mercredi 1 janvier 2020

Kadavar : "For the dead travel fast"

Le démarrage par "The end" : bruit du vent, un accord rachitique égrainé à rebrousse poil et à intervalles réguliers, sonnant le glas à sa manière... On se croirait à l'entame d'un album de Bathory... Une voix résonne, blanche comme une morte et noyée dans un fort halo de réverbération : elle chante quelques phrases... C'est déjà fini.
Sans transition, "The devil's master" prend l'attache de l'auditeur. Les premières mesures sont aussi emphatiques que tragiques. Puis, un riff au tempo mesuré, menaçant et tortueux, d'abord propulsé par la basse, se charge de lancer le morceau. La préparation enfle, et débouche sur un second riff, linéaire cette fois, celui-là même qui va nous véhiculer. Départ pour de bon. Décidément... Est-ce le château de Transylvanie visible sur la pochette ? On pense à certaines inflexions propres au black métal, toutes proportions gardées. Inutile de détailler le reste de la chanson, fort réussie au demeurant... Bienvenue dans l'album le plus sombre de Kadavar.
On poursuit la face A, toujours sous la même bannière très dark, mais avec des moyens d'action différents : le riff délicieusement Mercyful Fate (genre "Curse of the pharaohs") de "Evil forces", le côté pop / rock vintage de "Chlidren of the night" et "Dancing with the dead". Des vraies pièces d’orfèvrerie ces deux dernières chansons... La superbe introduction de "Chlidren of the night", son bridge et son final doom à souhait, passés la relative légèreté mélancolique des couplets et du refrain. Quant à "Dancing with the dead", la plus pop des deux, on apprécie tout particulièrement la qualité de la composition, aux lignes et aux articulations ingénieuses et progressives ; la voix qui chante parfois à l'unisson avec la guitare, le trémolo discret et l'ambiance lounge des couplets, le refrain théâtral à la conclusion imparable... Inattendue, mais ni plus ni moins l'un des meilleurs morceaux signés Kadavar !
Face B. Retour aux affaires urgentes avec "Poison" : un rappel de la structure ADN du groupe, sur fond de riffs martelés assez énergiques et de gros breaks découpés ; la chanson qui, finalement, aurait pu trouver sa place sans démériter sur n'importe lequel des quatre premiers opus des Berlinois... Mais dans le rugissement de la wah wah de "Demons in my mind", voici que se lève un véritable soleil noir. La voix semble provenir du fin fond d'un caveau, la rythmique est implacable, la sauvagerie réelle et le refrain ciselé. Le joyau le plus dark de "For the dead travel fast"... Dépourvue de section rythmique, déclamée et chantée par le bassiste Simon Bouteloup, "Saturnales" déploie, à travers la tristesse de ses arpèges éthérés, une autre facette de la sombritude, tout en cultivant le côté arty abordé sur l'album précédent. Enfin, pour compléter le panorama, "Long forgotten song" (chute de studio datant du tout premier album, d'où le titre) noie son chagrin dans une sorte de fusion doom / blues, longue et beaucoup plus originale qu'il n'y paraît à la première approche. Encore une fois, Kadavar s'est approprié le truc, avec une impression de facilité assez surprenante.
Quelques écoutes réfléchies seront nécessaires pour s'approprier pleinement cette nouvelle offrande. Elle est, comme d'habitude, très riche, autant que les possibilités d'évolution du groupe...



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