage de Gretsch et de Gibson SG branchés dans des amplis Marshall, voix suave, subtilement éraillée et un peu voilée façon Bon Scott, riffs totalement dans l'esprit : tout est là, même les chœurs acides à la Malcolm Young . A certains moments, c'est tellement troublant que l'on a l'impression d'écouter le trésor de guerre d'AC/DC, l'album caché, enregistré du vivant du grand Bon, et qui n'aurait jamais vu le jour (hum, resterait encore à savoir pourquoi...) Ce qui revient à reconnaître une certaine qualité, ou du moins crédibilité, au matériel proposé ici, tout en réalisant que, forcément, 77 n'invente absolument rien et ne fait preuve d'aucune originalité. 
Les quidams ou autres puristes qui, scandalisés par tant d'audace, n'ont pas encore pris la fuite, poseront peut-être une oreille sur cet album, et réaliseront à quel point son écoute est fort agréable ; une sorte de madeleine de Proust musicale. Tout juste reprochera-t-on le manque
d'urgence qui aurait pu transcender ces compositions déjà fort convaincantes, 77 s'étant un peu trop focalisé sur le mimétisme au détriment d'une énergie juvénile qui aurait dû être davantage exploitée. Rappelons au passage, en parlant d'intensité, que 77 a probablement été signé par le label Listenable pour surfer sur la vague Airbourne, cette relecture de l'héritage AC/DC basée sur la sueur et la débauche de décibels. Chez 77, il faut attendre "Wicked girl" pour voir le tempo sortir d'un mid-tempo binaire bien balancé mais globalement assez pépère (on met à part bien sûr les blues torrides à la "Shake it up" ou encore "Double tongue woman"). Il n'empêche que, sans défourailler mais correctement campés sur leurs riffs, "Big smoker pig" et "Your game's over", notamment, font bonne impression, et il en est de même pour tous les solis de l'album, très nuancés, avec une excellente capacité à faire monter progressivement la pression.
Alors pillage ou hommage ? Personnellement, j'ai très vite opté pour la seconde proposition, ne pas laisser perdre de telles recettes étant d'utilité publique.


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