dimanche 8 décembre 2019

Doom or be doomed : a french tribute to Cathedral

Une gestation longue durée (plus de 3 ans) pour un produit franchement exceptionnel. 
Doomsters convaincus, ou simples amateurs de heavy, on a presque tous dans le cœur un morceau, un album, un visuel de Cathedral... Sans compter cette piqûre d'épine mal cicatrisée qui a découlé de l'arrêt des activités du groupe...
Cathedral : le groupe qui a ouvert le doom vers d'autres horizons, beaucoup plus mortifères et torturés que ce que proposaient les classiques Black Sabbath, Saint Vitus, Candlemass...
Une influence tellement forte qu'en 2019, douze groupes français reprennent douze titres du maître, pour un hommage en forme de messe noire inespérée. 
Certes, la répartition est un peu bancale (*), mais elle vient des tripes : "Forest of equilibrium" se taille logiquement la part du lion (le disque parfait, l'inoubliable baffe), "The ethereal mirror" le suit (d'assez loin), et certains albums ne sont pas représentés du tout (il paraît que Lee Dorrian, consulté sur le projet, a légèrement tiqué en constatant qu'aucune chanson du légendaire "The carnival bizarre" n'avait été choisie). 
Mais ne crachons dans la soupe, d'autant que celle-ci est vraiment fameuse. D'ailleurs, c'est bien simple : aucune des reprises ici présentes n'est ratée !
On peut, par contre, les catégoriser, histoire d'y voir plus clair dans les méandres de ce double album.
Il y a celles que l'on qualifiera de "respectueuses de l'original" : au hasard, "Mourning of a new day" (reprise par Pillars, en configuration live dans le studio), "Ebony tears" (par Goat River), "Equilibrium" (par Presumption : pas de modification mais une interprétation impériale), "Voodoo fire" (par Northwinds, qui a bien gardé l'esprit vaudou du morceau, modifiant juste le sample de film d'horreur servant de transition centrale), "Congregation of sorcerers" (par Father Merrin, à qui cette compo bien lourde va comme un gant).
On entre ensuite dans le registre des modifications. 
Misanthrope a traduit le texte de "Soul sacrifice" en français ("Le sacrifice de l'âme") et a achevé de s'approprier la chanson, l'emmenant, pourtant sans mutation structurelle, se balader à la frontière des territoires thrash, grâce à leur son typique et très heavy. 
Autre remarquable traduction dans la langue de Molière, celle de Barabbas, pour qui "Ride" est devenu "La cathédrale de la sainte rédemption". Non contents de la faire entrer dans leur univers, ils ont aussi revu son organisation, notamment en ce qui concerne les premières mesures. Chez Dionysiaque, c'est la fin de "This body, thy tomb" qui a été retravaillée, en format beaucoup plus court et speed que l'originale (au passage, excellente idée de se replonger dans le "testament" de Cathedral, puisque tout dernier titre de son tout dernier album). Après l' accélération, place au ralentissement : Conviction reprend le haut en couleurs "Stained glass horizon" en diminuant drastiquement le BPM, et la chanson pénètre dans une autre dimension, gagnant au passage une majesté insoupçonnée.
On passe maintenant aux arrangements. Ceux de Lux Incerta, dont les claviers, parfois discrets, parfois héroïques, apportent une valeur ajoutée au toujours très doom "Serpent eve". Encore plus loin, les doomsters modernes de Monolithe propulsent "Enter the worms" dans l'espace ("Enter the worm(hole)s"), à coups de nappes synthétiques somptueuses et en lui conférant un groove et une dynamique absolument imparables.
On garde bien sûr le meilleur pour la fin... C'est le travail d'Ataraxie, qui s'est attaqué au monumental "Reaching happiness, touching pain" en remplaçant la flûte traversière originelle par un saxophone free jazz, pour un résultat respectueux et époustouflant à la fois...
Bravo !


* La liste des morceaux de la compile, classés par EP et albums d'origine :
- In Memorium EP : "Mourning of a new day", "Ebony tears"
- Forest of equilibrium : "Ebony tears", Serpent eve", "Soul sacrifice", "Equilibrium", "Reaching happiness, touching pain"
- The ethereal mirror : "Ride", "Enter the worms"
- Statik majik EP / Cosmic requiem EP
- The carnival bizarre
- Supernatural birth machine : "Stained glass horizon"
- Caravan beyond redemption : "Voodoo fire"
- Endtyme
- The VIIth coming : "Congregation of sorcerers"
- The garden of unearthly delights
- The guessing game
- The last spire : "This body, thy tomb"

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