mardi 17 juillet 2018

Ghost : "Opus eponymous"

Il y a les disques lambda, et puis il y a les classiques. 
Si pour beaucoup d'entre nous ce premier album de Ghost se range dans la deuxième catégorie, c'est pour couronner l'obtention d'un alliage quasiment idéal, qui a fait souffler un air bien frais sur la production musicale depuis 2010.
Après deux ans d'étude et de réflexion, Tobias Forge et ses complices pensent détenir enfin la formule qui fera mouche. Ils publient le single "Elizabeth", puis cet "Opus eponymous" de 35 minutes à peine. Gage de qualité, c'est le label Rise Above qui les héberge : ils s'y connaissent en bizarreries et autres expérimentations...
Il faut préciser que le groupe est grimé (voire masqué) et les membres totalement anonymes (du moins à cette époque, et le temps des deux albums suivants, à peu près) : il y a un pape satanique ("Papa Emeritus"),doté de l'attirail complet du souverain pontife, et des "Nameless ghouls" encapuchonnés, encagoulés et vêtus de longues robes noires. Forcément, cela fait son effet, sans compter que les paroles ne sont que prières adressées à Lucifer, récits de messes noires et sacrifices humains, évocations de personnages fort douteux (Elisabeth Bathory). Détail amusant : tout cela crée une aura malsaine et séduit rapidement la communauté des métalleux avide de sensations glauques, mais les auditeurs ont tout à fait conscience d'avoir à faire à de l'entertainment puissance 10...
Autre source de séduction : la mise en son. Basse bien audible et guitares à riffs sont de la partie, sauf que l'obédience est autant à aller chercher du côté du hard rock que du métal. On pense parfois à Blue Oyster Cult (qui, comme Ghost, utilisent des claviers), mais aussi parfois à de vieux groupes psychédéliques.
Curieux cocktail décidément, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises... 
Passé l'intro instrumentale à l'orgue ("Deus culpa"), on découvre sur "Con clavi con dio" la voix étrangement douce de Papa Emeritus qui, tel un prélat calme et bienveillant, nous débite avec simplicité des horreurs... Il faut l'entendre pour le croire, mais aussi parler des lignes de chant de ce cher Papa Emeritus : eh bien, c'est ni plus ni moins de la pop musique ! Ghost, ou le mariage des Beatles et du métal des années 80...
Tout cela est fort intriguant, mais ne mènerait pas à grand chose (tout au plus à de l'anecdotique) sans un talent de composition hors normes, et ce notamment au niveau des refrains. Si "Con clavi con dio" assure (belle ligne de basse introductive), les quatre chansons suivantes ("Ritual", "Elizabeth", "Stand by him" et "Satan prayer") sont tout simplement imparables. Une fois leurs refrains écoutés, on ne s'en débarrasse pas comme ça... Bon, ensuite cela s'essouffle un peu avec "Death knell" et "Prime mover" : c'est bon, mais plus obscure et convenu que les morceaux déjà cités.  
Par contre, il faut dire un mot sur "Genesis", l'instrumental de conclusion de cette première messe noire. Un synthé genre Yamaha DX7 (le son des eighties) se charge d'une partie du boulot, et on a l'impression - dans un premier réflexe - d'écouter le générique de fin d'un film (il y a un petit côté "Blade runner"). A surtout réécouter pour mieux appréhender l'aspect héroïque et sombre de cette composition !

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