mercredi 9 octobre 2019

Destruction : "All hell breaks loose"

L'album de la renaissance, et du retour de Schmier, bassiste / chanteur / co-fondateur du groupe. Après une décennie de tourmente et d'errances, l'institution thrash allemande est enfin remise sur de bons rails avec ce méfait paru en 2000, optant judicieusement, comme à ses débuts, pour le format power trio. Aux côtés de Schmier, on trouve l'indéboulonnable guitariste Mike Sifringer, scientifique et stakhanoviste du riff, et un nouveau batteur, Marc Reign. Ajoutons à cela une pochette d'une laideur sans pareil, et l'on peut dire que tous les éléments constitutifs d'un bon disque de Destruction sont sur la rampe...
Souvent présent sur les samplers des magazines spécialisés de l'époque, "The butcher strikes back" se charge d'annoncer la couleur. Musicalement, la chanson a l'étoffe d'un futur classique et porte, en plus, un message fort : le boucher fou, mascotte des premières heures du groupe, fait partie de ce nouveau voyage... Et comme un autre clin d’œil à  "Mad butcher", morceau présent sur "Sentence of death" (le premier EP paru en 1984), cette nouvelle galette propose un ré-enregistrement du très primitif "Total desaster" (rebaptisé "Total desaster 2000"), lui aussi figure légendaire de l'EP mentionné ci-dessus. Décidément, la soif de convaincre du groupe paraît sans limite, organisée tel un plan de bataille minutieux...
Autre source de conviction, l'écoute intégrale de "All hell breaks loose". Nous savons à quel point un album de thrash moyen peut être lassant et rébarbatif, mais ici il n'en est rien. Un grand merci aux titres "coups de poing immédiats" qui parsèment le track listing : "The final curtain", "Tears of blood", "The butcher strikes back" (déjà mentionné), ou encore le très rampant "X-treme measures". Pour tous ces "hymnes", souvent bâtis sur des rythmes différents, ne cherchez pas : l'assimilation est quasi instantanée. Sur d'autres chansons, il faudra décortiquer un peu plus, et accepter d'intégrer les riffs improbables mais passionnants de Mike, le guitariste : structures montantes et descendantes ("Devastation of your soul"), séquences musicales sur le fil du rasoir ("All hell breaks loose"), groove venu d'une autre galaxie ("Visual prostitution"). 
Seule la production peut faire l'objet de quelques remarques, notamment le son un peu trop saturé et gonflé des guitares, qui tendrait presque à lisser les petits détails, pourtant très importants et croustillants dans la musique de Destruction. Même schéma en ce qui concerne les lignes vocales : souvent doublées, triplées voire quadruplées, elles sont omniprésentes et peuvent parfois étouffer le propos, là où plus de discernement dans les interventions aurait certainement fait gagner encore plus de puissance.

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