jeudi 19 mars 2020

Destruction : "Metal discharge"

Je ne sais pas si c'est le titre, avec les mots "metal" et "discharge", ou encore l'arrivée d'un nouveau batteur, mais toujours est-il que cet album paru en 2003 (le troisième depuis la reformation) paraît plus frondeur et radical que ses prédécesseurs... En découdre est le maître-mot, comme si une épice punk avait été légèrement saupoudrée sur les compositions, à tel point que les riffs de Mike sont toujours bien reconnaissables, mais paraissent un peu moins alambiqués que d'habitude (un bref chorus bien crooked dans "Fear of the moment", mais à part ça...).
Sur "Metal discharge" (l'album, mais aussi le morceau-titre, virulent et hymnesque à la fois), on se repose très peu, juste le temps de deux morceaux plus "calmes" (tout est relatif) et groovy : "Rippin' the flesh apart" et "Historical force feed". 
Le reste trace, fonce, défonce, à l'image du très méchant "The ravenous beast" d'ouverture : du speed de speed de speed... Certains ont d'ailleurs reproché à ce disque son côté trop linéaire (parce que trop "jusqu'au boutiste"), ce qui n'est pas tout à fait exact. Bien qu'agressif et rapide, un titre tel que "Fear of the moment" déploie des riffs élaborés et vraiment porteurs, tandis que "Mortal remains" et "Made to be broken" proposent des attaques plus orientées "heavy metal". Étonnamment, "Desecrators of the new age" renvoie une image assez chaotique, alors qu'il est doté de vraies lignes de chant (hurlées, bien sûr). Plus loin, on apprécie de la même façon "Savage symphony of terror" : sous le cuir et les clous, il y a un refrain (soutenu par une guitare équilibriste) et des riffs saccadés bien balancés, que l'on remarque du premier coup. Et si vous êtes toujours là, vous apprécierez sans doute l’atmosphère inquiétante de "Vendetta", un morceau "construit", comme on dit, avec une intro, un développement et une progression dans la violence (jusqu'à la déflagration finale).
Comme d'habitude, le bassiste / chanteur Schmier est sur tous les fronts, avec des vocaux qui s'entrecroisent et semblent parfois ne jamais faire de pause : cette façon de faire, déjà remarquée et évoquée lors des albums précédents, a ses avantages (le renforcement de l'effet "panzer" de cette musique) et ses inconvénients (une certaine lassitude pouvant s'installer chez l'auditeur). A chacun de se faire son opinion...
Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin que ces petites 37 minutes de matériel, Nuclear Blast avait livré l'édition originale avec un CD bonus contenant 3 reprises et 4 démos (cf. la pochette ci-dessous). Parmi les reprises, fidèles aux originaux, celle d'Iron Maiden ("Killers") est la plus intéressante car assez éloignée de l'univers habituel de Destruction : le groupe transcende bien le côté sauvage de cette composition, même si Schmier peine un peu, sur le passage central, à suivre les inflexions originales de Paul Di Anno. En ce qui concerne "USA" (reprise de The Exploited), on apprécie vraiment d'entendre nos thrashers se frotter à un vrai morceau punk (ce qui est assez raccord avec "Metal discharge"). La reprise de "Whiplash" (Metallica) est par contre un peu trop conventionnelle... Un petit point sur les démos : celle de "Nailed to the cross" est de qualité audio moyenne contrairement aux autres, mais toutes apportent leur éclairage sur la construction des morceaux, en les dévoilant dans des versions plus brutes, moins élaborées (à ce sujet, celle de "The butcher strikes back", d'ailleurs fournie à l'époque sur des samplers de magazines, me semble la plus intéressante). 

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